Réussir ses investissements dans l’intelligence artificielle

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Avec le développement de l’intelligence artificielle, les valorisations des géants technologiques ont bondi. Certains titres (Duolingo, Walmart…) et ETF affichent toutefois encore un potentiel haussier important; c’est à ceux-là qu’il est judicieux de s’exposer dès maintenant.

C’est un fait: l’intelligence artificielle (IA) a définitivement percé et pourrait bien venir profondément bouleverser l’économie mondiale. La banque d’affaires Goldman Sachs estime que 46% des fonctions administratives, 44% des emplois juridiques et 37% des postes techniques pourraient disparaître à terme. Au total, trois cents millions d’emplois dans le monde seraient menacés. Bill Gates, fondateur de Microsoft, a déclaré la semaine dernière qu’avec l’IA, chacun dispose désormais d’un assistant personnel, ce qui dopera sa productivité.

Dès lors, dans la mesure où l’IA permet d’effectuer plus de travail avec le même nombre de personnes (ou une quantité équivalente à celle d’avant, mais avec moins de travailleurs), la productivité du travail (calculée en divisant la croissance réelle des ventes des entreprises par le nombre d’employés) devrait fortement augmenter.

Huit mois se sont écoulés depuis le lancement en accès public de ChatGPT, que les entreprises ont eu l’occasion d’expérimenter. Or, pour l’instant, aucune donnée ne vient témoigner d’une amélioration de la productivité; au contraire, la productivité du travail aux Etats-Unis s’est contractée, en glissement annuel, pendant quatre trimestres consécutifs, pour la première fois depuis qu’on la mesure (1948). Bien sûr, l’impact de l’IA sur la productivité du travail pourrait ne pas être visible immédiatement, car le déploiement et l’acceptation de l’IA en entreprise demandent du temps et des efforts.

Si l’IA devait réellement s’imposer, la prochaine récession pourrait être marquée par des licenciements massifs. Lors de chaque contraction de la conjoncture, l’on constate d’ailleurs une hausse de la productivité du travail outre-Atlantique; cela a notamment été le cas lors de la crise financière (2008) et de la pandémie (2020).

Une technologie révolutionnaire?

La principale question qui se pose est celle du caractère révolutionnaire de l’IA. En termes d’impact, cette invention surpassera sans doute le smartphone. Mais entraînera-t-elle des bouleversements aussi profonds que l’Internet, ou même l’électricité au XIXe siècle? L’Internet a certes tiré vers le haut la productivité du travail dans la seconde moitié des années 1990, mais cette augmentation ne peut réellement être qualifiée d’extraordinaire.

Rob Arnott, du cabinet Research Affiliate, affirmait récemment que l’on a tendance à surestimer l’incidence d’un changement sur un horizon de cinq à 10 ans, mais à la sous-estimer sur une période de 50 à 100 ans. Par exemple, en 1903, le premier homme prenait son envol, pour atterrir 12 secondes après; 66 ans plus tard, des hommes se posaient sur la Lune et en revenaient indemnes.

Si les variations de la productivité du travail sont pour l’instant assez minimes, l’IA a en revanche suscité de fortes turbulences sur les places boursières. Le bond de l’action Nvidia témoigne de l’avenir doré que les opérateurs esquissent en matière d’IA.

L’IA a donné des ailes à l’indice NDX, qui regroupe les 100 plus grandes sociétés technologiques. Jamais cet indice, créé en 1985, n’avait enregistré de meilleur premier semestre. Les entreprises le composant ont vu leur capitalisation boursière augmenter de 5.000 milliards de dollars environ, et ont généré un rendement total de 39% – à comparer aux 7% gagnés par l’indice S&P 500, équipondéré.

Le siècle dernier a été marqué par trois périodes de dominance d’un petit groupe d’actions. Dans son ouvrage Stocks for the long run, Jeremy Siegel a étudié les rendements de ces 50 actions et constaté qu’à partir du moment où ces entreprises ont atteint un ratio cours/bénéfice de 50, leurs rendements ont plongé sous ceux du S&P 500 sur les 25 années qui ont suivi.

Les rendements décevants sont inévitables pour les nouvelles technologies. En 2000, les 100 entreprises du NDX ont généré un chiffre d’affaires (CA) par action de 370,24 dollars. Après plusieurs années fastes, ce chiffre était monté à 735,89 dollars en 2009. Or, malgré les résultats fantastiques des entreprises, le rendement du NDX entre le 1er janvier 2000 et le 12 décembre 2009 a été de -50%!

