Mais le groupe reste dans les clous et suit le plan de route qui doit l’amener vers une extinction en douceur.
Dans la vague des résultats semestriels, il y a aussi ceux de Dexia. Ils sont un peu plus difficiles à lire, car Dexia, on le sait, n’est plus une banque opérationnelle et que sa situation est très particulière. Pour Dexia, il faut se demander si la banque ne mange pas trop de capital (son plan prévoit qu’elle en mange jusqu’en 2018 environ) et si elle parvient à préserver un ratio de solvabilité très solide. Dexia peut faire des pertes si, par ailleurs, elle réduit aussi la taille de ses portefeuilles de sorte que son ratio de capital se maintient. Il faut se demander aussi si Dexia dispose d’assez de liquidités pour financer les remboursements parfois importants (surtout au cours des deux ou trois prochaines années) de son immense portefeuille obligataire et financer aussi son portefeuille de produits dérivés.
Les chiffres tombés ce vendredi sont plutôt rassurants car ils montrent que Dexia suit, même avec un peu d’avance, le plan de route qui lui a été tracé pour s’éteindre en douceur. Le niveau des fonds propres “durs” (Common equity tier one, dans le jargon) est de 16,6% fin juin, en hausse de 0,4% par rapport à fin mars. Et Dexia a pu se constituer des réserves de liquidités de plus de 9 milliards en anticipant les gros remboursements intervenant ces 18 prochains mois.
Produit net bancaire positif Au cours du premier semestre, le groupe a accusé une perte de 329 millions d’euros, dont 210 millions sont dus à ce que Dexia appelle la volatilité comptable, c’est-à-dire l’évolution du prix des actifs que le groupe détient en portefeuille. Six mois auparavant, au dernier semestre 2013, la perte n’était que de 178 millions, mais l’impact comptable était négligeable. Un élément encourageant : depuis le début de l’année, Dexia affiche un produit net bancaire positif, autrement dit les revenus récurrents des portefeuilles sont plus élevés que les coûts de financement. Mais ces revenus ne parviennent pas encore à financer les autres charges…
Mais Dexia, ce n’est pas une nouveauté, reste toujours fragile car sensible à un certain nombre d’accidents extérieurs. L’accident le plus dangereux serait le réveil d’une crise obligataire en Europe. Heureusement, les marchés sont calmes. En revanche, Dexia a financé pas mal d’infrastructures dans le secteur des énergies renouvelables en Espagne . Son exposition sur ce secteur s’élève à 2,25 milliards d’euros. Mais l’Espagne a changé sa législation : elle a réduit le tarif du rachat du kilowattheure produit par le renouvelable, ce qui met en danger la profitabilité de certains débiteurs. Du coup, Dexia a dû augmenter ses provisions de 56 millions d’euros. Autres débiteurs qui vacillent : la ville de Detroit (Dexia reste exposée à hauteur de 175 millions de dollars) et Porto Rico (une exposition de plus de 400 millions de dollars, mais heureusement couverte par des réassureurs solides).