Avec ses nouvelles mesures, la BCE sort ‘la grosse Bertha’
Ce n’est plus un bazooka. C’est un obusier gros calibre que la BCE a sorti de son arsenal ce jeudi midi.
Les gouverneurs de la Banque centrale de la zone euro ont pris deux décisions attendues. La BCE a encore abaissé un peu plus le taux négatif qu’elle impose à l’argent que les banques déposent chez elle. Ce taux de dépôts passe de -0,30% à -0,40%. Certes, comme on s’y attendait également, la BCE a élargi son programme de quantitative easing (QE). Elle va désormais acheter non plus 60, mais 80 milliards d’euros par mois d’obligations. Et les titres éligibles ne sont plus seulement les titres émis par les pouvoirs publics ou les banques, mais la BCE pourra aussi acheter désormais des obligations d’entreprises, du moment que ces titres soient de bonne qualité (les émetteurs de ces obligations ne doivent pas présenter une notation financière qui les classerait dans les émetteurs d’obligations pourries).
La surprise vient d’une troisième décision : la BCE va, à partir de juin, lancer quatre opérations de prêts aux banques à des conditions extrêmement favorables puisque les banques pourront bénéficier d’un taux qui “peut être aussi bas que des facilités de dépôts de la BCE”, c’est-à-dire un taux négatif de 0,40%. Voilà qui pourrait aider les banquiers à maintenir leurs marges : on sait qu’ils ont des difficultés à faire passer les taux négatifs chez les déposants alors que les taux des prêts que les banques octroient et surtout le rendement des obligations d’Etat sont de plus en plus bas, voire négatifs.
Cette décision est sans doute l’illustration de ce que Mario Draghi avait dit en juillet 2012 quand il avait affirmé que la BCE ferait tout ce qu’il faut (pour sauver la zone euro, NDLR), commente un gestionnaire de fonds. La BCE franchit en effet un pas de plus en acceptant désormais de financer les banques à taux négatifs.
Les bourses ont positivement réagi (le BEL 20 gagne environ 2,3%) et l’euro cède du terrain face au dollar, ce qui est bon pour les exportateurs européens. Reste à voir si ces décisions seront suffisantes pour faire redémarrer, enfin, l’économie réelle.
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