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Faut-il pendre les banquiers centraux et égorger les régulateurs financiers ?

La question formulée comme cela fait froid dans le dos, mais je vous rassure ce n’est qu’une question de style, pas un souhait évidemment. Voici pourquoi.

En réalité, cette double suggestion provient de la plume prolifique et très imagée de Simone Wapler. Nos lecteurs en France la connaissent sans doute mieux qu’en Belgique, car elle est rédactrice en chef d’une lettre d’information financière qui a son petit succès.

Simone Wapler et ses collègues de la Chronique Agora ne font pas toujours l’unanimité. Les uns leur reprochent de toujours annoncer la fin du monde boursier – et du monde tout court – via leurs publications. Une fin du monde qui, ricanent-ils, n’a toujours pas eu lieu. Et puis, il y a les autres, ceux qui sont abonnés comme moi à leurs lettres d’information et qui, sans être d’accord avec eux sur tout, sont intéressés par leurs raisonnements qui, il faut bien le dire, vont souvent à contre-courant de ce qui se dit ou se lit un peu partout. C’est une sorte de vent rafraîchissant qu’il ne faut pas négliger par les temps qui courent.

Évidemment, la marotte de Simone Wapler, c’est l’or. Que celui-ci descende ou passe par une période de désamour ne l’empêche pas de continuer à prôner l’achat du métal jaune. Pour elle, les monnaies basées sur l’or ou des choses tangibles, comme c’était le cas auparavant, sont infiniment plus fiables que les monnaies d’aujourd’hui, qu’elle juge très friables, car en quelque sorte basées sur de la dette. Et le problème de cette monnaie-dette comme elle l’appelle, c’est qu’elle est aussi facilement manipulable. Hier, c’était via une autorité religieuse ou politique et aujourd’hui via une autorité monétaire.

Faut-il pendre les banquiers centraux et égorger les régulateurs financiers ?

Et le gros problème des monnaies-papier nous dit Simone Wapler, c’est qu’elles produisent plus de dettes qu’elles ne créent de richesses. Avec des taux d’intérêt à quasi 0% aujourd’hui, les autorités politiques sont donc incitées à s’endetter encore plus. En théorie, dit-elle, la dette pourrait monter jusqu’à l’infini puisque personne ne paie d’intérêt ! Mais pour cette analyste financière, ce système ne peut pas perdurer.

Et cette fin viendra avec les fonds de retraite et les assureurs qui doivent verser des rentes. Or, dit-elle, avec des rendements nuls, c’est difficile. En Belgique, on vient de le voir encore avec Ethias. Ensuite, je la cite encore: “il va falloir que ces assureurs prennent leurs plus-values, qu’ils tapent dans leurs réserves. Et lorsqu’ils n’auront plus rien à vendre, ils seront en faillite, car un assureur, contrairement à une banque, doit avoir 100 de capital pour 100 d’engagements”, fin de citation.

Vous voyez, l’analyse n’est pas dans la nuance. Et c’est comme cela que Simone Wapler pense qu’une foule dépitée par ce système financier finira par pendre les grands prêtres, décapiter les teneurs de dettes et les banquiers centraux. Sans oublier, bien entendu, d’égorger les régulateurs. C’est évidemment une allégorie et nous sommes bien dans le virtuel, mais si j’en parle, c’est pour vous montrer que la finance inspire certains, au point d’en faire des romanciers cachés. Au fond, cela se veut prémonitoire comme du Houellebecq, sauf qu’ici, la Finance a pris la place d’une religion.

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