Journal des Marchés : “Le dollar a perdu de son éclat”

Erik Joly, expert d’ABN Amro, est l’invité du Journal des Marchés ce lundi 25 juin. Il analyse la position du dollar sur le marché : pourquoi est-il en chute et quelles sont les perspectives.

Le dollar perd-t-il de son éclat ? “C’est parce qu’il se passe beaucoup de choses, bien sûr. Tout d’abord, il y a l’incertitude entourant les droits de douane et la réaction des différents blocs économiques à ce sujet. Ensuite, les États-Unis semblent moins enclins à soutenir militairement leurs alliés traditionnels. Et les menaces qui pèsent sur la Réserve fédérale. Tout cela a conduit à une augmentation de la prime de risque et à une vente d’actifs américains.”

Prime de risque

Ce qui se réflète aussi dans les taux longs américains : celui à 30 ans dépasse les 5%. “Il en résulte une prime de risque plus élevée pour les obligations dans ce pays également. Il en résulte des taux d’intérêt plus élevés. Avec un nouvel élargissement de l’écart avec la plupart des autres zones, et certainement avec la zone euro. Normalement, une augmentation de l’écart devrait conduire davantage d’investisseurs au niveau mondial à diriger leur argent vers les États-Unis, avec une demande sous-jacente de dollars et donc un renforcement de la monnaie. Mais ce n’est pas ce qui s’est produit jusqu’à présent.”

Les investisseurs ont moins confiance en les États-Unis, et la dégradation de la note de Moody’s y est pour quelque chose. “Moody’s n’abaisse pas la note à la légère. Elle part du principe que les droits de douane à l’importation finiront par provoquer un mélange d’inflation plus élevée et de croissance plus faible. Et puis, il y a les réductions d’impôts prévues et l’augmentation des dépenses de guerre. L’année dernière, le déficit s’est élevé à 1.900 milliards de dollars, soit 7% du PIB. La dette, quant à elle, a atteint 36.000 millions d’euros, soit 120% du PIB. Cette situation n’est tout simplement pas viable à long terme. Si rien ne se passe, la dette atteindra 125% en 2034. Mais si les plans fiscaux sont mis en œuvre, on s’approchera des 130%.”

Comment est-ce que Washington pourrait réduire sa dette ? “En fait, il y a deux possibilités. Ils pourraient, par exemple, assouplir les exigences en matière de capital pour les banques et augmenter la demande de bons du Trésor en modifiant le ratio d’endettement supplémentaire (Supplementary Leverage Ratio). Dans un plan plus extrême, le plan Miran pourrait être activé, ce qui obligerait les autres pays à détenir de la dette américaine à long terme ou même à convertir la dette existante en dette à long terme. En théorie, ils pourraient aussi déclencher l’inflation afin d’évaporer partiellement le fardeau réel.”

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