Investir : quatre champions méconnus de la révolution énergétique américaine

Panneaux solaires, image d’illustration. REUTERS/Mike Blake/File Photo © REUTERS
Danny Reweghs
Danny Reweghs Journaliste

Dans le sud-ouest du Texas, une révolution silencieuse permet l’émergence de nouvelles infrastructures énergétiques impliquant terre, eau, sable et soleil. Loin des géants du pétrole et du gaz, habituellement mis en avant, quatre entreprises cotées jouent un rôle clé dans la chaîne énergétique américaine, en posant les bases du forage, de la construction et de la numérisation. Nous les présentons ici.

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1. LandBridge

Landbridge gère 277.000 hectares dans le bassin du Delaware. L’entreprise recycle et vend de l’eau et a facilité, au premier trimestre de 2025, plus de 3.300 transports d’eau, via ses pipelines et unités mobiles. LandBridge développe également des parcs solaires sur ses propres terrains et en loue d’autres à des centres de données, des entreprises énergétiques et des sociétés qui construisent ou gèrent des pipelines, ce qui constitue une source de revenus locatifs stables. À 63%, le rapport entre le cash-flow d’exploitation (Ebitda) et le chiffre d’affaires (CA) témoigne de l’évolutivité du modèle. Chaque parcelle de terrain est exploitée au maximum : l’énergie provient à la fois du sol et du soleil, les flux d’eau sont contrôlés et de l’immobilier stratégique est érigé sur l’ensemble.

À la différence de Texas Pacific Land, qui perçoit des revenus passifs provenant de la location de terrains et de redevances, LandBridge est active dans des projets opérationnels : production de sable de fracturation, services liés à l’eau, énergie solaire et location de sites stratégiques. L’activité requiert davantage de capital, mais est aussi plus dynamique. Le ratio valeur de l’actif économique (EV)/Ebitda témoigne de la vigueur opérationnelle de l’entreprise.

Lors de la présentation des résultats du premier trimestre, la direction a indiqué tabler sur un Ebitda de 175 à 200 millions de dollars pour cette année, soit, pour une valeur de l’actif économique de quelque 6 milliards de dollars, un rapport EV/Ebitda de 30 à 34 ; depuis l’introduction en Bourse de LandBridge en juillet 2024, la moyenne était de 31 – un chiffre qui semble élevé, mais reflète une phase de croissance précoce, avec un Ebitda encore relativement faible. À 52, le ratio dette nette/Ebitda (estimé par Bloomberg à 543,9 millions de dollars au premier trimestre) n’a rien de préoccupant.

Grâce à des marges solides et à la valeur de ses terrains, l’entreprise dispose d’une marge de manœuvre pour investir tout en maîtrisant son bilan. LandBridge pourrait même profiter davantage que Texas Pacific Land de la vague de consolidations attendue, car elle exerce des activités spécialisées et peut donc proposer davantage pour de nouveaux terrains, tout simplement parce qu’elle en tire un meilleur rendement. Nous recommandons clairement l’achat : il s’agit de notre favori (ticker : LB ; code ISIN : US5149521008).

2. Texas Pacific Land Corporation

Texas Pacific Land Corporation est l’un des plus anciens et des plus importants propriétaires fonciers du Texas, avec 880.000 hectares dans le Bassin permien. Contrairement à LandBridge, la société ne fore pas elle-même, mais perçoit des royalties de tiers qui extraient du pétrole et du gaz sur ses terres. Elle tire également des revenus de la vente d’eau, des permis d’infrastructures et de l’accès aux pipelines, aux routes et aux moyens de communication. Au premier trimestre de 2025, elle a perçu des redevances sur 180.500 barils équivalent pétrole par jour et a fourni plus de 1.360 millions de litres d’eau. Grâce à sa structure de coûts extrêmement faible, elle génère des marges d’Ebitda supérieures à 80%. Par ailleurs, la marge nette dépasse les 60%, l’entreprise n’affiche aucune dette et possède des centaines de millions de dollars de liquidités.

