Prime de risque à nouveau négative à Wall Street

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Danny Reweghs
Danny Reweghs Journaliste

Avec Donald Trump au pouvoir, l’année boursière 2025 ne sera pas une promenade de santé. Ni à l’étranger, ni même aux Etats-Unis. 

Les marchés financiers n’applaudissent pas tous à la réélection de Donald Trump. Si l’indice S&P 500 tourne autour des 6.000 points, les obligations font grise mine. En reculant, leurs cours ont propulsé les taux à 10 ans en direction des 4,50 %, contre 3,50 % environ au début de l’automne. Ces mouvements contraires sont le reflet d’une situation critique.

Il suffit pour s’en convaincre d’observer la prime de risque en vigueur à Wall Street. La prime de risque est le surcroît de rendement que les investisseurs exigent pour compenser leur choix d’un investissement en actions, par rapport à un investissement en obligations. Elle est le résultat de la soustraction du rendement sans risque du rendement escompté de l’action. Or en raison de l’envolée des titres composant l’indice S&P 500 et du relèvement des taux longs aux Etats-Unis au sortir de l’été, le rendement attendu des actions est inférieur au taux sans risque. La prime de risque accordée sur les actions (phares) américaines est en d’autres termes négative.

Inconscience

Entamer un mandat en s’entourant de personnes dont la réputation n’est pas impeccable et qui ne sont pas qualifiées pour le poste, sans offrir de prime de risque, nous paraît relever de l’inconscience. La prime de risque pourrait repasser dans le vert si les cours des actions se calmaient, si les taux baissaient (au profit des cours des obligations), ou les deux. Mais s’installer dans le Bureau ovale quand les primes de risque sont négatives est à nos yeux la dernière chose à faire.

Historiquement, on sait que quand la prime est inférieure à 0, les rendements obtenus dans les années qui suivent sont plutôt maigres. Depuis la Seconde Guerre mondiale, le rendement a plafonné à 1 % par an en moyenne dans les cinq ans qui ont suivi la plongée sous 0 de la prime de risque – c’est logique, puisque c’est la baisse des taux qui permet à la prime de repasser dans le vert. Il y a trois ans, les taux américains à 10 ans n’atteignaient pas 1 %, contre 4-4,50 % aujourd’hui. Ce qui n’empêche pas le S&P 500 d’être de 30 % environ plus élevé qu’à l’époque : la prime de risque a donc complètement disparu.

A moins que les taux longs ne reculent (considérablement), les rendements boursiers devraient être, nous venons de le voir, assez médiocres ces prochaines années. Or la victoire de Donald Trump, dont le marché craint qu’il ne propulse l’inflation et la dette de la première économie de la planète vers le haut, a fait bondir les taux longs.

Il est dès lors dangereux d’accroître ses positions en actions, fussent-elles américaines. Wall Street n’a pour nous, actuellement, rien d’un havre sûr. Les valorisations élevées, en termes tant absolus que relatifs, devraient au minimum inciter à la prudence.

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