Les cibles néerlandaises de 2025
Par rapport aux années précédentes, 2024 a été plutôt calme sur le front des fusions et acquisitions. Les valorisations étant désormais relativement faibles, le mouvement devrait commencer à s’accélérer.
En 2024, seules Brill et Lucas Bols ont quitté la Bourse et PB Holding a, récemment, fait l’objet d’une offre. Alors qu’Euronext Amsterdam multipliait les fusions et acquisitions pendant une grande partie de l’année 2023, l’activité, à l’échelon mondial, ralentissait depuis le début de 2022. Des coûts de financement toujours élevés, des valorisations tendues et le climat géopolitique freinaient les velléités d’achat. Le dernier trimestre de 2024 fut en revanche le théâtre d’un rebond dans le monde entier ; Amsterdam devrait suivre le mouvement, même si un retournement de situation n’est jamais à exclure. Voici notre sélection de cibles pour cette année. Certaines sont connues, d’autres, nouvelles ; celles précédemment évoquées restent bien entendu sur la liste.
Cible 1 : ABN Amro
ABN Amro est en lice depuis bien longtemps. L’Etat néerlandais, qui a continué à réduire sa participation dans la banque (40,5 % actuellement), ne cache pas son intention de s’en défaire un jour totalement. Au sein du système bancaire européen, ABN Amro est jugée à la fois très petite et très grande. La prise, par l’italien UniCredit, d’une participation de 9 % dans l’allemande Commerzbank, a accéléré le mouvement de consolidation du secteur européen l’an dernier. Au vu du niveau encore élevé de fragmentation, la Commission européenne encourage les fusions et acquisitions transfrontalières (aux Pays-Bas, au contraire, la concentration est déjà réelle). En partie du fait de la participation dont dispose l’Etat, ABN Amro est assez faiblement valorisée. Son enviable position sur le marché hypothécaire néerlandais peut être un atout également. BNP Paribas a déjà été évoquée comme acheteuse potentielle et Deutsche Bank est une candidate plausible elle aussi.
Cible 2 : AMG
Tout comme le reste du secteur, le producteur de métaux spéciaux AMG a beaucoup souffert de l’effondrement des prix du lithium. Ce métal, abondamment présent dans les batteries de véhicules électriques, est de loin le principal produit d’AMG. Le ferrovanadium, lui aussi précieux pour l’entreprise, est coté à son plus bas niveau depuis 2017. Si nous évoquons AMG dans le contexte des rachats, c’est en grande partie à la suite de l’acquisition d’Arcadium Lithium par Rio Tinto, en octobre dernier, opération pour laquelle le géant minier australo-britannique a déboursé une prime de 90 %. AMG a beau être un intervenant mineur, il possède des mines de lithium intéressantes, aux faibles coûts d’extraction. En acquérant Arcadium Lithium, Rio Tinto s’est donné les moyens de profiter de la reprise des prix du lithium, garantie vu l’inéluctable transition énergétique. La valorisation d’AMG est à peu près la même que celle d’Arcadium Lithium avant que Rio Tinto ne fasse offre.
Cible 3 : B&S
Ce grossiste est sur notre liste depuis un certain temps déjà. Son fondateur, actionnaire principal (67,2 %) et ancien CEO Willem Blijdorp avait déjà fait offre, que le conseil des commissaires avait rejetée. Le titre souffre du déclin des marges bénéficiaires et de l’endettement excessif de l’entreprise. Les résultats des différents segments sont très disparates. La distribution de boissons (23 % du chiffre d’affaires) est en perte à cause d’une inadéquation entre l’offre et la demande, surtout en Asie. Les produits de soin (19 %) ont, eux, achevé le premier semestre de l’exercice sur une marge d’Ebitda (cash-flow opérationnel/chiffre d’affaires) de non moins de 13 %. Si un acquéreur scindait B&S et en allégeait la dette, il créerait très certainement de la valeur.
Cible 4 : Fugro
L’action Fugro a chuté de 25 % depuis la publication des résultats du troisième trimestre, le 1er novembre. Les projets aux Etats-Unis et au Proche-Orient accusent du retard. L’Asie, elle, se porte bien, et le carnet de commandes est épais. Avec le retour de Donald Trump au pouvoir, les parcs éoliens pourraient être moins demandés ; à plus long terme toutefois, le travail ne manquera pas, en particulier dans le segment de l’éolien marin.
Cible 5 : JDE Peet’s
Le revers subi par le cours de JDE Peet’s a incité JAB à racheter, il y a deux mois, les 18 % dont Mondelez disposait encore dans le fabricant de café. L’actionnaire principal a mis sur la table 25,10 euros par action, soit une prime de 32 %. Le titre s’est alors subitement redressé, avant de retomber tout aussi brutalement. JAB, qui détient désormais 68 % des actions JDE Peet’s, pourrait sans doute faire offre pour le reste. Le holding avait déjà retiré DE Master Blenders 1753 (Douwe Egberts) de la cote en 2013.
Cible 6 : NSI
Le spécialiste néerlandais de l’immobilier de bureaux a fait parler de lui en 2024, quand il a conclu un étroit partenariat avec First Sponsor Group, qui détient 14 % de ses actions. NSI va devoir commencer à convertir des bureaux en logements, et l’expertise du promoteur immobilier et investisseur basé à Singapour va lui être très utile dans ce cadre. En plus d’avoir promis d’approuver les comptes annuels et la politique de rémunération, par exemple, First Sponsor s’est engagé à ne pas faire offre hostile sur son partenaire néerlandais. L’un et l’autre souhaitent à l’évidence profiter de la création de valeur future sans ingérence de tiers. Reste que si l’action NSI devait céder trop de terrain ou si un tiers venait à se manifester, nous n’excluons pas que First Sponsor émette une offre sur l’intégralité du groupe immobilier, dont le cours est inférieur de 43 % à la valeur comptable alors que le marché néerlandais des bureaux semble avoir atteint son étiage.
Cible 7 : SBM Offshore
Cet exploitant de plateformes (pétrolières) flottantes en eaux profondes (FPSO) a de nouveau revu son chiffre d’affaires et ses bénéfices prévisionnels à la hausse. Son pôle leasing est florissant et la vente de deux FPSO à ExxonMobil est révélatrice de l’importance de la demande. Le carnet de commandes est donc bien fourni. Considérant depuis longtemps que le titre est largement sous-valorisé, la direction a mis en place deux programmes de rachat d’actions, qui permettront à sa performance totale d’atteindre rapidement 10 % (rendement en dividende actuel : 6 %). Le holding HAL détient 20 % des titres ; lui qui dispose d’un compte d’épargne aussi bien garni que peu rentable ne manquera pas de s’intéresser de près à l’opération.
Conclusion
Rappelons que le calendrier des reprises n’est jamais prévisible et que la prime est souvent davantage un bonus que la principale raison d’investir dans une cible. Dans notre liste, nous assortissons AMG, Fugro, NSI et SBM Offshore d’une recommandation d’achat.
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