L'oeil d'Amid Faljaoui
Quand le mensonge économique vaut dix fois la vérité : la loi de Brandolini frappe Wall Street
Wall Street pensait avoir élu un président pro-business. Elle découvre aujourd’hui qu’elle a réélu un pyromane économique.
Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump multiplie les droits de douane tous azimuts : Chine, Canada, Mexique, Europe… Résultat : trois jours de carnage boursier, un Nasdaq à genoux, et des investisseurs jusque-là silencieux qui, enfin, se rebiffent.
Bill Ackman, légende de la finance et ancien héros du camp MAGA, lâche : « Ce n’est pas pour cela que nous avons voté. » Elon Musk plaide pour une zone de libre-échange transatlantique et exhume une vieille vidéo de Milton Friedman pour rappeler les vertus du capitalisme ouvert. Jamie Dimon, le patron de JPMorgan, parle de récession. Dan Ives, gourou de la tech, évoque un “Armageddon technologique”.
Mais le plus frappant, c’est l’indifférence totale de Trump. Pour lui, cette purge des marchés est un mal nécessaire. Une étape avant un hypothétique “âge d’or”. Le problème ? Les marchés – et surtout les portefeuilles retraite des Américains – ne partagent pas son calendrier.
En coulisses, certains tentent de sauver la face en s’attaquant aux seconds couteaux de l’administration. Musk vise Peter Navarro (diplômé de Harvard, ce qui constitue une tare à ses yeux), Ackman s’en prend à Howard Lutnick. Mais Trump, fidèle à lui-même, contre-attaque sur X : ses critiques sont des “faibles” et des “paniqueurs”.
Et pendant ce temps, les dégâts s’accumulent. Ce scénario, hélas, ne surprendra que les naïfs. La croyance qu’un populiste au pouvoir puisse soudain se transformer en gestionnaire raisonnable est une illusion tenace. Et comme le résume brillamment la loi de Brandolini : il faut dix fois plus d’énergie pour réfuter une ineptie que pour la propager. Dans cette équation, la Bourse – et l’économie réelle – sont du mauvais côté de la courbe.
Aujourd’hui, la question n’est plus de savoir si Trump écoute Wall Street. La vraie question est : qui assumera les conséquences d’avoir confondu agitation politique et stratégie économique ? Car ce krach a un nom. Et ce nom, c’est Trump. Le Trump krach.
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