Vade-mecum de l’investisseur
A moins d’un coup de chance, on investit dans le but de se constituer un patrimoine, pas de s’enrichir rapidement. La constitution d’un patrimoine est au contraire un processus qui exige patience et discipline.
Bien qu’investir n’ait rien de très compliqué, l’exercice ne se résume pas à acheter des actions. Les actions sont des titres de propriété. Si l’entreprise émettrice a le vent en poupe, la valeur de ses actions peut augmenter considérablement au fil des ans, ce qui se traduira par une hausse du cours. Certaines sociétés versent même des dividendes. Cette espèce de participation aux bénéfices est une rémunération périodiquement versée à l’investisseur qui a accepté de lui confier du capital-risque. Les dividendes ne représentent, sur une base annuelle, qu’une infime partie du rendement, mais les cumuler est intéressant, car il seront d’autant plus élevés que la période de détention sera longue. Si vous achetez des actions dans l’intention de les revendre dans l’année, vous devrez surtout miser sur le gain de cours. Les investisseurs en actions à dividendes, eux, se concentrent sur le long terme, sans se soucier outre mesure de l’évolution du cours au jour le jour.
A moins d’un coup de chance, on investit dans le but de se constituer un patrimoine, pas de s’enrichir rapidement. La constitution d’un patrimoine est un processus qui exige patience et discipline. L’épargne est un autre biais possible mais compte tenu de l’inflation, les comptes d’épargne ne rapportent actuellement plus rien, tant s’en faut. Investir est donc généralement plus intéressant.
Investir dans des actions est rentable à terme mais quand les choses tournent mal, la situation peut devenir catastrophique, surtout si l’on a, pour pouvoir investir davantage, utilisé des fonds empruntés. Car quoi qu’il arrive, il faudra les rembourser. Acheter des actions revient toujours à prendre des risques. Il est possible d’atténuer le risque (de marché) en sélectionnant de nombreuses actions différentes et en évitant les entreprises très endettées, mais rien n’empêchera jamais la valeur de votre portefeuille d’investissement de fluctuer.
Il existe d’autres façons encore d’atténuer les risques. Quel que soit l’actif sélectionné, le rapport entre le rendement et le risque joue un rôle essentiel. C’est vrai non seulement pour les actions et les obligations, les deux classes d’actifs les plus courantes, mais aussi pour les crypto-monnaies, les matières premières, les contrats à terme et l’immobilier, peu importe que vous investissiez dans des produits individuels ou dans des instruments collectifs, comme des fonds communs de placement, des indices ou des trackers.
Les actifs les plus performants de ces 30 dernières années sont ceux dont les cours se sont montrés les plus volatils. Plus vous visez des rendements élevés, plus il vous faudra supporter des fluctuations de cours. Si vous n’êtes pas disposé à prendre beaucoup de risques, ou pas en mesure de le faire, restez réaliste et contentez-vous de rendements inférieurs.
Bourse
La Bourse est une place de marché qui met en présence acheteurs et vendeurs, un lieu où l’offre et la demande de capital-risque se rencontrent – c’est par définition risqué mais sans risque, pas de marché. Le rôle du marché boursier est de créer de la valeur. Le terme ‘‘valeur d’une action’’ peut avoir plusieurs significations. La valeur nominale est la valeur inscrite sur l’action même; il s’agit de la valeur de l’action à la date de son émission. La valeur nominale ne dit rien de la valeur de marché qui, elle, évolue tous les jours. La valeur de marché est la valeur à laquelle l’action s’échange en Bourse. Egalement appelée valeur boursière, elle est le résultat de la rencontre de l’offre et de la demande. Selon la théorie du marché efficient, la valeur de marché d’une action se veut le reflet de tous les bénéfices futurs. Comparer la valeur de marché à la valeur fondamentale permet de savoir dans quelle mesure le titre est onéreux. Des titres sous-valorisés offrent davantage de chances d’obtenir du rendement. Enfin, on n’investit pas en pensant à aujourd’hui, mais à demain, à l’an prochain, à dans plusieurs années.
Les actions rapportent de deux manières: du fait de leurs gains de cours et du fait de leurs dividendes, s’ils existent. Sachez que les dividendes sont de l’argent prélevé sur les fonds propres de l’entreprise: on constate en effet qu’immédiatement après la distribution, la capitalisation boursière de l’émetteur baisse à concurrence d’un même montant.
