Première valeur boursière européenne, SAP va-t-elle pouvoir conserver son trône ?

Le géant allemand des logiciels est devenu l’entreprise la plus valorisée en Europe cette semaine. Elle a détrôné Novo Nordisk, en forte perte de vitesse ces derniers mois. Mais l’entreprise pharmaceutique, LVMH, ASML, et le reste du Top 10, n’ont pas dit leur dernier mot.

350 milliards d’euros. Lundi, SAP est devenue l’entreprise européenne la plus valorisée. Surtout grâce à la dégringolade de Novo Nordisk, dont la hype autour de son médicament coupe-faim, Ozempic, semble passée. De plus, ses nouveaux produits ne convainquent pas.

L’entreprise danoise a perdu 42% de sa valeur en 1 an contre un gain de 43% pour l’entreprise allemande sur la même période. En chiffres absolus, SAP a déjà été plus valorisée qu’aujourd’hui, puisqu’en février, son action s’échangeait à 280 euros contre 258 euros, ce mercredi.

IA et DAX

SAP propose des logiciels aux entreprises dans un tas de domaines : le cloud, l’activité qui lui rapporte le plus, mais aussi la gestion des ressources humaines, des chaînes d’approvisionnement, ou encore l’analyse de données financières, commerciales ou de vente.

L’entreprise dispose ainsi d’une multitude de données issues de ses 40.000 clients. “L’ensemble de données commerciales le plus riche de toutes les entreprises technologiques“, s’avançait le CEO Christian Klein en janvier dernier. Et forcément, cela en fait un terrain de jeu idéal pour l’IA, qui a boosté le cours de l’entreprise ces derniers mois.

Grand concurrent d’Odoo, SAP a également profité de la bonne forme du marché allemand. Le DAX, l’indice vedette, a augmenté de près de 16% depuis le début de l’année, surpassant tous ses homologues européens.

SAP, Novo Nordisk, LVMH

La question, c’est de savoir si SAP pourra tenir cette bonne forme. En début d’année, l’analyste de Morning Star, Julie Bhusal Sharma, estimait que “les actions étaient toujours surévaluées, malgré les bons résultats de 4e trimestre 2024 et les perspectives plutôt favorables”. Cette prudence est de mise, car il reste “encore beaucoup de chemin à parcourir pour convertir les clients existants à l’informatique dématérialisée”.

Derrière, on retrouve donc Novo Nordisk, en perte de vitesse, avec une capitalisation de 310 milliards d’euros. Le géant pharmaceutique fait face à une concurrence féroce. Mais la partie ne semble pas jouée pour autant et tout dépendra des prochains essais cliniques de ses médicaments contre l’obésité. “Les investisseurs sont à la recherche d’options de traitement qui soient les meilleures de leur catégorie”, expliquent Soren Lontoft, analyste spécialisé en valeurs pharma chez Sydbank. Le jeu est ouvert.

Dans le top 10 européen, on retrouve évidemment les marques de luxe françaises, dominées par LVMH, Hermès et L’Oréal. LVMH, avec une capitalisation de 297 milliards d’euros, arrive en 3e position, mais a perdu 27% de sa valeur en 1 an. Et les perspectives pourraient empirer au gré des atermoiements de la guerre commerciale menée par les États-Unis. En début d’année, Bernard Arnault ne s’interdisait pas de produire davantage aux États-Unis. Mais c’était avant le grand chamboulement géopolitique et diplomatique.

ASML, Hermès et le reste du Top 10

Derrière, on retrouve l’entreprise de puces ASML, qui est rentrée dans le rang et a perdu 25% de sa valeur en 1 an, pour une capitalisation estimée à 263 milliards d’euros aujourd’hui. Mais le chiffre d’affaires était plutôt encourageant au 4e trimestre 2024, en hausse de 28%, après un 3e trimestre décevant. 2025 pourrait prendre le même chemin, anticipe la direction de l’entreprise, avec des ventes qui devraient se situer entre 30 et 35 milliards d’euros, soit une croissance annuelle de 6 à 24 %. La marge brute est attendue entre 51 et 53 %, en ligne avec celle de 2024 (51,3 %).

Hermès clôture le top 5 avec une capitalisation de 262 milliards d’euros. C’est la grande marque de luxe qui a le mieux résisté depuis 1 an et qui est même en progression de 6,3% depuis le début de l’année. Ses ventes du 4e trimestre 2024 ont explosé les estimations.

Dans le reste du Top 10, on retrouve les Suisses Roche (santé), Nestlé (consommation) et Norvartis (santé) et la britannique AstraZeneca (santé).