Emprunter devient plus cher. Faut-il s’en inquiéter?

Selon une enquête réalisée par le cabinet-conseil Roland Berger auprès de neuf banques belges, emprunter de l’argent se complique et coûte plus cher. Entretien avec John Romain, le directeur d’Immotheker, un bureau d’avis spécialisé en crédits logement : “Les banquiers s’occupent trop de règles générales, au lieu de rédiger un plan financier personnalisé pour leurs clients”.

Emprunter de l’argent coûte plus cher. La crise bancaire est-elle en train d’empirer ?

John Romain: “Non. Il n’y a jamais eu autant d’argent sur les livrets d’épargne, environ 245 milliards d’euros. Les banquiers disposent donc de suffisamment de fonds pour accorder des crédits. Il faut seulement se demander si on est prêt à ouvrir le robinet, autant pour la vie d’entreprises que la vie privée ? Ces derniers temps, les banquiers se sont en effet surtout occupés de sponsoriser les gouvernements et de compléter les tampons de capitaux afin de faire baisser les taux d’intérêt. Un taux historiquement bas, sauf pour les taux hypothécaires sur 30 ans.

En 2011, 40 pour cent des gens pouvaient encore souscrire un emprunt pour trente ans, aujourd’hui ce chiffre ne s’élève plus qu’à 16 pour cent. Cet état de choses exclut une certaine catégorie de personnes, tout juste capables de payer leurs frais. Même s’il y a suffisamment d’argent sur les livrets d’épargne, les banques doivent veiller à ne pas trop faire baisser la demande”.

22 pour cent des gens craignent de ne plus pouvoir payer leur emprunt ou location.

Romain: “C’est près d’un sur quatre! Nous ne pouvons que constater que nous avons mal fait notre boulot. Les banquiers devraient rédiger un plan financier sur mesure pour leurs clients, basé sur leur salaire, leur loyer, leur capacité d’épargne, etc. Si celui-ci existe, les gens ne doivent pas avoir peur de s’engager.

Cependant, les banques, qui s’occupent trop de règles générales, échouent sur ce point. “Les gens qui veulent construire ou acheter une maison peuvent évidemment aussi analyser leur situation préalablement. Cela commence par le budget. Ne vous focalisez pas trop sur les règles bancaires générales, mais partez de vos propres moyens. Incluez en tout cas un bon tampon financier – un salaire net d’environ trois à six mois – au cas où vous ou votre partenaire vous retrouviez au chômage. Pensez également à vos dépenses futures, si vous voulez des enfants ou si vous avez besoin d’une nouvelle voiture. Si vous prévoyez tous ces montants dans votre plan financier, vous êtes en sécurité. Bien sûr, le problème réside dans le fait que de nombreuses personnes sont mal éduquées financièrement “.

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