Semi-conducteurs : les acteurs néerlandais ne craignent pas DeepSeek
Les résultats annuels d’ASML ont été publiés quelques jours après la bombe DeepSeek ; dans ce contexte, ils sont plutôt à saluer. Nous les analysons en détail et faisons aussi un point sur les autres grandes entreprises néerlandaises du secteur, ASMI et Besi.
A 9,3 milliards d’euros, le chiffre d’affaires trimestriel d’ASML a augmenté de 28 % par rapport à la même période de l’année précédente. Pour l’ensemble de l’exercice 2024, il progresse de 2,6 %. Sur les trois derniers mois de l’année, ASML a engrangé 7,1 milliards d’euros de nouvelles commandes, soit le double de ce qui était attendu par les analystes.
Une croissance à deux chiffres
Malgré le choc suscité par DeepSeek, l’intelligence artificielle (IA) chinoise qui bouleverse la technologie dans son ensemble et le secteur des semi-conducteurs en particulier, ASML maintient ses prévisions à moyen terme. Les ventes totales du marché des semi-conducteurs sont estimées à plus de 1.000 milliards de dollars d’ici 2030, ce qui impliquerait un taux de croissance moyen de 9 % pour le marché entre 2025 et 2030. La direction d’ASML table quant à elle sur une croissance à deux chiffres pour les systèmes de lithographie EUV sur la période. D’ici 2030, elle espère générer un chiffre d’affaires compris entre 44 et 60 milliards d’euros, avec une marge brute de 56 à 60 %.
Ces prévisions sont étayées par la demande croissante de puces avancées dans différents secteurs. Outre les modèles nécessaires pour les applications IA, le secteur automobile pourrait aussi être un débouché important : la voiture du futur sera en effet entièrement électrique et probablement capable de rouler de manière autonome.
Davantage d’appareils intelligents
Le nombre d’appareils intelligents connectés à l’Internet va également continuer à augmenter, tout comme la demandé liée aux puces pour les smartphones, les applications militaires, l’efficacité énergétique, les soins de santé et la cybersécurité, entre autres. Un chiffre d’affaires de 55 milliards d’euros d’ici 2030 semble tout à fait accessible, avec une marge brute qui pourrait s’inscrire entre 55 % et 60 %. Si ASML continue à racheter régulièrement ses propres actions dans l’intervalle, le bénéfice par action pourrait atteindre 55 euros à l’horizon 2030.
Un impact modeste
L’arrivée du chinois DeepSeek ne semble pas poser problème non plus pour les plus petits acteurs sectoriels que sont ASMI et Besi. Ces deux entreprises restent bien placées pour bénéficier des mutations technologiques en cours dans l’industrie des semi-conducteurs.
Les machines d’ASMI, leader mondial du dépôt par couche atomique, devraient être déployées massivement pour les nouvelles structures de transistors, FinFet et Gate-All-Around. La forte demande pour cette technologie a déjà été confirmée par les nombreuses entrées de commandes enregistrées au cours du troisième trimestre. ASMI devrait donc signer de nouveaux records dans les années à venir, tant pour le chiffre d’affaires que pour le bénéfice. Avec un ratio cours/bénéfice estimé à 25 pour 2026, l’action mérite d’être conservée.
Besi, pour sa part, pourrait profiter d’une demande accrue pour sa technologie d’assemblage, le collage hybride, dont elle est le leader sur le marché mondial. Cette technologie devrait être de plus en plus utilisée par les plus grands producteurs de semi-conducteurs partout dans le monde ces prochaines années. Si l’on tient compte également du redressement escompté des marchés finaux des smartphones et des ordinateurs personnels, la société pourrait bien elle aussi marquer de nouveaux records. Par ailleurs, des rumeurs sur un possible rachat apparaissent régulièrement. Une reprise constituerait un atout supplémentaire pour l’action, compte tenu également de la capitalisation boursière de quelque 10 milliards d’euros, plutôt modeste à l’aune sectorielle.
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