Caroline Palumbo, experte de BNP Paribas Fortis, est l’invitée du Journal des Marchés. Elle analyse le ralentissement des marchés en cette fin de semaine, après des hausses lundi, mardi et mercredi. La BCE tire la sonnette d’alarme quant à l’assouplissement des normes d’information sur les engagements en matière de développement durable des entreprises, ce qui pourrait menacer la stabilité financière.
Des séances dans le rouge, en Europe tout comme à Wall Street. Comment l’interpréter ? “L’euphorie du début de la semaine se tasse déjà. On est en pleine publication de résultats et les marchés ont besoin de catalyseurs supplémentaires. Les investisseurs ont pris conscience que les négociations seraient lourdes. Elles semblent s’amorcer pays par pays ou, du moins, région par région. Ce qui n’aide pas en termes de visibilité“, explique Caroline Palumbo.
Trump et accords
Les annonces d’accords ont d’ailleurs des effets contrastés sur les cours : “L’accord annoncé avec l’Arabie Saoudite porte, notamment, sur le secteur de l’intelligence artificielle. Trump cherche des alternatives à la Chine pour son industrie. Cet accord a eu un impact positif sur les valeurs technologiques américaines hier mais Trump a également annoncé ce pour parler avec l’Iran sur le nucléaire. Les cours du pétrole ont plongé.”
Et pendant ce temps-là, en Chine… “La Chine a déjà restreint les exportations de terres rares, qui sont essentielles pour les équipements militaires américains et la fabrication de smartphones, de turbines éoliennes, etc. Elle s’est effectivement tournée vers l’Asie du Sud-Est et l’Europe pour ses exportations. Ce partenariat pourrait lui donner encore plus de marge de manœuvre dans les négociations. Le président chinois Xi Jinping a également accueilli les dirigeants d’Amérique latine à Pékin pour renforcer leurs liens commerciaux. Les pays d’Amérique latine sont évidemment attirés par la Chine pour réduire leur dépendance aux USA. Ce rapprochement permettrait, en outre, de soutenir les investissements dans les infrastructures, les mines et l’agriculture sud-américaines.”
Europe
L’experte revient également sur l’action en justice contre Shell, aux Pays-Bas, pour atteinte au climat, et la BCE qui tire la sonnette d’alarme car les normes de reporting de durabilité sont assouplies. Il y aura moins d’informations disponibles sur les intentions de réductions d’émissions de CO2 de la part des entreprises de moins de 1.000 employés. “Ce qui pourrait entraîner des risques systémiques, par exemple, menacer la stabilité financière européenne mais aussi l’adaptation des stratégies pour accompagner la transition climatique européenne. Et ce risque reste bien réel pour les marchés. La prudence sur la qualité du rapport des entreprises reste donc un élément clé à surveiller pour les investisseurs”, avertit Caroline Palumbo.