L’hydrogène vert, source renouvelable prometteuse
La Commission européenne entendant rendre l’Europe climatiquement neutre d’ici à 2050, les émissions de gaz à effet de serre sont condamnées à disparaître. Dans la quête d’énergies propres et renouvelables, l’hydrogène fait partie des incontournables. Maintes sources renouvelables sont d’ores et déjà utilisées pour produire de l’électricité, mais on sait le rendement éolien et solaire très irrégulier.
L’excès d’électricité produite, quand excès il y a, pourrait être utilisé pour fabriquer de l’hydrogène par électrolyse. Cet hydrogène “vert” est encore très cher mais son coût diminue rapidement, dans le sillage de celui des énergies éolienne et solaire. Sanjiv Lamba, le CEO de Linde PLC (voir infra), estime toutefois qu’il faudra cinq à sept ans encore pour atteindre le point d’inflexion. L’hydrogène est intéressant à plusieurs titres: il fournit trois fois plus d’énergie par kilogramme que le diesel ; sa matière première (l’eau) est quasi inépuisable ; et il s’agit d’un gaz (H2) très léger, invisible et inodore qui, une fois refroidi, devient liquide, voire solide, ce qui en facilite considérablement le transport.
Les valeurs individuelles dans le segment de l’hydrogène sont extrêmement risquées.
La Bourse s’intéresse à juste titre aux entreprises actives dans les technologies de l’hydrogène. Des fabricants de gaz industriels comme Air Liquide, Air Products et Linde tirent déjà des revenus (limités) de la production d’hydrogène. Il s’agit d’après nous des choix les plus défensifs dans ce segment. Investir dans des trackers est également possible, mais plus risqué. Les nouveaux venus dans le secteur ont connu un démarrage fulgurant en 2020-2021 avant que leurs cours ne retombent, l’an passé. Les opportunités sont aujourd’hui un peu plus nombreuses qu’il y a 12-18 mois. Nous insistons sur le fait que ces valeurs individuelles sont extrêmement risquées. Les bénéfices potentiels sont très élevés, mais les risques aussi.
Risque faible
1. Air Liquide
Air Liquide est numéro 1 mondial du marché des gaz industriels destinés à toute une série de secteurs (électronique, médecine, chimie, etc.). La joint-venture que le groupe a récemment créée avec TotalEnergies prévoit d’installer des points de ravitaillement en hydrogène dans 100 stations-service Total situées le long de grands axes routiers en France, au Benelux et en Allemagne. En reprenant Airgas en 2016, Air Liquide, qui produit, stocke et distribue de l’hydrogène, s’est offert un accès au gigantesque marché américain. Le groupe a construit ces dernières années un réseau de pipelines destinés à lui permettre de livrer une clientèle industrielle située en Belgique, aux Pays-Bas et en France. Acheter des actions Air Liquide est bien plus qu’investir dans une source d’énergie prometteuse: la société estime que l’hydrogène lui permettra de générer un chiffre d’affaires de 6 milliards d’euros d’ici à 2035 (chiffre d’affaires 2022, toutes sources confondues: 30 milliards d’euros). Sa diversification dans les secteurs de la chimie, de la pharmacie, des biotechnologies et des technologies médicales protège en outre l’action contre les violentes fluctuations dont les titres du segment de l’hydrogène “pur” peuvent être victimes. A 25 fois le bénéfice escompté, la qualité se paie. Pour les horizons longs, donc, plutôt.
2. Linde
Même pendant la désastreuse année boursière 2022, le titre Linde n’a jamais cessé de grimper – l’entreprise publie au contraire des résultats en hausse chaque année. Ce leader mondial des gaz industriels et de l’ingénierie réalise un bénéfice net de 4 milliards de dollars, pour un chiffre d’affaires de 30 milliards environ, ce qui lui permet d’offrir un dividende trimestriel alléchant. Linde ne s’occupe pas uniquement d’hydrogène et pour l’instant, son hydrogène n’est pas tout à fait vert. Aucune explosion du cours n’est donc prévue à brève échéance, d’autant que celui-ci tient déjà compte des qualités de l’entreprise – même maintenant, l’investisseur paie plus de 27 fois le bénéfice escompté pour 2023. Ceci étant, Linde ne déçoit que rarement, voire jamais ; il s’agit en d’autres termes d’une action défensive, à acquérir pour longtemps.
