Les Bourses sont euphoriques en cette fin d’année, et ce même en France alors que le pays est en grève… Voici les raisons de cette euphorie parfois paradoxale.
C’est la fin de l’année et la Bourse est littéralement euphorique ; les records s’enchainent un peu partout. En Belgique, par exemple, l’indice Bel 20, indice phare de la Bourse de Bruxelles, frôle les 4.000 points et il n’a connu cette année que deux mois dans le rouge sur 12. Et pour l’anecdote, cela n’est arrivé qu’à 3 reprises dans l’histoire de cet indice boursier !
Mais il y mieux encore, prenez le CAC 40, l’indice de la Bourse de Paris, lui aussi se porte comme un charme et a déjà atteint les 6.000 points, un niveau qu’il n’avait plus atteint depuis 2007 ! Si je vous en parle parce que cela montre bien que la Bourse est déconnectée de la vie réelle, de l’économie réelle, sinon comment pouvez-vous expliquer que la Bourse de Paris inscrit un record alors que la France est bloquée par des grèves immenses? D’ailleurs, sauf accident au cours des prochains jours, l’année 2019 sera considérée, par les investisseurs, comme la meilleure année depuis 1999 ! C’est dingue, direz-vous, mais c’est dû à quel facteur ?
A court terme, la Bourse est soulagée par la victoire de Boris Johnson en Grande-Bretagne, car l’incertitude autour du Brexit a été levée, or, la Bourse déteste l’incertitude. A court terme, il y a aussi la trêve commerciale signée entre les Etats-Unis et la Chine, ce n’est qu’une trêve dans cette guerre commerciale qui dure depuis 3 ans maintenant, mais elle permet d’éviter une escalade. Et ça, ça plait beaucoup aux investisseurs.
Mais la vraie raison de la bonne performance des Bourses, elle est ailleurs, elle est dans la faiblesse des taux d’intérêt ; ceux-ci sont très bas aux Etats-Unis et souvent négatifs en Europe… Cela veut dire que les obligations les plus sûres n’offrent plus de rendement mais un rendement négatif, les comptes d’épargne offrent en réalité du 0%, l’immobilier n’est pas accessible à tout le monde et il risque d’être taxé, l’or c’est bien mais il ne peut constituer qu’une partie de vos investissements… Donc, si on veut du rendement, qu’on le veuille ou pas, il n’y a plus que la Bourse.
C’est donc cette absence d’alternative qui sert de carburant à la hausse de la Bourse. Même quand les profits des entreprises ralentissent, comme c’est le cas aujourd’hui, les investisseurs se rassurent en se disant que de toute façon, il n’y a pas d’autre alternative. Les plus grands gagnants sont d’ailleurs ceux et celles qui n’ont pas paniqué durant l’hiver 2018 ; à l’époque, les Bourses avaient dégusté, et beaucoup de particuliers ont préféré quitter la Bourse. Avec le recul, on sait qu’ils ont eu tort, car la Bourse a rebondi et a largement effacé les pertes de l’hiver 2018.
Jean-Louis Servan Schreiber a raison de dire que nous agissons souvent sans recul… Pour un canon, c’est un progrès, mais pas pour un cerveau !