Les valorisations élevées, à l’avenant de cette rentabilité exceptionnelle, semblent justifiées. En août 2024, Texas Pacific Land a acheté sur fonds propres 4.120 hectares dans le bassin de Midland pour 45 millions de dollars, incluant des terrains, des pipelines, des puits, des bassins de stockage, des infrastructures électriques et une participation dans un système de traitement de l’eau salée. Immédiatement après, 392 hectares ont été loués à une entreprise qui traite les déchets provenant des champs pétrolifères. Texas Pacific Land reçoit 7,5% du CA réalisé sur ce site, plus une participation non opérationnelle de 25% dans le système de traitement de l’eau salée, une redevance de 10% sur les revenus de celui-ci et des revenus supplémentaires provenant de la vente d’eau, de l’eau produite et des droits de rejet. Au total, Texas Pacific Land touche 32,5% des revenus du système de gestion des eaux, sans aucune responsabilité opérationnelle.

3. Select Water Solutions

La fracturation hydraulique nécessite des millions de litres d’eau par puits. Leader du marché de la logistique de l’eau pour le secteur américain de l’énergie, Select Water Solutions a fourni en moyenne 700.000 barils d’eau par jour via un réseau de 5.000 kilomètres de canalisations et 1.200 bassins de stockage.

Son approche circulaire, axée sur la récupération, le traitement et la réutilisation de l’eau, réduit les coûts, augmente l’efficacité et limite l’impact écologique. Grâce à ses économies d’échelle et à sa position dominante au Texas, au Nouveau-Mexique et dans le Dakota du Nord, l’entreprise est très compétitive. Elle affiche une marge d’Ebitda de 16,6% et une marge bénéficiaire nette de 3,2%. Le ratio dette nette/Ebitda est de 1,18 et le ratio EV/Ebitda, de seulement 4,48 ; depuis l’introduction en Bourse de l’entreprise en mars 2023, la moyenne est de 3,4. Les faibles marges des activités traditionnelles pèsent encore sur les résultats, mais une grande partie de l’infrastructure est déjà en place.

Pourtant, le marché considère encore Select Water Solutions comme une entreprise parapétrolière, alors que les véritables moteurs de croissance, à savoir l’intelligence artificielle, les centres de données et le recyclage de l’eau, sont beaucoup plus stables et tournés vers l’avenir. La croissance future demandera donc moins de capital et tant le cash-flow disponible que la marge devraient augmenter. C’est le champion le plus faiblement valorisé du groupe ; nous recommandons donc l’achat.

4. Clearway Energy

Clearway Energy gère des parcs solaires et éoliens, notamment au Texas, en Arizona et en Californie. Plus de la moitié de sa production provient du soleil. L’électricité est vendue à des centres de données (notamment pour Dell et Microsoft), des administrations publiques et des services publics dans le cadre de contrats d’achat à long terme. Au premier trimestre, Clearway a fourni 1,9 térawatt-heure (TWh) d’énergie propre. Ces contrats devraient générer un cash-flow de 450 millions de dollars en 2025. Par l’intermédiaire de partenaires, elle investit dans de nouveaux parcs solaires et dans le stockage par batterie. Grâce à des contrats fixes, à de faibles coûts de financement et à des économies d’échelle, elle génère des flux de trésorerie stables, souvent pendant des décennies.

Le rendement du dividende de Clearway Energy est de 5,5%. Il augmente en moyenne de 7,6% par an grâce à l’ajout régulier de nouveaux projets assortis de contrats d’achat à long terme. Le remplacement d’anciennes turbines par des technologies plus efficaces permet aussi d’augmenter le rendement. L’entreprise combine ainsi croissance et optimisation et gâte ses actionnaires.

La marge d’Ebitda s’élève à 75%, mais la marge bénéficiaire nette reste relativement faible (9%) en raison d’un endettement élevé. Dès que les emprunts seront remboursés, les charges d’intérêts diminueront tandis que les revenus resteront stables. Clearway restant propriétaire de l’infrastructure, les actionnaires profiteront pendant de nombreuses années encore de la hausse des cash-flows. Sans amortissements ni charges d’intérêts, le ratio cours/bénéfice passe de 42 à seulement 14. Clearway associe rendement, stabilité et potentiel de croissance : un bel ensemble qui justifie l’achat.

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