La rédaction répond à la question d’un abonné: “Actionnaire de Merck et d’AstraZeneca, je constate que les valeurs pharmaceutiques sont à la traîne du marché. Cette sous-performance est-elle justifiée ? Une embellie se profile-t-elle ?”
D’une manière générale, l’asthénie du secteur pharmaceutique est en partie liée à la “croisade” qu’entend mener Donald Trump contre les laboratoires, afin de faire diminuer le prix des médicaments. L’annonce récente faite à ce sujet ressemble toutefois beaucoup à celle de son premier mandat ; la plupart des analystes et des investisseurs avaient craint pire. Le président américain a davantage dans son viseur les intermédiaires du secteur, accusés de profiter du système, que les laboratoires pharmaceutiques proprement dits.
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Merck
En ce qui concerne les valeurs susmentionnées, l’américain Merck réalise un chiffre d’affaires (CA) annuel d’environ 65 milliards de dollars, dont près de la moitié provient du Keytruda. Produit phare du laboratoire depuis des années, ce médicament est utilisé dans le traitement de différents types de cancer. Grâce à lui, les ventes du laboratoire ont progressé de quelque 4 à 9% ces dernières années. Les résultats du premier trimestre de 2025 font cependant état d’une baisse de 40% du CA du Gardasil, deuxième médicament le plus vendu, avec un plongeon notable en Chine.
L’action est depuis sous pression : les investisseurs doutent de la capacité du laboratoire à faire émerger un autre médicament phare avant l’expiration du brevet pour le Keytruda, en 2028. La solution la plus simple consisterait à trouver de nouvelles applications pour le Keytruda, afin de pouvoir déposer de nouveaux brevets. Par ailleurs, le pipeline comporte de nombreux médicaments prometteurs. Merck table désormais sur un bénéfice par action (BPA) de 8,90 dollars en 2025. À moins de 9 fois le bénéfice attendu, la valorisation est faible pour un acteur sectoriel aussi réputé (acheter ; rating 1A).
AstraZeneca
AstraZeneca a connu une croissance nettement plus rapide ces dernières années. De 20 milliards de dollars en 2018, son CA a bondi et devrait atteindre 56 milliards en 2025, puis 80 milliards d’ici 2030. Le groupe britannique, qui se spécialise dans l’oncologie, la biopharmacie et les maladies rares, a très souvent atteint ses ambitions au fil de l’histoire. Il se distingue par une bonne diversification de son portefeuille de médicaments et de la répartition régionale des ventes. Les analystes tablent sur une hausse du BPA d’ici 2027 malgré la croissance modeste du CA. Le ratio cours/bénéfice pour 2025 s’établit à environ 16.
Le cours de l’action a abandonné plus de 20% par rapport à son sommet après l’ouverture par Beijing d’une enquête pour fraude aux droits d’importation, qui a dégradé les relations avec le gouvernement chinois. Il n’en reste pas moins que les chiffres d’AstraZeneca sont toujours excellents, ce qui justifie également notre recommandation d’achat (rating 1A).
Le Britannique a plusieurs années d’avance sur son concurrent américain et récolte aujourd’hui les fruits des investissements précédents. Le potentiel de rattrapage de Merck ne doit toutefois pas être sous-estimé.