Une étude de la Banque Nationale de Belgique démontre qu’il n’y aucune raison de maintenir l’exonération fiscale des livrets d’épargne, mais les partis politiques s’y opposent tous en prétextant qu’ils défendent ainsi le petit épargnant… Mais au fond, est-ce vrai ? Et puis, c’est quoi un petit épargnant ?
La question mérite d’être posée aux hommes et femmes politiques de ce pays ! Quand on les écoute, ils disent tous être en faveur de la défense du petit épargnant, notamment lorsqu’on parle des livrets d’épargne.
Comme vous le savez, les intérêts sur les livrets d’épargne sont exonérés de précompte mobilier jusqu’à hauteur de 1.880 euros d’intérêt par contribuable ! Donc, en pratique, personne n’est taxé sur les intérêts de son livret d’épargne, d’autant que si la barre des 1.880 euros devait être franchie, la plupart des Belges se contentent d’ouvrir un deuxième ou un troisième compte pour éviter cette taxation. C’est bien entendu illégal mais personne ne s’en offusque.
Oui, sauf que depuis quelques semaines, chacun sait que la justice européenne a condamné ce système en vigueur dans notre pays… En réalité, la justice européenne estime que les Belges qui ont, par exemple, des comptes d’épargne à l’étranger sont discriminés puisqu’ils ne peuvent pas bénéficier de l’exonération des 1.880 euros d’intérêt par an et par contribuable ! Notre pays a donc été prié de mettre fin à cette discrimination.
L’une des possibilités serait de supprimer cette exonération tout simplement. Mais là, officiellement, tous les partis, y compris à gauche, disent que ce n’est pas possible, qu’on porterait atteinte aux petits épargnants… J’en reviens à la question de départ, c’est quoi un petit épargnant ?
Si on veut être honnête, il faut bien avouer que c’est le système actuel qui est défavorable au petit épargnant. Pourquoi ? Parce qu’en fermant les yeux sur ceux qui ouvrent plusieurs comptes afin d’éviter la barrière des 1.880 euros d’intérêt, l’Etat favorise en réalité les moyens, voire les plus gros épargnants. Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, je n’ai rien contre les plus gros épargnants, que du contraire, mais j’épingle juste la contradiction des politiques quand ils disent qu’ils défendent la veuve et l’orphelin, autrement dit, le tout petit épargnant.
La réalité est plus brutale, à un an des élections, aucun homme politique n’a envie de se faire harakiri en taxant les comptes d’épargne, même si cette taxation est aujourd’hui symbolique. En effet, la taxation se ferait sur le taux d’intérêt du livret d’épargne, mais les taux d’intérêt sont extrêmement faibles, et donc, cette taxation serait bien souvent relativement faible… Mais le livret d’épargne, c’est un symbole populaire, et les hommes politiques ont peur de toucher aux symboles ! Je comprends aussi leur démarche, faire des commentaires à la radio est une chose, être réélu en est une autre.