Avec Beats, Belfius enterre le compte en banque
Le groupe de banque et d’assurance lève un coin du voile sur sa nouvelle offre intégrant des services télécoms de Proximus. Décodage d’une première en Belgique.
Prendre un abonnement télécom chez son banquier: c’est désormais possible chez Belfius. Depuis quelques jours, les clients de certaines agences de la banque ont en effet accès à une nouvelle offre baptisée Beats. Rien à voir avec les écouteurs du célèbre rappeur américain rachetés par Apple. Non, on parle ici d’un nouveau service qui combine compte en banque et abonnement télécom. Une première sur le marché belge née du partenariat inédit entre Belfius et Proximus annoncé voici neuf mois.
Trois packs possibles
Plus concrètement, l’offre se détaille de la manière suivante. Les clients ont la possibilité de combiner trois nouveaux types de comptes en banque différents avec trois offres télécoms différentes. D’un côté, ils peuvent choisir entre le compte “Free” (un compte digital gratuit pour les besoins de base), le compte “New” (un compte comprenant un nombre de services supplémentaires, dont une carte de crédit) et le compte “More” (un compte avec une large gamme de services). Pour ce qui est du volet télécom, ils ont le choix entre trois offres, allant du simple abonnement GSM au pack complet, comprenant également un abonnement TV, internet et téléphone fixe. Plusieurs formules sont donc possibles.
L’objectif de la banque est aussi d’accélérer la digitalisation de ses clients.
Bien sûr, “c’est le client qui choisit, précise Olivier Onclin, responsable des activités private, business et retail. Il peut prendre le pack bancaire ou le pack telco, de manière séparée ou combiner les deux. Le modèle de souscription est comparable à celui de Spotify, Netflix ou Hello Fresh. On part d’un pack d’entrée qui est gratuit mais limité en termes de fonctionnalités et puis, on monte en puissance. L’idée est de proposer à chaque client une offre personnalisée. S’il consomme beaucoup de données mobiles ou pas, s’il a l’habitude d’utiliser les moyens de paiements digitaux ou pas, etc.”
Viva for Life, etc.
Depuis l’annonce de cette alliance stratégique entre l’opérateur télécom et la banque publique, beaucoup se demandaient en effet si Belfius allait se mettre à vendre des téléphones. Aujourd’hui, ils ont donc la réponse: c’est non! Pas question pour la banque de remplacer les boutiques de l’opérateur. “L’idée avec Beats n’est absolument pas de vendre des téléphones dans les agences mais de redéfinir la manière dont le client entre en relation avec Belfius, poursuit Olivier Onclin. Simplement exprimer cette relation avec un compte en banque n’est plus d’une grande pertinence dans un monde où le digital est omniprésent. Nous vivons aujourd’hui dans le monde de l’instantanéité. Le client doit pouvoir ressortir de l’agence avec sa carte Sim. Le processus d’ onboarding a été simplifié au maximum. Après, c’est Proximus qui gère. Nous n’allons pas faire du service après-vente telco.”
Autre particularité de l’offre: Belfius s’engage à soutenir une oeuvre à chaque ouverture de compte. Beats est en effet assortie d’un volet sociétal permettant aux clients de choisir les domaines dans lesquels Belfius contribuera à soutenir une bonne oeuvre. “Cet aspect sociétal de l’offre est au moins aussi important que sa dimension digitale”, souligne Olivier Onclin. Chaque client a ainsi le choix entre trois domaines d’action: “Beats for Health”, “Beats for Planet” et “Beats for People”, qui soutiennent respectivement le Fonds Anticancer, Airscan, ainsi que le Viva for Life de la RTBF ou les Rode Neuzen de VTM.
Au-delà de la banque
Jouant sur les codes des géants de la tech (abonnement, personnalisation, etc.), l’initiative cadre aussi avec la stratégie du groupe visant à proposer des services allant au-delà de ses métiers de banquier et d’assureur (le beyond banking, comme on dit dans le jargon). Et cela, un peu comme il le fait déjà dans le domaine de la mobilité avec la vente de tickets De Lijn ou dans celui de l’immobilier via un partenariat avec ImmoVlan. “Ici, il s’agit d’offrir un équipement digital de qualité, explique Olivier Onclin. Cela colle à notre image de bancassureur à la pointe en matière de digital. Au-delà de cela, il ne faut pas nous attendre dans beaucoup d’autres domaines. On ne sait pas tout bien faire. Il faut donc se focaliser sur des marchés sur lesquels nous pouvons vraiment rester crédibles et amener une valeur-ajoutée.” Valeur ajoutée qui se traduit ici par des “tarifs avantageux” pour le consommateur, assure Olivier Onclin, sans toutefois préciser le prix des offres, se bornant à indiquer qu’il sera “intéressant de les combiner” et que “le client devrait y gagner.” Certains avantages exclusifs seront en effet liés à l’utilisation du mobile. Exemple: celui qui utilise peu de cash et davantage les paiements digitaux pourra consommer plus de data avec son smartphone. Objectif? “Encourager le bon comportement bancaire”, dit Olivier Onclin. Intérêt pour la banque? Fidéliser et accélérer la digitalisation des clients qui pour (seulement) 60% sont actifs via ses canaux numériques.
En attendant Banx
Aujourd’hui, uniquement disponible dans certaines agences (phase test), la nouvelle offre sera ensuite progressivement déployée dans tout le réseau et fin septembre également sur l’ensemble des canaux digitaux de la banque (application mobile et site web). “Mais nous devons d’abord bien capter le feed-back des clients, confie Olivier Onclin. Pour le moment, le retour est plutôt bon. Un client sur trois souscrit à l’offre.” Le lancement officiel est d’ailleurs prévu pour fin septembre, au même moment que celui de Banx, la banque 100% digitale et mobile que Belfius développe pour Proximus. Le leader du marché belge des télécoms (plus de 2 millions de clients à l’internet fixe, près de 1,7 million de clients TV et 4,3 millions d’abonnés mobiles) espère ainsi grapiller des parts de marché à ses concurrents. Au même titre que Belfius espère via ce canal acquérir de nouveaux clients, y compris peut-être même en dehors de nos frontières. Car à l’heure où la faiblesse des taux d’intérêt continue de peser sur les marges du secteur et où les banques continuent d’affronter les vents contraires de la crise du Covid, “oui, Banx et Beats constituent une initiative de diversification de revenus”, conclut Olivier Onclin.
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