Placements : ce que nous apprennent 20 ans de baromètre ING des investisseurs

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Sébastien Buron
Sébastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Les hommes prennent plus de risque, les Flamands sont plus connectés à la Bourse, l’immobilier reste une valeur sûre, les jeunes veulent plus de rendement rapidement, les cryptos percent : tels sont quelques-uns des grands enseignements tirés de l’analyse des données sur 20 ans par la banque ING de son baromètre des investisseurs.

Quelles sont les grandes différences entre les investisseurs masculins et féminins ? Quelles sont les grandes différences entre les investisseurs francophones et néerlandophones ? Quel est l’investissement préféré du Belge au fil des ans ? Comment le comportement des investisseurs en Belgique a évolué au cours des 20 dernières années ? À l’heure où les Belges n’ont jamais autant investi en Bourse, la banque ING a voulu en savoir plus sur toutes ces questions, et bien d’autres.

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Pour y parvenir, le service d’études de la banque a épluché 240 éditions de son fameux baromètre des investisseurs, qui sonde chaque mois depuis 20 ans les investisseurs belges sur leur moral et leurs attentes vis-à-vis de la conjoncture et des marchés boursiers. Résultat des courses ? Une analyse fouillée sur deux décennies de données relatives au sentiment des investisseurs dans notre pays qui a permis d’identifier 7 grandes tendances de fond.

L’investisseur belge est un suiveur

Premier grand enseignement : les investisseurs belges ne sont pas des précurseurs, bien au contraire. Certes, indique ING, leur portefeuille s’est internationalisé au cours des deux dernières décennies : le pourcentage d’investisseurs déclarant détenir des actions étrangères dans leur portefeuille a augmenté au cours de la dernière décennie, alors que le pourcentage d’investisseurs détenant des actions belges a quelque peu diminué. Mais l’investisseur belge est un suiveur de tendances. “Lorsque le marché boursier est en hausse, il a envie d’investir davantage et de prendre plus de risques. Quand la Bourse va mal, c’est l’inverse”, situe Peter Vanden Houte qui ajoute que cela revient malheureusement à adopter un comportement du type “buy high, sell low” contre-productif pour le rendement de son portefeuille.

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Les hommes prennent plus de risque

Au fil des ans, le baromètre a fait apparaître des différence de comportement entre hommes et femmes. La testostérone, disent les experts d’ING, a un impact majeur sur le comportement des investisseurs. Selon les données de la banque, les hommes trouvent toujours plus opportun d’investir dans des secteurs risqués que les femmes. En 2024, pas moins de 53 % des investisseurs masculins de moins de 35 ans interrogés pensaient que c’était le bon moment pour investir de manière risquée.

“La proportion d’investisseurs actifs est plus élevée chez les hommes, analyse Charlotte de Montpellier, senior economist chez ING Belgique. Les hommes sont plus nombreux à dire qu’ils s’y connaissent mieux que l’investisseur moyen. Ils font plus de transactions, ont plus tendance à prendre des risques et espèrent aussi plus de rendement que les femmes. Ce qui n’est pas nécessairement une bonne chose dans la mesure où cela conduit à vendre quand le marché baisse et à l’inverse à acheter quand il est cher. On le sait, faire beaucoup de trading conduit généralement à une perte de rendement.” Les femmes, au contraire, sont plus prudentes en matière d’investissements et sont à la recherche de conseils.

Les Flamands plus sensibles à la Bourse

Les experst d’ING constatent également des approches différentes entre investisseurs francophones et néerlandophones. “La part moyenne plus élevée d’actions dans les portefeuilles des néerlandophones les rend plus sensibles aux grandes fluctuations du marché boursier. En ce qui concerne les attentes économiques, les néerlandophones sont également susceptibles d’être plus dépendants du cycle économique. L’emploi dans le secteur privé, en particulier dans l’industrie hautement cyclique, est relativement plus élevé en Flandre qu’à Bruxelles ou en Wallonie”, explique Peter Vanden Houte.

L’immobilier reste une valeur sûre

Le fait que le Belge soit né avec une brique dans le ventre se reflète également dans le baromètre. Au fil des ans, “l’investissement le plus rentable pour les Belges au cours de l’année à venir continue à être l’immobilier”, souligne Charlotte de Montpellier. A noter que la brique est toujours plus prisée par les investisseurs francophones (23 %) que par les néerlandophones (18 %). L’immobilier est également davantage plébiscité par les femmes (26 %) qui trouvent systématiquement que l’immobilier est un meilleur investissement que leurs homologues masculins (16 %).

Âge, taux d’intérêt et horizon de placement

Entre 2011 et 2022, expliquent les experts d’ING, le pourcentage d’investisseurs indiquant un horizon d’investissement de plus de cinq ans a augmenté de manière quasi continue, pour atteindre un investisseur sur deux. En cause : la baisse générale des taux d’intérêt. Alors qu’un investisseur prudent pouvait encore obtenir un rendement raisonnable avec des obligations à court terme en 2011, les taux d’intérêt se sont effondrés au fil des ans. Dans ces circonstances, même les investisseurs conservateurs ont été obligés d’acheter des actifs avec des horizons d’investissement plus longs pour continuer à obtenir des rendements positifs. Cette évolution est très nette chez les plus de 55 ans, pour lesquels l’horizon de placement déclaré a été systématiquement prolongé jusqu’en 2022.

La percée des cryptos

A l’inverse, l’horizon d’investissement à court et moyen terme domine chez les jeunes. Les experts d’ING constatent sur 20 ans que la proportion d’investisseurs ayant un horizon de placement long est en moyenne la plus faible dans le groupe des investisseurs âgés de moins de 35 ans. Pourquoi ? Parce que “les jeunes ont tendance à être plus optimistes”, selon Peter Vanden Houte. Mais aussi parce que nombre d’entre eux ont l’ambition d’acheter leur propre logement et sont donc plus susceptibles d’investir à court terme pour leurs placements financiers. “Toutefois, une autre explication possible est que les jeunes investisseurs sont plus attirés par l’idée de s’enrichir rapidement que les investisseurs plus âgés et plus expérimentés. À cet égard, il ne faut pas non plus s’étonner que les jeunes voient plus de potentiel dans des investissements moins traditionnels tels que les crypto-monnaies”, estime Peter Vanden Houte.

Les indépendants plus enclins à investir

Enfin, pour ce qui du sentiment des investisseurs par catégorie professionnelle au cours des trois dernières années, le baromètre ING nous apprend que les indépendants et les professions libérales se démarquent clairement des autres groupes de la population (employés, ouvriers, pensionnés) en matière d’attente vis-à-vis des marchés boursiers. Rien de véritablement surprenant à ce propos. “On voit que les indépendants et les professions libérales adoptent un comportement plus positif en ce qui concerne l’opportunité d’investir. C’est assez logique. Par essence, c’est la conséquence du statut d’indépendant, dont les revenus sont généralement plus élevés. Mais aussi dont la moindre pension légale pousse à se constituer un complément de pension liés à des investissements”, précise Charlotte de Montpellier.

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