Les dividendes sont particulièrement intéressants dans le cas d’actions (de valeur) auxquelles ne sont associés que peu de gains de cours. Certaines entreprises ne versent aucun dividende. Il s’agit souvent de sociétés jeunes, qui mettent l’accent sur la croissance (autonome); les bénéfices qu’elles réalisent éventuellement sont réinvestis dans le développement de nouveaux produits ou la conquête de parts de marché.
Rendement
Le rendement total de l’investissement se compose des plus-values et des dividendes. Si vous achetez des titres libellés dans une devise autre que l’euro, tenez en outre compte des effets de change. A Wall Street, les actions sont cotées en dollars. L’on obtient, en fonction des cours de change, parfois plus de dollars pour un euro, parfois moins. Si le dollar se déprécie face à l’euro, votre investissement perdra lui aussi de la valeur, sans que le cours de l’action ne soit nécessairement en cause. En revanche, si le cours de l’action et la valeur du dollar augmentent, vous y gagnerez sur les deux tableaux.
Comment savoir si une action est intéressante? Les actions offrent un rendement de 8% à 9% par an en moyenne. Il n’est nul besoin, pour atteindre ce résultat, de détenir toutes les valeurs phares des cinq dernières années, comme argenx, D’Ieteren ou Lotus Bakeries. Le rendement est le résultat de l’addition des gains de cours et des dividendes. C’est ce rendement-là que l’on attend de toutes sortes d’investissements, dont les actions.
Le rendement final est déterminé, d’une part, par des facteurs fondamentaux, comme le bénéfice net et le dividende, et d’autre part, par l’humeur du marché, c’est-à-dire la manière dont les investisseurs valorisent l’action. Le rendement escompté est ici la somme de la croissance des bénéfices, du rendement en dividende et de la variation de la valeur de l’action mesurée par le ratio cours/bénéfice.
Une action dont le rendement en dividende atteint 2% et la croissance escomptée des bénéfices, 6% n’est pas extraordinairement rentable. A rapport cours/bénéfice identique, une action dont le bénéfice bondit de 26%, bien, à condition toutefois de ne pas être sanctionnée par le marché. Sans croissance extraordinaire des bénéfices, donc, pas de rendement exceptionnel. Si la croissance des bénéfices faiblit, une dépréciation s’ensuit généralement; deux forces négatives s’exercent alors sur l’investissement, dont le rendement est susceptible de partir à la baisse.
Diversification
Personne n’a envie d’acheter au mauvais moment. Mais personne ne peut non plus prévoir les mouvements du marché. Les investisseurs perdent plus d’argent à tenter d’anticiper les chutes de cours que sous l’effet des corrections boursières mêmes. Les grandes variations de cours se produisent généralement de façon groupée. Si vous avez pu anticiper une baisse de cours, il vous faudra avoir le courage de revenir peu de temps après. Si vous investissez pour le long terme, le facteur temps jouera en votre faveur.
Pour atténuer les risques, mieux vaut répartir le capital-risque entre diverses actions. Le terme “capital-risque” désigne l’argent dont vous pourrez vous passer au cours des cinq à 10 ans qui viennent. N’achetez pas plus d’actions que vous ne pouvez en financer et optez pour plusieurs classes d’actifs. On recommande en général d’investir pour 60% en actions et pour 40% en obligations. On entend également dire qu’il faut conserver 10% de liquidités, pour profiter des chutes de cours: il s’agit en réalité de s’assurer que l’on n’aurait pas à vendre au débotté si le marché traversait une profonde dépression. La théorie de l’investissement a élevé la diversification au rang de Saint-Graal. Sachez toutefois que trop de diversification tue la diversification. Car plus le nombre d’investissements est élevé, plus il est difficile d’en analyser les risques.
N’attendez pas d’avoir accumulé une grosse somme d’argent pour investir: tout comme la première voiture est souvent un petit modèle, le premier investissement peut parfaitement être modeste. Le tout est en fait de commencer tôt, en investissant un petit montant chaque mois, pour pouvoir bénéficier longtemps des intérêts composés, la source de rendement par excellence.
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