L’exception japonaise

Kazuo Ueda © Getty Images
Danny Reweghs
Danny Reweghs Journaliste

En dépit de ses atouts, le marché boursier japonais ne suscite guère d’intérêt à l’étranger. Nous conseillons de privilégier ses petites valeurs.

Parmi les grandes places boursières, c’est Tokyo qui a affiché la meilleure performance sur les deux dernières années, avec un rendement total d’environ 15%, à savoir plus de 10% de hausse des indices boursiers et plus de 4% en rendement de dividendes sur la base de la performance des deux indices phares, le Nikkei et le Topix.

A titre de comparaison, le rendement total d’un investissement dans les indices Standard & Poor’s (S&P) 500 et Nasdaq a été négatif (-1%); le S&P 500 a perdu un peu plus de terrain, mais son rendement du dividende moyen a été plus élevé. La comparaison avec le Bel 20 est encore plus douloureuse, puisque l’indice belge a affiché un rendement de -13,5% sur les deux dernières années. Bien sûr, si l’on convertit tous les rendements en euros ou en dollars, le marché boursier japonais est moins florissant, car le yen n’a manifestement pas brillé sur la période, mais cela a contribué à doper la Bourse de Tokyo.

En dépit d’une hausse “spectaculaire” du rendement à 10 ans, qui, proche de zéro il y a deux ans, a grimpé à 0,85%, l’inflation se situe toujours autour de 3%, un niveau sensiblement similaire à celui de l’Union européenne et des Etats-Unis. Cependant, les taux d’intérêt à long terme restent loin derrière ceux du reste de la sphère occidentale. Malgré le passage de témoin entre Haruhiko Kuroda, à la barre depuis 10 ans, et Kazuo Ueda (voir photo), la Banque du Japon ne va pas changer radicalement le cap de sa politique monétaire: le contrôle des taux d’intérêt à long terme est maintenu et la hausse sera progressive. Un taux d’intérêt à long terme supérieur à 1% semble pour l’instant à exclure.

Cette politique implique que les obligations japonaises résistent moins bien à l’inflation que les européennes et les américaines. Les taux d’intérêt réels se situent toujours à -2%, alors qu’ils sont clairement positifs de part et d’autre de l’Atlantique (1 à 1,5%), où les obligations font de nouveau concurrence aux actions.

De nombreux atouts

Au niveau des entreprises, toutefois, des mutations importantes sont à l’œuvre. Ainsi l’actionnaire est-il de plus en plus au centre des préoccupations. Les entreprises japonaises disposent, en moyenne, de liquidités importantes par rapport à leur endettement; elles les reversent de plus en plus sous la forme de dividendes ou de rachats d’actions.

Et pourtant, le marché boursier japonais ne suscite guère d’intérêt à l’étranger. Mais il y a une exception notable: Warren Buffett, qui, par l’intermédiaire de son véhicule d’investissement Berkshire Hathaway, a acheté cinq sogo shosha ou sociétés commerciales japonaises (Itochu, Marubeni, Mitsubishi Corp, Mitsui & Co et Sumitomo Corp).

Globalement, le marché boursier japonais a donc déjà largement rattrapé son retard. C’est pourquoi nous conseillons de privilégier ses petites valeurs, par exemple par le biais de l’ETF M&G Japan Smaller Companies Fund.

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