Un signal à ne pas prendre à la légère!
Un adage veut qu’il ne faut jamais gaspiller une bonne crise. Les effets des revers subis par la Silicon Valley Bank et par le groupe Credit Suisse ne vont pas pouvoir disparaître du jour au lendemain. Mieux vaut le savoir.
La sphère financière répète à qui veut l’entendre qu’il n’y a pas lieu de paniquer après la chute de la Silicon Valley Bank et les déboires du groupe Credit Suisse. Les experts veulent nous faire comprendre que nous n’assistons pas là à une nouvelle version de la crise de 2008. Pour l’heure, nous sommes de leur avis: nous serions nous aussi très surpris que les problèmes de la Silvergate Bank, de la Silicon Valley Bank, de la Signature Bank et du groupe Credit Suisse soient les prémices d’une crise bancaire majeure et provoquent un krach boursier. D’abord parce que, contrairement à ce qui s’était produit lors de la faillite de Lehman Brothers, les mesures prises sont beaucoup plus rapides et décisives. Ensuite, parce que les décidément mauvais élèves de la classe que sont la Silicon Valley Bank et le groupe Credit Suisse ne sont pas représentatifs de l’ensemble du secteur, surtout pas du secteur européen. Enfin, parce que les accidents au sein du secteur bancaire font traditionnellement chuter les taux d’intérêt; il est en d’autres termes beaucoup plus probable aujourd’hui qu’hier que la réunion de ces 21 et 22 mars de la banque centrale américaine ne débouche pas sur une nouvelle hausse des taux, une perspective dont les marchés se réjouissent et qu’ils anticipent du reste depuis plusieurs jours. A brève échéance, cette mini-crise bancaire pourrait paradoxalement avoir un effet positif sur les marchés.
Pas rassurés pour autant
Qu’en sera-t-il toutefois du reste de l’année? Pouvons-nous dormir sur nos deux oreilles? Certainement pas. Winston Churchill disait qu’il ne faut jamais gaspiller une bonne crise. Tenons donc compte des signaux d’alarme. Les banquiers centraux se trouvent dans une position extrêmement délicate – dans laquelle ils se sont d’ailleurs largement fourrés eux-mêmes, en poursuivant trop longtemps leur politique monétaire accommodante et en ne prenant pas au sérieux la flambée de l’inflation de 2021, autant de situations ayant contribué à provoquer les brusques relèvements de taux pratiqués l’année dernière. Nos grands argentiers vont donc devoir continuer à tout faire pour tenter de maîtriser de l’inflation, tout en évitant l’éclatement de bulles et une plongée en récession. Pas simple.
Le canari suffoquant dans la mine?
Les incidents qui marquent actuellement le secteur bancaire américain et la perspective d’une “pause” dans les hausses de taux d’intérêt donnent sans doute aux investisseurs l’impression d’en être quittes pour une belle frayeur, un sentiment qu’une remontée de l’indice Standard & Poor’s 500 vers les 4.300-4.500 points dans les semaines ou les mois qui viennent renforcerait encore. Pour nous, le moment est crucial. Les effets des revers subis par la Silicon Valley Bank et par le groupe Credit Suisse ne vont pas pouvoir disparaître du jour au lendemain. Cette mini-crise pourrait bien figurer le canari qui meurt dans la mine de charbon. N’ignorons pas ce signal!
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