Les hôpitaux sont dans le rouge, particulièrement à Bruxelles
Selon une étude de Belfius, C’est la 2ème année consécutive que les chiffres du secteur hospitalier belge sont négatifs. Il présente une perte cumulée de 174 millions d’euros. Deux hôpitaux belges sur 3 sont déficitaires alors qu’ils n’étaient qu’un sur trois en 2019. Une situation qui inquiète au vu de vieillissement de la population.
Le résultat de l’exercice (net après impôts) a toutefois progressé de 37 à 82 millions d’euros, “ce qui reste très peu (0,4%) pour un chiffre d’affaires de 20,5 milliards d’euros”, relève l’analyse. Le secteur avait enregistré une perte cumulée de 181 millions d’euros en 2022. Cette année-là avait été particulièrement marquée par la crise de l’énergie et l’inflation.
Le secteur hospitalier n’a pas connu une telle situation financière depuis 2001 et 2002.
Alimentation et énergie
La hausse des coûts observée en 2023 s’explique par la hausse des prix de l’alimentation et de l’énergie ainsi que des frais de personnel, précise Belfius.
Les coûts de l’alimentation ont augmenté de 10,3% en 2023 et la facture énergétique a continué à augmenter, ce qui a entraîné une augmentation des dépenses de 59 %.
Les hôpitaux généraux consacrent au total près de 9 milliards au paiement des rémunérations, ce qui représente près de 44% du chiffre d’affaires et une augmentation de 6,6%.
Les coûts du personnel
Depuis 2019, l’effectif s’est accru de 6,6%. Le besoin de personnel soignant reste toutefois important, l’absentéisme s’élevant à plus de 12%.
“L’an dernier, 108.137 personnes ETP (Équivalent temps plein) travaillaient dans les hôpitaux belges, soit 6.678 nets de plus qu’en 2019. Cette croissance s’est ralentie l’an dernier, avec 1.211 collaborateurs supplémentaires (ETP). Seulement 497 d’entre eux travaillent dans les soins. Mais les frais de personnel ont augmenté de 6,6%, principalement en raison de l’indexation (6,1%) à la suite de l’inflation”, rapporte encore Belfius.
L’analyse apporte également un autre constat : les hôpitaux font de plus en plus appel à des intérimaires. Ils étaient au nombre de 2.400 ETP en 2023, la plupart employés dans les soins. Toutefois, cela ne répond pas au problème du manque de personnel auquel le secteur fait face. Les hôpitaux comptent 4.000 postes vacants, dont 2.700 pour le personnel soignant.
Défi démographique
Le nombre d’hospitalisations a par ailleurs augmenté de 266.000 par rapport à 2019 et a atteint un total de 3,6 millions. La hausse peut s’expliquer par la transition vers l’hospitalisation chirurgicale et non chirurgicale de jour. Par rapport à 2019, l’addition des hospitalisations classiques et des hospitalisations de jour montre une augmentation de 7,9% des admissions.
En outre, la composition du chiffre d’affaires a fortement évolué depuis 1999, note Belfius. À l’heure actuelle, les produits pharmaceutiques représentent près de 20% du chiffre d’affaires, la part des honoraires des médecins 38,4% et le budget des moyens financiers 36,9%.
“À très court terme, nous devons fixer le budget des soins de santé pour 2025 avec le gouvernement en affaires courantes”, a réagi le ministre sortant de la Santé publique, Frank Vandenbroucke. “À un peu plus long terme, le prochain gouvernement devra relever pleinement les défis structurels auxquels nos soins de santé doivent faire face. Il s’agit de défis liés aux tendances démographiques, sociologiques et technologiques qui se manifestent depuis plusieurs années et qui exerceront encore longtemps une certaine pression”, a-t-il ajouté.
Bruxelles
Gibbis, la coupole des hôpitaux et instituts de santé bruxellois, souligne une situation particulièrement problématique dans la région bruxelloise. Sur les douze hôpitaux pour lesquels la coupole a obtenu des chiffres (sur un total de 13 en région bruxelloise, NDLR) sept présentent des chiffres dans le rouge en 2023, soit 58% d’entre eux. Les hôpitaux bruxellois sont déficitaires à 75% et ils affichent au total une perte cumulée de 86 millions d’euros en 2023.
Gibbis estime que ces problématiques sont aggravées par certaines réalités, dont le coût croissant de la prise en charge des patients à profil social. “Cette prise en charge est souvent plus complexe et coûteuse, nécessitant un accompagnement social renforcé, tout en augmentant le risque de factures impayées”, précise la coupole. Ainsi, 27% des factures hospitalières non payées en Belgique concernent des hôpitaux de la capitale, avance-t-elle.
Les pensions des agents statutaires sont également soulignées par la coupole, affirmant que dans les institutions publiques, les pensions pour le personnel statutarisé doivent être couvertes par un “nombre de plus en plus restreint de statutaires au travail”. Les hôpitaux publics et les CPAS qui les gèrent ne sont plus à même de porter les charges de cotisation qui augmentent, affirme Gibbis.
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