Ce que le Belge pense de sa banque

60 % des Belges n’ont pas modifié leur comportement lors de la crise financière. Ce qui n’empêche pas, de leur part, une bonne dose d’esprit critique envers leurs institutions.

La crise financière a-t-elle modifié la perception des clients vis-à-vis de leur banque ? Et à l’égard du système bancaire en général ? Comment ont-ils réagi face aux difficultés de leurs institutions financières ? Une étude du Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs (Crioc) décrypte l’état d’esprit des consommateurs des trois régions du pays, dans la foulée des derniers soubresauts du monde financier. En voici les leçons principales.

60 % des Belges n’ont pas modifié leur comportement lors de la crise financière

Près de 60 % des personnes interrogées n’ont pas modifié leur comportement lors de la crise financière : ils n’ont pris aucune mesure particulière et n’envisagent pas d’en prendre. Une personne sur cinq choisit d’attendre avant de prendre attitude.

14 % des citoyens affirment avoir pris des initiatives et 4 % disent s’apprêter à faire de même. Parmi les clients qui sont passés à l’action, on recense une majorité de quadras : près d’un consommateur de cette tranche d’âge sur quatre a donc réagi à la crise des banques en prenant des mesures.

Les jeunes sont plus attentistes : 6 % des clients de 20 à 29 ans seulement ont pris des dispositions. Les revenus les plus modestes sont eux aussi parmi les moins enclins à réagir.

Les Belges réagissent d’abord en… s’informant

L’initiative la plus répandue reste la quête de renseignements : un client sur trois s’informe et cherche à se faire conseiller. Un client sur cinq réagit en transférant plus d’argent sur son compte d’épargne. Et un autre client sur cinq privilégie la tactique de l’écureuil : il économise.

Seule une infime minorité de clients adopte des attitudes plus radicales : 5 % en changeant de banque, 5 % en répartissant leur patrimoine mobilier entre plusieurs institutions financières, 4 % en vendant des actions, 2 % en vidant leur compte d’épargne.

Une majorité de Belges voient, en leur banque, une “institution obsédée par le gain”

Pour huit clients sur dix, les banques cherchent exclusivement à réaliser des bénéfices. Cette proportion monte à neuf sur dix chez les habitants des communes rurales du sud du pays.

Ils sont aussi très largement majoritaires pour admettre qu’elles livrent des conseils de qualité, gèrent correctement l’argent des clients et établissent une relation de confiance à long terme avec eux. Mais des nuances existent entre régions et selon les clients. Notamment sur la question de savoir si les banques respectent le bien-être d’autrui. Sept personnes sur dix en sont convaincues. Mais les habitants des villes wallonnes ne sont qu’une petite majorité (55 %) à partager ce sentiment.

Les Belges désirent un contrôle accru de l’Etat sur les banques

34 % des consommateurs estiment que les banques ne sont pas suffisamment réglementées par l’Etat. Et les citadins wallons sont les plus critiques : une majorité d’entre eux jugent qu’elles ne sont pas assez contrôlées.

Sept Belges sur dix jugent leur argent en sécurité dans les banques

Si sept clients sur dix jugent leur argent en sécurité dans les banques, les Flamands se montrent plus sereins que les Bruxellois. Plus de huit Flamands sur dix dorment sur leurs deux oreilles. Les Bruxellois sont moins tranquilles : un peu plus de cinq Bruxellois sur dix seulement estiment que leur argent n’y court aucun risque.

Les familles nombreuses font largement confiance à leur banque

Près de sept clients sur dix font confiance aux banques en général et à leur banque en particulier et se félicitent de la manière dont elle gère leur patrimoine. Ce large consensus s’effrite à Bruxelles (cinq clients sur dix) et parmi les membres des réseaux sociaux (un peu moins de six sur dix). Les membres des familles nombreuses, à raison de 95 %, et les habitants des villes flamandes (85 %) sont les plus nombreux à se fier à leur banque.

Ethique, la banque belge ? Pas forcément, dans l’esprit de leurs clients

65 % des clients jugent leur banque éthique mais cette majorité s’effrite parmi les membres des familles moins nombreuses (50 %), les locataires (52 %) et les bénéficiaires de revenus élevés (56 %).

60 % estiment qu’elle fait preuve de transparence. Une majorité de Wallons sont moins convaincus : 46 % des habitants des grandes villes du sud du pays estiment que les organismes financiers pêchent par leur absence de transparence.

Des banques trop chères et des taux pas assez attrayants, pour plus de la moitié des Belges

56 % des consommateurs jugent leur organisme financier trop cher. Une majorité qui monte à 64 % parmi les utilisateurs des réseaux sociaux et grimpe à 70 % chez les consommateurs flamands. Et 74 % des clients estiment que leur banque n’offre pas de taux élevé sur leur compte d’épargne. 89 % des citadins du nord du pays sont du même avis, contre 62 % de Bruxellois.

La banque éthique, une alternative… mais pas pour tous les Belges

La moitié des consommateurs se disent prêts, “peut-être”, à devenir clients d’une banque éthique. Les Bruxellois affichent le moins de fidélité à leur organisme bancaire : face aux 22 % des clients jurant fidélité à leur banque, on ne compte guère que 13 % de jeunes de 20 à 29 ans et 6 % seulement de Bruxellois. Les citadins wallons s’avèrent les plus méfiants à l’égard d’une banque éthique : 35 % soulignent qu’ils ne changeront pas d’organisme financier pour loger leur épargne dans une banque éthique.

La raison essentielle du manque d’intérêt des consommateurs pour cette banque éthique s’explique à la fois par leur satisfaction et leur fidélité à leur banque actuelle et par leur scepticisme à l’égard des banques éthiques. Elle procède aussi d’un sentiment généralisé de méfiance à l’égard des institutions financières en général et du climat d’incertitude financier, un frein sérieux à la prise de risque, souligne le Crioc.

Trends.be

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content