Bienvenue à Aion, le Netflix de la banque

Lancement d'Aion par Wojciech Sass, le CEO de la banque. © PG

Consommer des services bancaires comme on consomme des séries télé : c’est ce que propose Aion, première banque belge 100 % digitale fonctionnant uniquement sur abonnement.

Et une banque digitale de plus ! Après une présence de plus de 70 ans en Belgique, la filiale belge de la banque italienne Monte Paschi di Siena, plus vieille ban-que au monde, tire sa révérence pour changer de nom. La banque, reprise l’an dernier par le fonds d’investissement Warburg Pincus (dirigé par Timothy Geithner, ex-directeur du Trésor sous l’ère Obama), s’appelle désormais Aion et propose depuis quelques jours des services de banque en ligne qui fonctionnent uniquement sur abonnement.

Tout compris

Le principe est simple. A l’image des abonnés de Netflix qui peuvent regarder des séries et des films à volonté pour un tarif mensuel assez raisonnable, les clients d’Aion paient un montant fixe par mois. Aucun surplus n’est facturé, quelles que soient les opérations effectuées. Et il n’y a aucun engagement à l’année. ” Au lieu de chercher à toujours vendre plus et maximiser le profit par client, Aion facture un abonnement fixe qui couvre le travail que nous effectuons pour nos membres, avance Wojciech Sass, le CEO de la banque. On ne les voit pas mais les frais bancaires sont partout. Transférer de l’argent, en retirer, l’investir, le changer en devises, en emprunter et même l’épargner ne devrait rien vous coûter. Chez Aion, nous n’allons pas vous vendre un produit avec une rétrocession derrière. Vous payez votre souscription et c’est tout. ”

On ne les voit pas mais les frais bancaires sont partout. ” Wojciech Sass, CEO d’Aion

Jouant la carte du ” tout compris “, la banque propose deux formules d’abonnement fixe mensuel. La première, l’abonnement Light, offre les services de base de la banque en ligne (compte à vue, cartes de débit et de crédit, retraits aux distributeurs) et coûte 1,9 euro par mois. L’abonnement Regular, à 19 euros par mois, propose quant à lui une sorte de banquier personnel en ligne baptisé MoneyMax, qui ” maximise les gains du client et minimise ses coûts “, promet Vic Walia, chief marketing officer d’Aion.

Services non bancaires

Contrairement aux néobanques qui concentrent leur offre sur une gamme limitée de produits tout en jouant la carte des tarifs comprimés au maximum, Aion mise avec sa formule premium MoneyMax sur une grande variété de fonctionnalités disponibles.

S’appuyant sur les possibilités offertes par la nouvelle directive sur les paiements (PSD2, qui oblige les banques à donner à des tiers autorisés l’accès aux comptes de leurs clients accessibles en ligne), l’appli permet, en plus des services bancaires de base (compte à vue, cartes de débit et de crédit), de comparer les offres des autres banques afin de trouver le meilleur taux du marché pour votre épargne ou un crédit. ” Grâce à une technologie de pointe basée sur l’intelligence artificielle, nous vous montrerons les meilleures offres du marché “, assure Wojciech Sass. Afin de dépenser moins, l’outil permet également de comparer votre facture d’énergie par rapport à d’autres fournisseurs, Aion s’engageant même à effectuer toutes les démarches pour changer de fournisseur d’énergie ou d’opérateur télécom. Le concept devrait être prochainement étendu aux voyages avec un comparatif des billets d’avions, des hôtels, etc.

Enfin, MoneyMax donne accès à un service de gestion d’actifs ETF ( fonds indiciels cotés en Bourse, Ndlr) à partir de 100 euros seulement ainsi qu’à un service de conciergerie, sorte d’assistant personnel en ligne, qui se charge pour le client qui le souhaite de lui trouver ce qu’il désire : un bar, un restaurant, des places de concert, etc.

Une foule de concurrents

Coté opérationnel, Aion dispose d’une licence bancaire en Belgique et emploie une bonne centaine de collaborateurs pour ses activités bancaires ainsi qu’une équipe IT de 200 personnes essentiellement basée en Pologne.

