Qu’est-ce que le 401(k) et peut-il faire vaciller le pouvoir de Donald Trump ?

Baptiste Lambert

Wall Street va-t-elle faire plier Donald Trump ? Les séances rouge vif comme celle d’hier feraient mieux de ne pas trop se répéter, car elles touchent à un aspect parfois méconnu des États-Unis : l’épargne-pension par capitalisation des Américains, dont le 401(k). Faute de couverture sociale suffisante, un tiers des travailleurs américains dispose d’un tel plan qui est fortement exposé aux aléas des marchés.

On sait les Américains beaucoup plus friands des marchés boursiers. Ce qu’on sait moins, c’est qu’une bonne partie de leur retraite en dépend également. Un employé sur trois dépose une partie de son salaire dans le Plan 401(k). Il s’agit d’un système d’épargne-retraite par capitalisation qui est défiscalisé jusqu’au départ à la pension.

Les montants déposés sont prédéfinis et plafonnés en fonction de l’âge du travailleur. Ensuite, le portefeuille est généralement géré par un administrateur tiers qui décide d’investir le capital dans des produits financiers comme des actions, des obligations, des SICAV, etc. Les sommes en jeu sont considérables : le solde moyen des comptes 401(k) était de 120.000 dollars en février 2025. En multipliant cette somme par 51 millions de souscripteurs, on arrive à 6.000 milliards de dollars.

Lundi rouge

Des journées comme hier sont douloureuses pour les investisseurs, mais donc aussi pour les épargnants. Le Nasdaq a laché 4%, le S&P500 2,7% et le Dow Jones 2%. La cause ? Les craintes d’une récession aux Etats-Unis, suite à la politique menée tembour battant par Donald Trump.

Ses annonces de tarifs douaniers, puis ses marches arrière, créent de l’incertitude et bientôt de l’inflation. Les entreprises commencent à exprimer leurs craintes et achètent massivement des marchandises pour anticiper la tempête. Quant à ses coupes à la hache dans les budgets fédéraux et ses expulsions massives d’immigrés illégaux, elles peuvent constituer des éléments récessifs. Le dernier indicateur peu rassurant est celui de l’enquête mensuelle de la FED de New York, souligne ce matin Bernard Keppenne, chief economist chez CBC. Il constate que “les ménages ont exprimé plus de pessimisme quant à leur situation financière à l’horizon d’un an en février, tandis que le chômage, les impayés et les attentes en matière d’accès au crédit se sont considérablement détériorés”.

Hier, pour la première fois depuis le début de son mandat, Donald Trump n’a pas dit un mot à la presse. Un silence qui en dit long. La veille, sur Fox News, interrogé sur le risque de récession, le président américain indiquait “détesté prédire des choses comme ça”. Un peu plus tard, il n’excluait pas “quelques perturbations“, “mais nous sommes d’accord avec ça”, ajoutait-il, indiquant penser sur le long terme.

Son lieutenant, Elon Musk, en charge des licenciements massifs dans la fonction publique, connait d’énormes difficultés dans ses entreprises. Lundi, le cours de Tesla a chuté de 15%, le plus grand trou d’air depuis 2022. Cela fait maintenant 7 semaines consécutives que l’action du constructeur de voitures électriques est dans le rouge sur les marchés. Mais hier soir, c’était au tour de la plateforme X de connaître des perturbations, avec plusieurs cyber-attaques massives, “provenant de la zone de l’Ukraine”, a expliqué le milliardaire américain.

Le dernier contre-pouvoir

Wall Street est parfois considérée comme le dernier contre-pouvoir aux Etats-Unis. Il faut dire que Donald Trump dispose d’une majorité au Sénat et à la Chambre, qu’il place ses pions à la Cour suprême et qu’il fait face à une opposition apathique.

Dans son bloc-notes sur LinkedIn, l’économiste Bruno Colmant se demande si un choc n’arriverait pas “dès cet été” aux Etats-Unis ? “Lorsqu’on s’intéresse aux plans économiques de Trump, dans lesquels on espère trouver, non pas quelque rationalité, mais un séquençage, on est perdu“, écrit-il. “Les droits de douane se modifient et se contredisent tous les jours, les annonces fiscales s’illuminent et s’évaporent, les expulsions de travailleurs illégaux surgissent puis disparaissent, la bourse des valeurs technologiques s’effondre, et la richesse des Américains baisse.” Bruno Colmant met lui aussi en exergue l’épargne-pension des Américains et le 401(k), “dont les fluctuations conduisent à alterner euphorie et angoisse”.

Mais les marchés ne sont qu’une partie du tableau. Donald Trump ne verra son pouvoir réellement vaciller que quand les Américains ressentiront l’inflation, analyse ce matin Nicolas Doze, sur BFM Business. Son collègue, l’économiste Jean-Marc Daniel, estime, lui, que les craintes de récession sont sans doute exagérées pour le moment. “Avec une croissance anticipée à 2,5% du PIB, une récession me parait peu probable. Un ralentissement ? Pourquoi pas.”

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