Le Journal des Marchés: l’or atteint un nouveau sommet, jusqu’où ira-t-il ?
Nouvelle semaine, nouveau record pour l’or. Décryptage avec Guillaume Duchesne de la Banque transatlantique.
Nouvelle semaine, nouveau record pour l’or, qui dépasse désormais 2 900 dollars l’once. Avec une progression de +12 % depuis le début de l’année et de +27 % en 2024, le métal précieux s’impose plus que jamais comme une valeur refuge. Mais quelles sont les raisons de cet engouement ?
Un actif sensible aux taux d’intérêt
L’or est souvent perçu comme ayant une corrélation inverse avec les taux d’intérêt réels. Contrairement aux actions ou aux obligations, il ne verse ni dividende ni coupon, ce qui oblige les investisseurs à arbitrer entre le métal précieux et d’autres placements financiers.
- Lorsque les taux d’intérêt augmentent, des alternatives plus rémunératrices apparaissent, rendant l’or moins attractif. Le coût d’opportunité de détenir du métal précieux devient alors trop élevé.
- À l’inverse, si les taux baissent, l’absence de rendement de l’or devient moins pénalisante, renforçant son attrait.
Dans un contexte où les marchés anticipent une politique monétaire plus accommodante, le métal jaune en profite pleinement.
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Une accélération due aux incertitudes géopolitiques
Au-delà des taux d’intérêt, plusieurs éléments conjoncturels expliquent la hausse rapide du cours de l’or :
- Les tensions géopolitiques : incertitudes économiques, guerres commerciales, barrières douanières… L’absence de visibilité sur l’économie mondiale pousse les investisseurs vers des valeurs refuge comme l’or. Toutefois, si cette prime de risque venait à s’atténuer, cela pourrait freiner l’ascension du métal précieux.
- Les dernières minutes de la Fed : la Réserve fédérale américaine s’inquiète des effets de sa politique monétaire sur l’économie, ce qui alimente les anticipations d’une baisse des taux, favorable à l’or.
- Un scénario spéculatif autour de la politique Trump : certains fonds spéculatifs évoquent la possibilité d’une réévaluation des stocks d’or américains, actuellement comptabilisés à 42 dollars l’once dans les comptes nationaux (une valeur fixée en 1973). Si ces réserves étaient recalculées à leur valeur de marché, cela représenterait 800 milliards de dollars injectés dans les comptes du Trésor, un levier budgétaire potentiel qui suscite l’intérêt des marchés.
Les banques centrales en soutien : le rôle clé de la Chine
L’or est également soutenu par une demande accrue des banques centrales, et notamment par la Banque populaire de Chine, qui multiplie ses achats de métal précieux.
- 15,24 tonnes d’or supplémentaires ont été ajoutées aux réserves chinoises au dernier trimestre 2024, portant la hausse totale à +13 % en deux ans.
- Une réduction de l’exposition chinoise à la dette américaine :
- -57 milliards de dollars de bons du Trésor US vendus en 2024, ramenant les avoirs chinois à 759 milliards de dollars.
- Depuis son pic de 2011, Pékin a réduit ses bons du Trésor de 550 milliards de dollars.
- Entre novembre et janvier, les ventes ont atteint 78 milliards de dollars.
Cette stratégie témoigne d’une volonté de diversifier les réserves de la Chine, en favorisant des actifs alternatifs comme l’or. Une tendance qui profite directement au métal jaune.
Un rallye haussier qui pourrait se poursuivre
Avec une conjonction de facteurs favorables – anticipations de baisses de taux, incertitudes géopolitiques et achats massifs des banques centrales – l’once d’or semble bien positionné pour poursuivre sa trajectoire haussière à court terme.
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