Qu’est-ce que la “règle de Sahm” dont tout le monde parle aux États-Unis, sur fond de peur de récession ?
Après l’écroulement des places boursières, l’heure est aux explications. La peur d’une récession aux États-Unis est souvent évoquée dans les analyses. Des spécialistes américains parlent de la “règle de Sahm”, mais de quoi s’agit-il ?
Elle est décrite comme l’un des indicateurs les plus précis de l’histoire pour mesurer le risque de récession aux États-Unis. La “règle de Sahm” veut qu’une récession commence lorsque la moyenne mobile sur trois mois du taux de chômage américain est au moins d’un demi-point supérieur au plus bas sur 12 mois, explique CNBC. Cette règle vient de l’économiste Claudia Sahm, qui l’a introduite en 2019, lorsqu’elle était elle-même membre du Conseil des conseillers économiques de la Réserve fédérale. Et cette règle s’est vérifiée lors des récessions des dernières grandes récessions.
Or, le dernier rapport sur l’emploi américain, du mois de juillet, a justement déclenché cette règle de Sahm. Ce qui indiquerait donc le début d’une récession aux États-Unis. Combattant l’inflation, la Fed aurait trop tardé pour remonter les taux d’intérêt. Une décision de plus en plus critiquée, dans la mesure où l’inflation a principalement été créée par l’offre (crise d’approvisionnement et crise des prix de l’énergie), alors que la Fed joue sur la demande, en augmentant ses taux.
L’indice Vix
Le beaucoup plus familier indice Vix n’était pas beaucoup plus rassurant cet après-midi. Ce dernier représente la volatilité de la bourse américaine. Il a grimpé jusqu’à 65 points, un score plus atteint depuis 2020 et 2008, avant de se calmer et de revenir autour des 30 points en fin de journée, heure européenne.
C’est un sentiment finalement partagé par beaucoup d’économistes : ils qualifient la réaction des marchés, comme souvent, de démesurée, et leur anticipation d’une récession de trop précoce. À commencer par Claudia Sahm elle-même, qui estime que l’économie américaine “n’est pas en récession” pour le moment et que certains indicateurs liés à la consommation, à la production et aux revenus des ménages restent positifs. Et puis, il ne faut pas dramatiser, le taux de chômage aux États-Unis est à peine 4,3%, un chiffre dont beaucoup se contenteraient en Europe.
Mais l’économiste actuellement active chez New Century Advisors pense que la tendance de l’emploi américain doit servir de signal d’alarme pour la Fed. La récession n’est pas inévitable, selon elle, mais la Banque centrale doit entamer “une réduction des taux d’intérêt” sans tarder.
La Fed va-t-elle bouger ?
Dans sa dernière réunion, le président de la Fed, Jerome Powell, a clairement laissé entendre qu’une baisse des taux devrait intervenir en septembre. Et sans doute une deuxième plus tard dans l’année. Alors, pourquoi les marchés paniquent-ils ?
Le risque, c’est qu’en essayant de briser une inflation qui s’est calmée d’elle-même, “en poursuivant un fantôme”, selon certaines critiques, la Fed pourrait avoir cassé la machine économique américaine. Mais c’est encore à démontrer.
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