Pour se faire connaître et convaincre les consommateurs de lui faire confiance, l’enseigne prévoit d’ouvrir un flagship store sur l’avenue de la Toison d’Or, en plein coeur de Bruxelles. ” Notre objectif est d’offrir le meilleur des deux mondes, explique Vic Walia, c’est-à-dire à la fois l’agilité d’une start-up technologique et les standards de sécurité d’une banque établie. ”

Certes, Aion se lance aussi au moment où les banques traditionnelles augmentent leurs tarifs et font payer certains services qui jusqu’ici étaient gratuits pour compenser la perte de revenus liée aux taux d’intérêt très bas. Mais le marché de la banque digitale est chez nous déjà bien encombré. Les offres mobiles des banques traditionnelles figurent parmi les meilleures en Europe. Quant aux fameuses néobanques, les Revolut et compagnie, elles se sont pour la plupart déjà lancées à la conquête des Belges. Et pas un peu ! En quelques années, ces banques 100 % digitales qui veulent concurrencer les banques traditionnelles ont poussé comme des champignons, enchaînant au passage les levées de fonds se chiffrant en centaines de millions d’euros. A ceci près que ces challengers qui lèvent des sommes folles doivent encore faire leurs preuves sur le terrain de la rentabilité. Un défi auquel Aion n’échappera pas.

Ces néobanques qui sont hypes

Revolut
Revolut

Fondée en 2015 par deux anciens banquiers, Nikolay Storonsky et Vlad Yatsenko, la néobanque britannique Revolut s’est spécialisée dans les paiements transfrontaliers et transferts d’argent. Jouant la carte des frais réduits, elle vient de franchir le cap des 10 millions de clients (100.000 en Belgique) et de lever 500 millions de dollars. Une opération qui la valorise à plus de 5 milliards de dollars et qui la place dans le top 10 des fintechs dans le monde.

N26
N26

Avec Revolut, N26 est l’autre néobanque européenne qui monte. Cinq ans seulement après le lancement de son premier compte bancaire 100 % mobile, la start-up fondée à Berlin, qui a décidé de quitter Londres et s’est installée à Bruxelles pour cause de Brexit, revendique plus de 5 millions de clients, dont 100.000 en Belgique. Présente dans une trentaine de pays, elle emploie 1.500 personnes pour un volume de transactions de plus de 2,5 milliards d’euros par mois.

Bunq
Bunq

Banque mobile d’origine néerlandaise, fondée en 2005 à Amsterdam, Bunq a pour particularité de proposer une large gamme de services bancaires et de se concentrer sur des offres payantes (cartes de paiement, cartes de crédit, comptes d’épargne, retraits et transferts d’argent, etc.). Certaines de ses fonctionnalités s’adressent aux indépendants : calcul TVA, paiement de factures.

TransferWise
TransferWise

Créée en 2011 à Londres par deux jeunes Estoniens, Kristo Käärmann et Taavet Hinrikus, Transfer- Wise propose une solution digitale de transfert d’argent vers les pays hors zone euro au meilleur prix. Elle totalise 6 millions de clients pour 5 milliards d’euros de transactions par mois.

Klarna
Klarna

Créée en 2005 à Stockholm, la fintech suédoise Klarna s’est spécialisée dans le paiement en ligne différé. Travaillant avec plus de 200.000 magasins en ligne, son service ” Achetez maintenant, payez plus tard ” serait plébiscité par 85 millions de consommateurs. Sa dernière levée de fonds de plus de 400 millions de dollars la valorise, comme Revolut, à plus de 5 milliards de dollars.

Monese
Monese

Totalisant 2 millions de clients, Monese s’adresse notamment aux personnes en situation de mobilité internationale, tels que les expatriés. Elle permet de gérer des comptes professionnels et personnels dans plusieurs devises différentes.

Monzo
Monzo

Valorisée 2,5 milliards de dollars, Monzo est la principale concurrente de Revolut, avec N26 et Monese. Basée au Royaume-Uni, elle totalise aux alentours de 2 millions de clients.

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