Premier record en 35 ans pour l’indice Nikkei
L’indice Nikkei, le principal baromètre du marché boursier japonais, a établi un nouveau record. Il n’est pas le seul, direz-vous. C’est vrai. Mais pour lui, le dernier remonte à 1989, lorsqu’il atteignit 38.957 points. Un sommet historique qu’il n’a donc pas dépassé avant février de cette année.
La hausse traduit la bonne, voire l’excellente santé du marché boursier japonais, dont les résultats ont même, ces deux dernières années, surpassé ceux de toutes les grandes Bourses occidentales. Et même ceux du marché américain, dont les indices Standard & Poor’s 500 et Nasdaq avaient souffert, en 2022, de l’envolée des taux d’intérêt. Malgré une spectaculaire remontée des taux à 10 ans, passés en deux ans de pratiquement zéro à 0,70 %, l’inflation japonaise se situe depuis un certain temps déjà entre 2 % et 3 % – elle n’est donc pas très éloignée des inflations européenne et américaine. Sachez toutefois que les taux longs sont encore très inférieurs à ceux du reste du monde occidental, si bien que les obligations nippones à 10 ans n’offrent pas la moindre protection contre l’inflation. Les taux d’intérêt réels sont encore rouge foncé, ce qui plaide davantage, lorsqu’il s’agit de contrer la flambée des étiquettes, en faveur des actions.
D’où vient ce retournement du marché nippon ? L’indice Nikkei avait atteint son plus bas niveau historique, autour de 7.000 points, à la fin de l’année 2008. Mais il avait fallu attendre l’arrivée de Shinzo Abe au poste de Premier ministre et celle, en 2013, de Haruhiko Kuroda à la tête de la banque centrale (BoJ), pour qu’une forme extrême d’assouplissement monétaire et de contrôle des taux longs inverse réellement la tendance.
Prudence
Pendant ces 35 ans, la situation s’est avérée pire encore que pour les investisseurs qui avaient eu des actions à Wall Street en 1929. A l’époque, le Dow Jones avait chuté de son sommet à près de 400 points et il avait fallu attendre décembre 1954 pour qu’un nouveau record puisse être établi. On voit que quand les marchés exagèrent, il peut s’écouler des décennies avant qu’ils ne se reprennent pleinement. Cela fait par exemple 17 ans que le CSI, l’indice des 300 principales actions chinoises, patiente. Alors que dans ces années-là, on ne parlait que des pays BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), l’indice est aujourd’hui toujours de 40 % inférieur au point culminant atteint en 2007.
Les géants américains de la tech sont actuellement si parfaits qu’ils atteignent des valorisations faramineuses, puisque le cours de leurs actions grimpe encore plus vite que leurs bénéfices. Mais quand le soufflé retombera, ce sera sans doute pour longtemps. Il serait donc très, très risqué d’acheter aujourd’hui ces titres en masse. Si la bulle de l’intelligence artificielle venait à éclater, les dégâts seraient extrêmement graves.
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