Risque élevé
Plusieurs émetteurs d’ETF se sont lancés sur le marché florissant de l’hydrogène, majoritairement en 2022. Les ETF permettent d’investir d’une manière diversifiée et sur le long terme ; ce qui ne veut pas dire que leurs cours n’ont pas eux aussi (fortement) baissé l’an dernier, avant de se redresser, en tout cas jusqu’à présent. Nous en avons sélectionné trois:
1. L&G Hydrogen Economy ETF (capitalisation boursière d’environ 560 millions d’euros) est le leader des trackers sur l’hydrogène. Il est actif depuis février 2021, ce qui fait de lui un des ETF les plus anciens sur le marché. Il cherche à répliquer l’évolution du Solactive Hydrogen Economy Index NTR. Le risque est judicieusement réparti – des valeurs comme Air Liquide figurent parmi ses cinq premières positions. Son coût est fixé à 0,49%. Avec un résultat de -37% (-43% depuis sa création), 2022 fut pour l’ETF une année noire, mais la progression enregistrée depuis janvier mérite d’être saluée.
2. BNP Paribas Easy ECPI Global ESG Hydrogen Economy UCITS ETF réplique l’évolution de l’indice ECPI Global ESG Hydrogen Economy. Nous l’avons intégré dans notre sélection car il est le moins cher de tous les ETF sur l’hydrogène (0,30% de frais courants et 0,18% de frais de gestion).
3. VanEck Hydrogen Economy UCITS ETF est disponible en euro, en dollar, en livre sterling et en franc suisse. En plus d’être un des trackers les plus anciens (mars 2021), il est un des plus grands. Il réplique l’évolution du MVIS Global Hydrogen Economy ESG Index. Il a cédé 35% l’an passé, et 24% depuis sa création, mais affiche cette année une remontée à deux chiffres. A près de 11%, Plug Power (voir infra) est sa position la plus importante. Quant à Air Liquide et à Linde, elles font partie de ses 10 premières participations.
Risque très élevé
1. Plug Power
Renault a créé avec Plug Power une joint-venture baptisée Hyvia, qui produit des fourgonnettes à moteur à hydrogène vert. Hyvia exploite à Flins, en Ile-de France, une usine où sont assemblées et testées des piles à combustible basées sur la technologie avancée de Plug Power. Plug qui, selon ses propres termes, apporte à une clientèle située dans le monde entier les avantages d’un écosystème d’hydrogène vert de bout en bout – de la production, du stockage et de la livraison à la production d’énergie. Créée en 1997, l’entreprise se présente comme un leader de l’économie de l’hydrogène vert. Elle a achevé l’exercice 2022 sur des pertes (460 millions de dollars) légèrement inférieures à son chiffre d’affaires (502 millions), deux postes qui progressent chaque année aussi spectaculairement l’un que l’autre. L’action a marqué le pas ces deux dernières années mais avant cela, elle avait progressé de 3.640% en 10 ans. Plug Power est un titre prometteur, mais réservé à l’investisseur conscient du risque.
2. ITM Power
Le britannique ITM Power se présente comme le leader mondial de la technologie de l’hydrogène vert. Il a déjà signé cette année deux contrats, dont chacun porte sur la vente à Linde Engineering de 100 MW d’électrolyseurs PEM (Proton Exchange Membrane). Ces deux centrales seront alimentées par de l’éolien offshore de la mer du Nord. L’action ITM Power a largement profité en 2020-2021 du battage médiatique qui entoure l’hydrogène – son cours s’était à un moment donné envolé de 2.300%, avant de chuter de 66% l’an dernier, d’où une perte opérationnelle 10 fois supérieure au chiffre d’affaires. Si l’on s’en réfère aux objectifs de cours des analystes (198 pence, contre un cours boursier de 105 pence), le potentiel est assez important, mais il faudra faire preuve de patience et rien évidemment ne garantit que l’objectif sera atteint.
3. PowerCell
Avec sa technologie de piles à combustible qui convertit l’hydrogène en énergie électrique, le suédois PowerCell aide ses clients à atteindre leurs objectifs d’émission nulle, un argument de vente à l’évidence essentiel pour eux. PowerCell propose notamment un système de piles à combustible qui alimente les navires en électricité sûre, silencieuse et sans émission. Le groupe perd toujours une demi-couronne pour chaque couronne gagnée. Son action a affiché une hausse phénoménale en 2020 et 2021, avant de se replier l’an dernier. Pour l’investisseur conscient du risque.
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