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Angela Merkel, première dirigeante européenne à survivre à la crise

Ce n’est pas vraiment une surprise, Angela Merkel a finalement remporté les élections, même la Bourse locale avait parié depuis plusieurs semaines sur sa réélection. C’est donc un véritable triomphe pour sa politique économique et sociale car c’est la première grande dirigeante européenne à… survivre à la crise.

En effet, aucun des homologues d’Angela Merkel, que ce soit en Espagne, en France, en Italie, ou au Royaume-Uni, n’a pu se faire réélire depuis le début de la crise. Ne serait-ce que parce que l’opinion publique voulait trouver un bouc émissaire à la crise et le faire expier. Merkel a donc réussi un véritable exploit. Pourtant, cet exploit, elle le doit – et c’est là l’ironie de cette élection – en partie à un homme qui la déteste cordialement, à savoir l’ancien chancelier démocrate-social Gerhard Schroder qui, avec son plan “agenda 2010” avait fait, disons-le, le sale boulot à sa place. Ce qui confirme une fois de plus que les propos de bistrot, genre “je voterai bien pour un politique, mais à la condition qu’il dise la vérité” est vraiment un propos de pilier de bistrot. Car là encore, l’électeur n’a pas voté pour Gerhard Schroder mais l’a renvoyé dans l’opposition. Pourtant, c’est lui, qui en 2003, avec l’aide de l’ancien responsable des ressources humaines de Volkswagen, a imposé plusieurs mesures importantes et impopulaires comme le recul progressif de l’âge de la retraite à 67 ans, sans oublier toutes les autres réformes visant à diminuer fortement le coût du travail ! N’importe quel économiste vous le dira, le bon bilan économique de l’Allemagne est surtout imputable à cet “agenda 2010” mis en place par son prédécesseur en 2003 car depuis son élection Angela Merkel a lancé fort peu de réformes d’envergure. Et puis, la deuxième leçon de ce scrutin, c’est que l’Allemand ne ressemble pas au Belge ou au Français. Car l’envers du décor du fameux “miracle allemand”, c’est qu’entre 5 et 7 millions de personnes vivent de ce qu’on appelle les “mini-jobs”, autrement dit, d’emplois payés environ 450 euros par mois. Quand on regarde les taux horaires de certaines professions comme les coiffeurs, par exemple, le salaire horaire peut être inférieur à 4 euros ! Le parti adverse de Angela Merkel a cité largement cet état de fait durant sa compagne électorale pour tenter de gagner les élections, et notamment en rappelant que si l’Allemagne a le taux de chômage le plus faible d’Europe après l’Autriche, il faut bien constater que les contrats de travail normaux sont de moins en moins la norme. En clair, la baisse du chômage déguise en réalité une précarité des emplois existants. Mais le miracle économique allemand, c’est peut-être et surtout le mental très “protestant” des Allemands. Alors qu’une telle situation se traduirait par des grèves chez nous ou en France, les Allemands semblent s’en accommoder, sinon comme expliquer la réélection triomphale de Merkel, sauf à imaginer que les Allemands pensent que les autres politiques feraient pire sans doute.

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