Pernod Ricard
Géant de la boisson en Asie
Le monde des grandes multinationales de l’alimentation et de boissons tourne principalement autour des “marques”. Dans ce domaine, le groupe français de boissons alcoolisées Pernod-Ricard (93,2 EUR; NYSE Euronext Paris ; ticker : RI; capitalisation boursière : 23 milliards EUR ; code ISIN : FR0000120693) mène une stratégie claire et bien définie, concentrée sur le prestige des marques et la distinction entre les marques internationales, régionales et locales. Pernod-Ricard est née en 1975 de la fusion de deux spécialistes françaises des boissons anisées (Pernod et Ricard). Une foule d’acquisitions a suivi. Nous retiendrons notamment l’achat de la division Vins et spiritueux de Seagram en 2001. En 2005, le rachat de Fortune Brands Allied Domecq a permis au groupe de doubler de taille et de devenir le numéro deux dans le secteur des vins et spiritueux. Trois ans plus tard, Pernod Ricard est devenue le co-leader mondial sur le marché des spiritueux et surtout leader mondial dans les marques premium et de prestige avec l’acquisition de Wines&Spirits, le propriétaire de la vodka ABSOLUT. Grâce à cette série d’acquisitions, le groupe dispose aujourd’hui de 75 entreprises sur quatre continents, dont 36 marques “stratégiques”. La moitié d’entre elles (18) sont des marques locales fortes. Il faut y ajouter quatre marques de vins dont l’Australienne Jacob’s Creek, et un “top 14″ de (grandes) marques internationales. Deux d’entre elles sont même des icônes mondiales : la vodka ABSOLUT et le whisky scotch Chivas Regal. à cela s’ajoutent 7 marques premium : le pastis Ricard, le whisky Ballantine’s, le whisky Jameson, le rhum Havana Club, le gin Beefeater et les liqueurs Malibu et Kahlua. Enfin, il y a 5 marques de prestige : le cognac Martell, les whiskies The Glenlivet et Royal Salute et les champagnes Mumm et Perrier-Jouët. Les deux principaux accents stratégiques afin de créer de la valeur sont l’innovation permanente et la revalorisation des marques, le premier permettant d’augmenter le chiffre d’affaires (CA) et le deuxième, d’améliorer les marges. Selon l’entreprise elle-même, 73% du CA provient aujourd’hui de ses marques premium, d’où son leadership dans le segment supérieur des boissons fortes. Notamment grâce à plusieurs reprises ciblées, l’Asie (& Afrique) est aujourd’hui le plus grand continent en termes de contribution au CA (39% du CA du groupe). En 10 ans (2002-2012), le CA a été multiplié par sept pour atteindre 3,2 milliards EUR alors que le bénéfice opérationnel (EBIT) a décuplé et dépasse aujourd’hui le milliard d’euros. On notera tout particulièrement les performances du groupe en Chine (CA x 27 et EBIT x 50), au Vietnam (CA x 21 et EBIT x 29), en Inde (CA x 7 et EBIT x 11) et en Corée du Sud (CA x 7 et EBIT x 7). L’ambition est de conserver le leadership sur ces marchés et d’y vendre de plus en plus de boissons premium afin de continuer à accroître les marges. Pernod-Ricard est numéro deux en Asie en termes de volume pour la vodka, le cognac et le whisky scotch, mais numéro un en valeur (35% de parts de marché en Asie mais 47% en Chine et en Inde, 36% en Corée du Sud…) grâce à un prix de vente moyen plus élevé. Malgré sa croissance gigantesque et son internationalisation, l’entreprise reste relativement familiale (13% des actions sont entre les mains de la Société Paul Ricard). Le holding belge GBL (Albert Frère; 7,5%) en est également actionnaire depuis quelques années. Le géant des boissons affiche plusieurs années de croissance continue des bénéfices. Pernod-Ricard occupe une position solide et dispose d’une stratégie claire dans les pays émergents, en premier lieu d’Asie. Le principal inconvénient de telles actions combinant croissance et qualité est leur valorisation. à 18 fois le bénéfice attendu et un rapport valeur d’entreprise (EV)/cash-flow opérationnel (EBITDA) de 13, l’action n’est certainement pas bon marché. Elle ne se négocie pas pour autant à des tarifs déraisonnables par rapport à la concurrence. Nous relevons provisoirement l’avis à ” première position ” (2B), mais nous attendrons une baisse des cours avant de placer une limite d’achat pour le portefeuille-modèle.
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