Les constructeurs automobiles allemands en crise
Les actions des constructeurs automobiles allemands ont chuté. Si les nouvelles s’améliorent – songeons à l’annonce récente d’un important plan de relance en Chine –, les cours devraient repartir à la hausse.
L’annonce, récemment faite par Volkswagen, de son intention de fermer des usines et de licencier sur son marché domestique, a provoqué un véritable choc. Le groupe emploie plus de 120.000 personnes en Allemagne. Pour certains observateurs, au contraire, l’assainissement n’a que trop tardé.
Deutsche Bank, par exemple, constate que la production de l’industrie automobile allemande a ralenti de près de 23 % depuis les sommets précédemment atteints, alors que l’emploi n’a diminué que de 8 %. Elle qualifie cette baisse de productivité d’en partie structurelle et d’en partie due au passage à la conduite électrique. Les investissements dans les nouveaux modèles sont, il est vrai, extrêmement coûteux, alors que la demande, en Europe, progresse cette année beaucoup plus lentement que prévu.
En Chine, les constructeurs allemands perdent rapidement du terrain, au profit d’acteurs locaux. Leurs voitures rechargeables sont trop chères, tandis que des groupes comme BYD ou SAIC réagissent rapidement aux tendances locales et offrent des produits d’une qualité souvent supérieure. Les investisseurs craignent que le déclin des marques allemandes là-bas ne se poursuive, du moins un temps, et les récents avertissements sur bénéfices de BMW, Porsche, Mercedes-Benz et Volkswagen tendent à leur donner raison.
La marge d’Ebit (bénéfice d’exploitation/chiffre d’affaires) se situe entre 6 % et 7 %, contre 8 % à 10 % naguère. Selon UBS, les avertissements sur bénéfices sont principalement dus à la concurrence chinoise, et les constructeurs allemands n’auraient pas encore bu le calice jusqu’à la lie. Le retour à la marge stratégique de 8-10 % ne serait pas pour demain.
La Chine, déterminante
La Chine déterminera l’avenir de l’industrie automobile allemande, une constatation qui porte préjudice à ses cours. La part de marché des constructeurs internationaux est tombée de 63 % en 2020 à 37 % cette année. Simultanément, celle des voitures électriques en Chine passait de 6 % à 41 % : les Chinois préfèrent à l’évidence les modèles électriques fabriqués chez eux.
Des trois principaux constructeurs allemands, c’est BMW qui est le plus exposé à ce grand pays d’Asie, où il réalisera 48 % de ses bénéfices avant impôts cette année. Pour Mercedes-Benz, le chiffre est de 37 % et pour Volkswagen, de 30 %. Volkswagen, qui n’a pas de pouvoir de fixation des prix sur le marché de masse chinois, a en outre pris du retard sur l’introduction de nouveaux modèles électriques.
Guerre des prix
Par rapport à l’exercice 2021, qui s’était achevé sur des résultats record, les ventes de BMW en Chine n’ont pas cédé plus de 3 %. Mercedes a enregistré une perte de volume de 4 % depuis le sommet atteint en 2020. Ce n’est que dans le segment haut de gamme (65.000 euros et plus) que ces deux marques ont encore peu à craindre de la concurrence locale. Que la part de marché de l’électrique dans ce segment plafonne à 10 % n’a rien d’étonnant : les Chinois considèrent la voiture rechargeable non pas comme un symbole de statut social, mais comme un choix bon marché. C’est pourquoi maints acteurs proposent des remises importantes. BMW et Mercedes ne suivent pas le mouvement, ce qui pèse sur leurs volumes. Mais préserve leurs marges bénéficiaires.
Bénéfice de la crise
Avec cette crise, les actions des constructeurs allemands ont chuté. Si les nouvelles s’améliorent – songeons à l’annonce récente d’un important plan de relance en Chine –, les cours devraient repartir à la hausse. Sur le plan stratégique, BMW et Mercedes emportent toujours notre préférence. Elles se négocient à moins de cinq fois le bénéfice escompté pour 2025. Le titre Volkswagen est moins cher encore, mais l’exposition du groupe au marché de masse et la détérioration de sa position concurrentielle dans le Céleste Empire le justifient. Pour l’investisseur value, confiant dans un rétablissement de la situation.
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