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“Aujourd’hui, travailler dans une banque, ce n’est plus être sur un bateau de croisière, c’est du rafting!”

Avant, travailler dans une banque, c’était comme être sur un bateau de croisière. Aujourd’hui, comme l’avoue un patron d’une grande banque belge, c’est plutôt du rafting. C’est ce qui explique en partie l’annonce de la suppression de 2500 jobs chez BNP Paribas Fortis sur 3 ans. Le monde de la banque de papa n’existe plus. Amid Faljaoui nous en dit plus sur cette transformation.

L’annonce de la possible suppression de 2500 emplois chez BNP Paribas Fortis n’a pas vraiment surpris les experts du secteur. On s’y attendait. Mais fort heureusement, l’annonce n’a pas provoqué trop de remous, car ces départs seront pour la plupart des départs naturels, autrement dit des personnes qui partent à la retraite et qui ne seront pas remplacées. C’est la volonté du CEO de cette banque de jouer un maximum sur la pyramide des âges et d’éviter des drames sociaux. Et comme effectivement l’âge moyen dans le secteur bancaire est assez élevé, BNP Paribas joue à fond cette carte des départs naturels non remplacés.

Pour le reste, faut-il s’étonner de cette décision ? Réponse : non, car le secteur bancaire souffre aujourd’hui de plusieurs facteurs : les taux d’intérêt restent bas en Europe et cela ne fait pas l’affaire des banques car leurs marges d’intermédiation sont rabotées, le régulateur est aussi plus exigeant et impose énormément de normes de contrôles qui ont un coût, et puis, il y a le digital qui nécessite des investissements colossaux et tout cela a un prix.

Ce prix, c’est le capital humain qui sert de variable d’ajustement, comme disent les économistes.

Si certains services bancaires qui étaient encore gratuits hier sont devenus payants, c’est parce que les banques raclent tous les fonds de tiroir et veulent compenser les investissements réalisés dans le digital.

Il y a aussi les effets de la crise de 2007. Un seul exemple, entre 2007 et aujourd’hui, la taille du bilan de BNP Paribas Fortis a diminué par 3. C’est le cas de la plupart des banques belges qui, à l’exception de Belfius et de KBC, sont des filiales de groupes étrangers. Ça veut dire quoi ?

Tout simplement, que certains départements bancaires sont transférés à Paris ou Amsterdam et donc ces emplois n’existent plus en Belgique. Question : est-ce que cette baisse de la voilure dans le secteur bancaire va continuer ou pas ? Réponse là encore : oui.

D’ailleurs, les patrons de banque ne s’en cachent pas. L’actuel patron d’ING a même déclaré il y a quelques semaines chez mes confrères du journal l’Echo, que lorsqu’il avait démarré sa carrière dans la banque, l’environnement était assez stable, prévisible, on était dans un bateau de croisière. Aujourd’hui, c’est fini, tout l’équipage est mouillé, l’eau est froide, c’est du rafting. Et si l’employé de banque n’aime pas le rafting, il risque hélas d’être secoué, et c’est la raison aussi pour laquelle les banques sont à la recherche d’autres profils.

Le patron de la KBC, en dévoilant ces derniers résultats, ne dit pas autre chose. Il avoue que toutes les prévisions qu’il vient de faire, il pourra les jeter à la poubelle si le Brexit se passe mal ou si la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine ne s’arrête pas.

Et donc, si certains services qui hier encore étaient gratuits sont devenus payants, c’est parce que les banques raclent tous les fonds de tiroir et veulent compenser les investissements réalisés dans le digital. Le rafting ne fait que commencer.

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