Le Journal des Marchés : quand les banques européennes font mieux que la Big Tech

Olivier Colsoul, expert auprès de AG Insurance, revient sur la performance des banques européennes en bourse… qui font mieux que les Sept Magnifiques.

“On pourrait croire que Nvidia est imbattable en termes de performance. Malgré le coup sur la tête qu’elle a subie la semaine dernière, elle progresse de 80% sur un an glissant. Eh bien, la banque italienne Unicredit fait aussi bien sur la même période, dividende inclus. Tout aussi surprenant, l’ensemble du secteur bancaire européen fait jeu égal avec les Sept Magnifiques sur trois ans et un mois, dividendes inclus”, note l’expert, graphique à la main.

Bloomberg.

Nuance : “Alors, bien sûr, cela ne fonctionne que sur certains périodes bien choisies car, en 2022, la technologie a fortement reculé alors que le secteur financier a bien résisté. Néanmoins, cela prouve que l’Europe n’a pas été à la traîne dans tous les domaines”, ajoute Colsoul.

Résultats

Et comment expliquer cette performance ? “Tout d’abord, l’amélioration des résultats : avec la hausse des taux d’intérêt en 2022 et 2023 qui s’est en partie maintenue en 2024, les banques ont enregistré des bénéfices records, ce qui a renforcé la confiance des investisseurs.  Dans la foulée, on assiste à une certaine revalorisation. Après une période de vaches maigres due à la crise financière de 2008, les banques européennes ont bénéficié ces dernières années d’un re-rating ou à tout le moins d’une amélioration de leur ratio cours/valeur comptable des capitaux propres. Ensuite, les conditions réglementaires ont amélioré la stabilité financière et la gestion des risques des banques. Enfin, les perspectives de consolidation au sein du secteur bancaire européen ont alimenté les attentes des investisseurs.”

Et à quoi faut-il s’attendre pour la suite, par exemple pour les résultats pour le dernier trimestre de 2024 qui commencent à tomber ? “Etonnamment, pas à des chiffres fracassants. Pour les valeurs financières de l’indice Stoxx 600, qui incluent à la fois les banquiers et les assureurs, la croissance bénéficiaire n’attendrait que 2,5% au 4e trimestre 2024. Ce n’est pas énorme mais c’est un peu mieux que les attentes pour l’ensemble du marché et le niveau à battre est donc assez faible”, analyse l’expert.

Certains résultats sont d’ailleurs déjà tombés, comme ceux de BNP Paribas ce mercredi matin. Que faut-il en retenir ? “C’est positif pour BNP qui dépasse les attentes à tous points de vue et a annoncé un dividende plus élevé que prévu ainsi qu’un nouveau plan de rachat d’actions. Dans le cas d’UBS, les chiffres sont bons mais une inquiétude concernant une augmentation potentiellement importante des exigences de fonds propres pèse sur le sentiment. La semaine passée, quelques grosses banques espagnoles ont sorti de bons chiffres. La seule fausse note vient de Deutsche Bank qui ne parvient toujours pas à résoudre son problème de coûts. Donc, jusqu’à présent, les fortunes sont un peu disparates.”

2025

Et quelles sont les perspectives pour le reste de 2025 ? “Les bénéfices des banques sont à un sommet historique. Dans la plupart des pays européens, la rentabilité moyenne des banques reste élevée et la qualité des crédits reste très bonne. Concernant, la marge d’intérêt, les acteurs parlent de confiance mais aussi de prudence. D’une part, les nouveaux crédits étant assortis de taux d’intérêt plus élevés qu’il y a quelques années ont un impact positif sur leur marge nette d’intérêt.”

“Ensuite, il y a le volume de production. La dernière enquête de la BCE sur le crédit bancaire a révélé des résultats mitigés, plus porteurs pour les prêts hypothécaires que pour les crédits aux entreprises. D’autre part, le taux de facilité de dépôt de la BCE plus bas signifie que les réserves excédentaires des banques sont moins bien rémunérées, ce qui pourrait avoir un impact négatif sur la marge nette d’intérêt, même si cela permet aussi d’abaisser le coût de financement. Bref, les perspectives vont dans la bonne direction mais de façon modérée. C’est peut-être parce que les analystes se montrent un peu trop prudents. Cela les pousse par la suite à réviser leurs prévisions à la hausse, ce qui est positif au final”, prévoit Colsoul.

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