Bourse : que diriez-vous d’une confiserie ?

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Tous les enfants sages vous le diront : la Saint-Nicolas, avec sa pluie de confiseries et de chocolat, c’est aussi la fête du sucre. Un secteur qui ne connaît pas la crise.

Comme chaque année à cette période, des spéculoos aux hosties, toute la cour des confiseries envahit les rayons des magasins, faisant le bonheur des enfants sages. Le roi de cette cour demeure incontestablement le chocolat, dont le succès ne se dément pas. Pour la première fois cette année, le marché des confiseries chocolatées va dépasser les 100 milliards USD.

Les perspectives d’avenir demeurent de plus excellentes pour les confiseurs, qui offrent un peu de réconfort quand l’économie va mal et participent à la fête quand elle tourne à plein régime. Bon an mal an, le marché mondial de la confiserie croît ainsi de 4 à 6 % tous les 12 mois, une croissance dopée par les pays émergents. Ce marché, qui totalise près de 200 milliards USD, se divise en trois segments : les confiseries chocolatées (55 % du marché, segment à la croissance la plus rapide), les confiseries à base de sucre (30 % du marché en valeur mais 50 % en volume) et les chiques (chewing-gum,… – 15 % du marché).

Matières premières

La seule ombre au tableau concerne le prix des matières premières. Aujourd’hui, les spécialistes du chocolat profitent certes d’une rechute de plus de 30 % du prix du cacao grâce à la reprise des exportations de la Côte d’Ivoire, en proie à une guerre civile en début d’année. Cependant, la tendance de long terme est indéniable, comme le montre le graphique ci-contre. Blé, sucre, cacao, lait, oeufs et huiles suivent un mouvement ascendant, ce qui renchérit inévitablement les coûts des fabricants de sucreries. Sur un an, le secteur alimentaire a ainsi vu ses coûts de matières premières progresser de 8 % en moyenne, à la suite notamment de l’envolée de 36 % du prix des oeufs et de 33 % de celui des huiles de cuisson.

Les pays émergents ne sont évidemment pas étrangers à cette évolution. La demande en denrées agricoles y progresse en effet dans le sillage de l’accroissement de la population et du développement de la classe moyenne (qui consomme plus). Par ailleurs, l’intensification de l’agriculture dans les pays émergents engendre à son tour une hausse des coûts, notamment des engrais. Un marché caractérisé par une offre limitée (par la surface arable disponible), une demande croissante et des coûts en hausse ne peuvent évidemment déboucher que sur une augmentation des prix.

Dans ce contexte, le pricing power devient déterminant dans le secteur de la confiserie. Une hausse de prix est évidemment moins compliquée à intégrer pour une grande marque que pour un produit premier prix.

Tendances de fond

Cette capacité à fixer des prix plus élevés est également renforcée par les caractéristiques propres du produit. Les segments porteurs de la confiserie sont les alicaments, le bio et le luxe (“premiumisation” du marché). Comme dans de nombreux autres secteurs, les consommateurs sont en effet prêts à payer plus pour un produit de qualité supérieure ou meilleur pour leur santé.

Cela suppose évidemment des dépenses en recherche et développement, mais le jeu en vaut certainement la chandelle et les géants de la confiserie se sont engouffrés dans ces brèches. Dans le domaine des alicaments, on ne compte plus les confiseries de régime mais aussi les chocolats enrichis en antioxydants, les sucettes qui aident à arrêter de fumer ou les chiques destinées aux sportifs.

La “premiumisation” du marché de la confiserie concerne tout particulièrement le chocolat, avec la course au plus haut taux de cacao et aux grands crus, ainsi que le boum des chocolats fourrés aux goûts les plus variés comme la crème brûlée.

Le développement du bio se constate également au niveau du comportement des géants du secteur. Cadbury Schweppes (depuis, repris par Kraft) a ainsi racheté la marque bio Green&Blacks, tandis que Hershey a jeté son dévolu sur Dagoba.

La capacité d’innovation et le positionnement des marques représentent donc des éléments à garder à l’oeil à l’occasion d’investissements dans le secteur, pourtant ancestral, de la confiserie.

Pays émergents

Le troisième et dernier critère important à nos yeux est l’exposition (potentielle) aux pays émergents, où pas moins d’un milliard de consommateurs vont découvrir les produits de marque en une décennie. Les confiseries font et feront inévitablement partie des cibles privilégiées de cette nouvelle classe moyenne copiant le mode de vie occidental. La croissance des ventes dans les pays émergents dépasse ainsi les 5 % par an, largement mieux que les 2-3 % qui prévalent en Europe et en Amérique du Nord.

Consolidation

Par ailleurs, le secteur de la confiserie a connu de profondes mutations ces dernières années, avec tout d’abord un mouvement de consolidation qui a vu l’émergence de géants mondiaux comme Kraft, Mars ou Nestlé. De plus, de nombreux groupes ont parallèlement entrepris de séparer leurs activités confiserie, à l’image notamment de Kraft, qui a décidé d’externaliser sa division épicerie aux États-Unis afin de se concentrer sur les snacks et la confiserie.

Cette spécialisation prouve qu’il s’agit d’un secteur porteur, les sociétés souhaitant valoriser au maximum leurs activités prometteuses. Nous ne vous recommandons toutefois pas d’investir aveuglément dans la confiserie, où le meilleur côtoie souvent le pire, comme dans les rayons des supermarchés. Nous revenons donc sur quelques grands noms du secteur.

Cédric Boitte, MoneyTalk

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