Le Journal des Marchés : la surperformance européenne peut-elle durer ?
Vincent Juvyns, expert auprès de JP Morgan, est l’invité du Journal des Marchés ce lundi. Il revient sur la surperformance de l’Europe face aux Etats-Unis, en bourse.
Les bourses européennes surperforment la bourse américaine depuis le début de l’année et l’écart continue de se creuser. “En effet, à la clôture du 14 février, l’indice composite pour l’Europe affichait une performance de 9,2% (en euros) contre 4,1% pour l’indice S&P 500 (en dollars) et cette tendance pourrait perdurer. L’Allemagne affiche une performance de 13%, la France de 11% et la Belgique malheureusement de seulement 3%. Rappelons toutefois que ces 10 dernières années, la bourse américaine a généralement fait mieux que les bourses européennes puisqu’elle a affiché une performance annualisée moyenne de 13,1% contre 7,3% pour l’Europe”, analyse l’expert.
Retour en grâce…
Qu’est qui explique ce retour en grâce de l’Europe ? Il y a différents facteurs, selon l’expert. Le premier est que l’Europe est meilleur marché. “L’Europe se négocie en effet à 15,5 fois les bénéfices attendus au cours des 12 prochains mois alors que les États-Unis se négocient à 22,3 fois les bénéfices attendus au cours des 12 prochains. Il y a toujours eu un écart de valorisation entre l’Europe et les États-Unis mais celui-ci est historiquement de l’ordre de 10 à 20% alors qu’aujourd’hui il atteint 35%. Ce qui fait beaucoup…et qui a sans doute attiré les investisseurs. L’une des raisons qui explique cet écart de valorisation est que les secteur technologique (plus cher car affichant de plus fortes croissance bénéficiaires) est davantage représenté aux États-Unis. La Tech pèse en effet 32% au sein du S&P500 et seulement 14% en Europe. Cependant, au-delà de la Tech, on observe que tous les secteurs en Europe affichent des décotes allant de 10 à 40% par rapport aux États-Unis.”
Les autres facteurs sont la différence dans la politique des taux d’intérêt (ils devraient baisser plus vite et davantage en Europe qu’aux États-Unis) et les changements politiques : “la Belgique a un gouvernement, la France a un budget, l’Allemagne pourrait avoir un gouvernement qui décide de dépenser davantage et on nous parle de l’imminence d’un accord de paix en Ukraine…”
Mais jusqu’à quand ?
L’Europe pourra-t-elle rester sur cette lancée et continuer à battre les Etats-Unis, cette année ? “C’est toujours difficile à dire et ce d’autant plus que l’économie européenne n’est pas dans une grande forme et pourrait souffrir de la guerre commerciale qui fait rage actuellement. Cependant, les investisseurs sont bien payés pour attendre des jours meilleurs puisque les actions européennes offrent un rendement compris entre 3 et 6%. Donc rien que pour cela, cela vaut la peine de rester investi en Europe au moment où la rémunération de l’épargne va inexorablement baisser ! En tous cas, le mouvement actuel nous rappelle qu’une bonne diversification de son portefeuille est importante et qu’il faut être exposé aux différentes régions. N’oublions toutefois pas qu’à long terme, les États-Unis surperforment et qu’ils pèsent 65% dans les indices mondiaux.”
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