Ce week-end, Donald Trump a encore frappé. Il a annoncé, tranquillement, qu’à partir du 1er août, il allait imposer 30 % de droits de douane sur tous les produits venus d’Europe et du Mexique.
Dans la foulée, il a menacé le Canada, le Brésil et d’autres pays… en somme, tout le monde ou presque. Un vrai tour de chauffe protectionniste, version Trump en campagne. Comment ont réagi les marchés ? Pas grand-chose. Une petite glissade de l’euro, un dollar qui se raffermit… Mais pas de panique, pas de krach, pas même un vrai coup de stress. Mais attention : ce lundi, c’est le vrai test. Car ce week-end, les marchés étaient fermés. Là, ils ouvrent. Et là, on va voir s’ils continuent à faire comme si de rien n’était… ou s’ils commencent à comprendre que cette fois, le jeu est peut-être différent.
Pourquoi un tel calme jusqu’ici ? Parce qu’on connaît la méthode Trump. Elle a même un surnom à Wall Street : la stratégie TACO, pour “Trump Always Chickens Out”. Traduction : Trump finit toujours par reculer. Il menace, il fait peur, puis il négocie, il ajuste, il oublie. Et c’est vrai que ça a souvent été le cas. Mais cette fois, le bluff pourrait devenir doctrine. D’autant que la Commission européenne semble penser, elle aussi, que Trump bluffe. Elle l’espère, en tout cas. Alors qu’une première salve de contre-mesures européennes devait entrer en vigueur ce 15 juillet, Ursula von der Leyen vient de les reporter à début août. Une façon de temporiser, de laisser la porte ouverte à un accord de dernière minute. Officiellement, on continue de négocier. Officieusement, on recule.
Et ce choix-là, il divise l’Europe. Emmanuel Macron presse Bruxelles d’adopter une ligne plus ferme. Il veut des contre-mesures crédibles. Il évoque même le fameux mécanisme anti-coercition, ce bazooka commercial que l’Union n’a encore jamais utilisé. Mais il est isolé. L’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas et la Belgique préfèrent attendre. Ménager Trump. Sauver ce qui peut l’être. Mais pendant ce temps, Trump ne s’arrête pas là : il veut se débarrasser de Jerome Powell, le président de la banque centrale américaine. Pourquoi ? Parce que, selon lui, les taux d’intérêt ne baissent pas assez vite. Trump trouve que Powell est “trop lent”, “trop prudent”… et il pense que c’est un frein pour l’économie. Il veut le remplacer. Et là aussi, ce serait une première : un président américain qui force le départ du patron de la Fed en pleine campagne.
Certains économistes parlent d’anesthésie collective : à force d’être secoués par des tweets, des revirements, des menaces sans suite, les marchés ne réagissent plus.
Et ça, ça change la donne. Parce que si Trump pousse vraiment Powell vers la sortie, la crédibilité de la banque centrale vole en éclats, et les marchés, cette fois, ne pourront pas faire semblant de ne rien voir. Ce duo menaces tarifaires + menace sur la Fed, c’est plus qu’une surenchère politique. C’est un changement de régime. Et pourtant… pour l’instant, les investisseurs restent calmes. Trop calmes ? Certains économistes ou Jamis Dimon, le patron de la banque JP Morgan, parlent d’anesthésie collective : à force d’être secoués par des tweets, des revirements, des menaces sans suite, les marchés ne réagissent plus. Comme un corps habitué à la douleur. Mais il suffit d’un pas de trop, d’un décret signé, d’une décision qui s’applique vraiment… et le château de cartes peut s’écrouler.
D’ailleurs, le Bitcoin, lui, grimpe à près de 120 000 dollars. Un record. Un signal ? Peut-être. En tout cas, un réflexe : celui de se réfugier dans un monde parallèle, moins lisible, mais plus autonome. Alors oui, Trump bluffe peut-être encore une fois. C’est possible. Mais si tout le monde parie là-dessus, y compris la Commission européenne, et que cette fois, il ne recule pas… Alors, oui, ce lundi ne sera pas un jour comme les autres.