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Bitcoin: comment le poisson voit l’appât et pas l’hameçon

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Je regardais ce matin sur Linkedin, un commentaire d’un ambassadeur qui rappelait que la plus grande compagnie d’hébergement du monde s’appelle Airbnb et ne possède aucun hôtel.

Le même commentaire rappelait que le plus grand marché du monde, c’est Alibaba, l’application chinoise qui ne possède en propre aucune marchandise. De même, Uber, la plus grande compagnie de taxi au monde ne possède aucun taxi. Cet ambassadeur terminait sa litanie avec la monnaie la plus chère au monde : le bitcoin, qui comme vous le savez n’est émis ou garanti par aucune banque.

Au fond, c’est ça la magie de notre économie, voir et vivre des choses impensables, il y a dix ou 15 ans encore. Dans le cas du Bitcoin, il vient même d’atteindre un record historique en franchissant la barre des 50.000 dollars. C’est d’ailleurs l’un des très nombreux signes d’exubérance de marchés financiers. Exubérance est le mot politiquement correct pour dire folie de la Bourse. Que ce soit les valeurs cannabis, les crypto-monnaies ou le marché des actions, tout est à la hausse en ce moment en Bourse. Pour vous donner une idée, les actions mondiales ont grimpé pendant 12 séances d’affiliée, ce qui n’était plus arrivé depuis 17 ans. Tout cela parce que la Bourse est dans l’anticipation permanente et qu’elle a décidé que nous allions sortir bientôt de cette crise grâce aux vaccins et aussi parce que la personne qui cherche du rendement n’a pas d’autre choix que d’aller en Bourse pour en trouver. Tous les autres placements liquides n’offrent que des taux proches de 0% et donc, à nouveau, la Bourse joue la carte du “il n’y a pas le choix, c’est la Bourse ou perdre de l’argent avec des taux négatifs”.

Le Bitcoin avec son seuil franchi de 50.000 dollars attire beaucoup de monde, je n’ose pas dire investisseurs, car la plupart du temps, ces acheteurs de Bitcoin ne connaissent pas grand-chose aux crypto-monnaies et sont juste hypnotisés par la courbe qui ne fait que monter Le Bitcoin, c’est un peu le serpent Kaa des marchés financiers. Mais le fait qu’Elon Musk, l’homme le plus riche du monde et patron de l’entreprise Tesla, investisse 1,5 milliard de dollars dans le Bitcoin donne du grain à moudre aux fans des crypto-monnaies. Oui, c’est vrai, mais est-ce un investissement ou une spéculation comme adore le faire Elon Musk ?

Une chose est certaine, en investissant dans du Bitcoin, le patron des voitures électriques Tesla devient de facto un immense pollueur et émetteur de gaz à effet de serre. Comme le disait un spécialiste de la question, sur le plan environnemental, le Bitcoin et ses petits frères, c’est le pire investissement possible (NDLR une grande puissance d’énergie électrique est nécessaire pour “miner” ces bitcoins). C’est pire qu’acheter les actions d’une société pétrolière.

Reste encore à savoir si cet argument sera plus fort que l’appât du gain ? Je pense que non, car comme le dit le proverbe chinois, “le poisson voit l’appât et non l’hameçon”.

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