Les sommets atteints par le marché en 1999 et en 2008 étaient le fait d’une poignée de titres fortement pondérés. Or, lors des phases baissières qui ont suivi, ces titres ont chuté plus fortement que l’indice de référence, si bien que la pondération de ces actions a aussi diminué. Certes, les titres déjà largement représentés peuvent encore obtenir une pondération beaucoup plus importante, mais Jeremy Siegel a montré que cet état de fait bride la performance à long terme.

Pas les “Sept Glorieuses”

Au risque d’enfoncer une porte ouverte, nous ne recommandons pas d’investir dans les “Sept Glorieuses” (soit Apple, Microsoft, Google, Amazon, Meta, Nvidia et Tesla, aussi baptisées Magnificent Seven en anglais), dont la pondération est devenue de plus en plus importante ces dernières années. Nous allons désormais suivre de près l’évolution de l’IA, et cette analyse constitue, en quelque sorte, le point de référence. Au cours des prochains mois, nous vous présenterons les actions à nos yeux les plus intéressantes du secteur.

Parmi les titres individuels que nous allons suivre figure Duolingo. L’application linguistique proposait jusqu’à récemment les mêmes supports pédagogiques à tous les apprenants d’une même langue. Depuis peu, toutefois, un algorithme détermine pour chaque participant le cours dont il a besoin, et sélectionne pour lui des exercices appropriés. Duolingo est donc devenu un professeur particulier numérique. La dernière version donne même la possibilité de lancer une conversation avec cet “enseignant”.

Nous avons également choisi de suivre Walmart, qui mène de nombreux essais en matière d’IA. L’un d’eux porte sur la communication avec les grossistes. Une fois le budget maximum communiqué à l’algorithme, ce dernier se charge entièrement de la négociation. Des premières expérimentations, il ressort que l’algorithme a négocié un prix inférieur de 1,5% à celui d’un humain. Dans un secteur connu pour ses marges très faibles, c’est considérable. En outre, un algorithme ne demande pas de salaire, ce qui accroît encore le bénéfice.

Deux suggestions d’ETF

Les afflux massifs de capitaux vers les sociétés spécialisées dans l’IA creusent encore l’écart avec les autres sociétés en termes de valorisations. Or, ce n’est que lors d’un rééquilibrage des actions pesant le plus lourd qu’un fonds équipondéré peut faire la différence. Lorsque la bulle Internet a éclaté, au début du XXIe siècle, et que les actions de Cisco ont abandonné 88%, l’indice S&P 500 équipondéré a pris une avance considérable sur l’indice S&P 500 classique, pondéré en fonction de la valeur de marché. Entre 2000 et 2007, l’indice S&P 500 (dividendes inclus) a abandonné 5%, tandis que le S&P 500 équipondéré progressait de 76%. Cette avance n’a pas disparu, puisque depuis 2000, le S&P 500 équipondéré a généré un rendement de 585%, contre 372% pour le S&P 500 classique. Si la pondération des Sept Glorieuses venait à diminuer dans le S&P 500, cet écart pourrait encore se creuser de manière significative. C’est pourquoi nous recommandons l’achat du Xtrackers S&P500 Equal Weight ETF (code ISIN: IE00BLNMYC90).

Une deuxième manière de profiter d’une éventuelle révision à la baisse de la pondération des Sept Glorieuses dans le S&P 500 consiste à se baser sur la valeur fondamentale des entreprises. L’indice FTSE RAFI US 1000 constitue un support de choix. L’Invesco FTSE RAFI US 1000 ETF (code ISIN: IE00B23D8S39) le réplique. L’indice comprend les 1.000 plus importantes sociétés américaines cotées et applique une réduction de la pondération lorsque le cours d’une action dépasse trop les performances de l’entreprise, jugées à l’aune de quatre critères: le chiffre d’affaires, le cash-flow, la valeur comptable et le dividende. Sur cette base, Nvidia y obtient une pondération de 0,32%, soit plus de sept fois moins que sa pondération dans le Russell 1000 (2,44%). Bien sûr, si les attentes élevées des investisseurs vis-à-vis de Nvidia se réalisent, les investisseurs dans le Russell 1000 seront plus favorisés. Mais un revers est toujours possible.

Si Goldman Sachs et Bill Gates ont raison de dire que l’IA va changer le monde et donner un véritable coup de fouet à la productivité, les ETF sur ces indices en tireront aussi parti. Mais si pour quelque raison que ce soit, l’IA fait long feu, ces deux indices, dont la valorisation est bien plus faible que celle d’autres indices phares, profiteront d’un effet de rattrapage. Dans tous les cas, donc, ces ETF feront belle figure. Le moment nous semble donc opportun pour y investir.

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