Comment le coronavirus a eu un impact structurel sur notre comportement d’achat

© iStock
Maxime Defays Journaliste

Beobank a comparé l’utilisation de ses cartes bancaires et de crédit avant, pendant et après le confinement. Le constat semble clair : le paiement électronique est en forte hausse, alors que les retraits d’argent aux distributeurs chutent. Les détails.

La crise du coronavirus aura durablement bousculé nos habitudes. Et la manière dont nous consommons aussi. Nos comportements d’achat ne sont pas les mêmes qu’avant la période de confinement.

La banque Beobank a justement mené une enquête sur ces comportements, en trois temps : avant le confinement (de janvier à mi-mars), pendant le confinement (de mi-mars jusque mi-mai) et ensuite après le confinement (de mi-mai au 30 juin). Les consommateurs ont-ils eu plus recours au paiement électronique ? Ont-ils diminué leurs retraits aux distributeurs ? Voici leurs principaux résultats.

32% de dépenses en plus par carte bancaire après le confinement

Pendant le confinement, les achats par Bancontact/Maestro ont diminué de 18% selon l’analyse des données de paiement des clients de la banque. Ce recul s’est toutefois effacé depuis le déconfinement. Depuis le confinement, donc en mars, les dépenses par carte bancaire ont augmenté de 32% par rapport à la même période avant le confinement.

Les volumes de retraits d’argent ont diminué de moitié pendant le confinement, jusqu’à 51%, avec ici aussi une reprise dans les semaines qui ont suivi le déconfinement. Les retraits d’argent restent néanmoins inférieurs de 10 % par rapport à avant le confinement, signe que les gens préfèrent toujours éviter l’argent liquide.

Les paiements par carte de crédit ont diminué encore plus fortement que les paiements par carte bancaire pendant le confinement avec une baisse de pas moins de 39 % par rapport à la période avant le confinement. Un recul encore d’application aujourd’hui avec toujours une diminution des dépenses par carte de crédit de quelque 11 % par rapport à avant le confinement.

Comment le coronavirus a eu un impact structurel sur notre comportement d'achat

Des secteurs très touchés

Beobank mène une analyse plus approfondie et divise les paiements par catégories (multimédias, horeca, vêtements etc) pour permettre d’identifier les principales raisons de la baisse structurelle des paiements par carte de crédit. Les dépenses pendant et après le confinement ont été comparées aux mêmes périodes un an plus tôt pour ainsi exclure les éventuels effets saisonniers. Et les constats sont plutôt édifiants.

Sans surprise, les dépenses dans les catégories voyages et horeca sont bien inférieures à leur niveau d’il y a un an. Celles-ci sont pratiquement tombées à zéro pendant le confinement, avec des baisses jusqu’à 90% par rapport à la même période de l’année précédente. Depuis le déconfinement, les dépenses par carte de crédit au restaurant accusent toujours un important recul (de plus de 60%). Pour les hôtels et les voyages, c’est encore pire : le recul s’élève respectivement, ici, à 72 et 79%.

Cyril Guilloret, Directeur Data, Digital & Growth Marketing chez Beobank : “Nous voyons clairement ici l’influence des mesures liées au coronavirus. Nous utilisons souvent notre carte de crédit pour réserver des vols et des hôtels et faire nos paiements en vacances et au restaurant. Autant de paiements que nous ne faisons plus ou préférons reporter pour le moment. La catégorie Divertissements, avec par exemple les places de cinéma ou de théâtre ou les entrées pour les parcs d’attractions, etc., est dans le même cas. L’évolution du virus sera déterminante pour le redressement de ces dépenses dans les prochains mois”.

Par contre, d’autres catégories semblent tirer fortement parti du confinement ainsi que de ses conséquences. Beobank observe une augmentation de plus de 17% des dépenses multimédias pendant le confinement et même de 27% durant la période de déconfinement. 30% d’augmentation sont aussi à constater du côté des catégories “bricolage” et “jardinage”, ce qui n’est pas une surprise en soi vu l’obligation pour les gens de rester chez eux. Une autre catégorie en forte hausse est celle des “parfums et cosmétiques”, qui affiche une progression de 29% pendant le confinement (toujours par rapport à la même période de l’année précédente) et de 27% depuis la fin de celui-ci.

© Getty Images/iStockphoto

Le boom de l’e-commerce

Beobank s’est également penchée sur les paiements en ligne par carte de crédit. Le constat là aussi est sans appel et sans surprise : le confinement a boosté l’e-commerce. Hormis les catégories voyages, hôtellerie et divertissements, les achats en ligne ont connu une croissance exponentielle dans toutes les catégories de dépenses pendant le confinement.

Il faut noter que cette tendance se confirme, voire se renforce, depuis le déconfinement. Nous continuons par exemple à dépenser plus en ligne pour les parfums & cosmétiques (+ 65 %), les vêtements (+ 47 %) et les chaussures (+ 42 %) qu’au cours de la même période un an plus tôt. À noter également que les dépenses de restaurant en ligne ont augmenté de près de 150 % pendant le confinement par rapport à la même période un an plus tôt. La hausse a par ailleurs été encore plus forte après le confinement avec une hausse de 195 % par rapport à la même période un an plus tôt.

Cyril Guilloret : “Nous voyons clairement ici l’effet des boutiques en ligne et du fait que de nombreux magasins, y compris les enseignes de bricolage, ont largement misé sur la livraison à domicile pendant et après le confinement. Les chiffres pour les restaurants reflètent eux le succès des services de livraison de repas dans notre pays. Dans la plupart des cas, la hausse des achats en ligne n’a pas été suffisante pour compenser la perte des paiements physiques, mais la pandémie du coronavirus a clairement provoqué un renforcement de l’économie digitale.”

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content