Les animaux de compagnie, un marché de croissance stable et à l’abri des récessions
Le marché mondial des produits et services liés aux animaux de compagnie devrait passer de 235 milliards de dollars en 2022 à 369 milliards en 2030, dont 79,5 milliards rien qu’en Amérique du Nord. Voire plus, dit l’American Pet Products Association.
Dans le monde occidental, sept ménages sur 10 possèdent un animal de compagnie. Ce segment constitue un marché de croissance certain, stable et à l’abri des récessions – un marché auquel les confinements ont de surcroît donné un véritable coup de fouet. Selon l’American Pet Products Association (APPA), le nombre de propriétaires d’animaux de compagnie a bondi de 9,8 % par an entre 2020 et 2022 ; à titre de comparaison, la progression était de 4,7 % l’an entre 2009 et 2019.
Différences marquées
D’après le fournisseur de données Fortune Business Insights, le marché mondial des produits et services liés aux animaux de compagnie devrait passer de 235 milliards de dollars en 2022 à 369 milliards en 2030, dont 79,5 milliards en Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada, donc). L’APPA n’est pas tout à fait d’accord avec ces montants, puisqu’elle calcule qu’aux Etats-Unis, les dépenses sont passées de 90,5 milliards de dollars en 2018 à 136,8 milliards l’an dernier. Ces différences marquées s’expliquent par la difficulté à définir ce qu’est précisément un animal de compagnie – pour un chien ou un chat, les choses sont claires, mais que dire des quelques moutons que peuvent posséder certains particuliers ? Quant à l’assurance, faut-il l’inclure dans les calculs ? Le marché européen, enfin, est estimé à plus de 40 milliards de dollars.
Tendances
Ce qui intéresse le plus les investisseurs, ce sont les tendances. Et là, les estimations sont davantage unanimes. Le secteur devrait progresser de 6 % environ d’ici à 2030. Il convient de noter qu’en plus d’avoir temporairement fait s’envoler le télétravail, le Covid-19 a induit un changement structurel : comme énormément de gens restent désormais à la maison plusieurs jours par semaine, le problème des absences répétées se pose moins. Par ailleurs, plus de la moitié des dépenses sont consacrées à la nourriture et 15 % environ, aux soins vétérinaires. A cela s’ajoutent d’autres postes encore, comme les jouets, la laisse ou le toilettage.
A l’investisseur qui cherche à surfer aisément sur la tendance, nous recommandons le tracker ProShares Pet Care ETF (PAWZ). Intéressant lui aussi, le Rize Pet Care ETF (PETZ) n’est malheureusement plus disponible depuis décembre. Précisons toutefois que le PAWZ inclut également des sociétés spécialisées dans d’autres choses que des animaux de compagnie. Nous suggérons en outre les trois acteurs prometteurs qui suivent.
Conseil 1 : Pet Valu Holdings
Avec ses 18 % de part de marché, Pet Valu Holdings est le plus grand détaillant de produits pour animaux de compagnie du Canada, marché auquel le groupe se consacre exclusivement, après s’être séparé de ses points de vente américains. Il propose cinq gammes de produits (Tisol, Bosley’s, Paulmac’s, Total Pet, Pet Valu). L’accent est mis sur le segment supérieur, dont la croissance est du reste la plus vigoureuse. Son service de conseil expert assure à Pet Valu un surcroît de valeur ajoutée. La gamme se concentre principalement sur les “vrais” animaux de compagnie – chiens, chats, oiseaux, poissons, petits animaux comme les lapins et les cochons d’Inde, et même les reptiles. Elle compte quelque 7.000 produits, dont 1.500 ne sont distribués que par Pet Valu ; ces articles sont proposés dans plus de 750 points de vente, dont 70 % sont gérés par des franchisés. Ils sont bien entendu disponibles en ligne également. De nombreux magasins proposent aussi du toilettage – complet, en libre-service, ou les deux. Pet Valu, qui envisage de s’étendre à plus de 1.200 magasins, a déjà plus de 600 emplacements en vue. Là aussi, l’accent sera mis sur les franchisés. Ce n’est pas l’intérêt qui manque : 1.400 demandes de prise en franchise ont été adressées au groupe en 2022. Le chiffre d’affaires par magasin est appelé à augmenter également. Il progresse de 12 % par an en moyenne depuis 2016 ; en 2018, l’exercice le plus poussif, il a tout de même atteint un appréciable 7 % par point de vente.
Pet Valu promet de demeurer un acteur stable, dont le nombre croissant de magasins et l’augmentation du chiffre d’affaires par magasin existant vont de surcroît déboucher sur une belle progression des revenus et des bénéfices au cours des années qui viennent. La capitalisation boursière s’établit à 2,2 milliards de dollars canadiens (CAD) ; le chiffre d’affaires devrait avoir atteint 1,1 milliard CAD en 2023 et, avec un rapport cours/bénéfice (C/B) estimé à 19 pour 2024, la valorisation est raisonnable.
Conseil 2 : Pets at Home Group
Le britannique Pets at Home Group intéressera tout particulièrement les investisseurs en dividendes. De 4,3 % actuellement, le rendement en dividende devrait en principe régulièrement augmenter. Pets at Home fournit lui aussi des produits pour animaux de compagnie, assortis de conseils. Il dispose de 457 magasins physiques, dont les 339 points de toilettage font partie du service, ainsi que de boutiques en ligne. Des produits d’assurance sont également commercialisés. Contrairement à Pet Valu, Pets at Home organise une division vétérinaire et une division “télésanté”, qui prodigue des avis vétérinaires en ligne. La plupart des cabinets sont très proches des magasins physiques.
C’est justement l’activité vétérinaire qui a fait perdre à l’action plus de 20 % depuis le 7 septembre dernier : ce jour-là, la Competition and Markets Authority (CMA), l’autorité britannique chargée des marchés et de la concurrence, a entamé une enquête d’envergure nationale visant à vérifier le rapport qualité-prix de ces cabinets vétérinaires ; la CMA se demande également si le rachat de petits acteurs par de grandes chaînes n’entraîne pas un rétrécissement du choix et une augmentation des prix pour les clients. L’action est valorisée comme s’il était d’ores et déjà certain que l’analyse serait préjudiciable à l’entreprise, dont le ratio C/B ne dépasse pas 13, alors qu’elle annonce, à terme, une croissance de 7 % de son chiffre d’affaires et de 10 % de ses bénéfices. Si l’on ajoute à cela le dividende (4,3 %), il est clair que le titre intègre maints revers potentiels.
Conseil 3 : Freshpet
Freshpet propose de la nourriture fraîche, faite d’ingrédients naturels et sans conservateurs, pour chiens et chats. Les aliments sont préparés par petits lots, à des températures plus basses que d’habitude, pour en préserver les nutriments. Comme il s’agit de produits frais, ils doivent être conservés au réfrigérateur. Fondée en 2004, Freshpet compte aujourd’hui plus de 33.500 réfrigérateurs placés dans de grandes chaînes américaines, comme Walmart, Target ou encore Wholefoods.
L’entreprise connaît une croissance fulgurante. Il faut dire que le nombre de propriétaires d’animaux séduits par ses produits est passé de 5,6 millions en 2019 à 11,3 millions l’an dernier. Durant cette même période, le montant moyen dépensé s’est envolé de plus de 50 %. La croissance devrait selon toute probabilité rester extrêmement vigoureuse. Freshpet estime que son chiffre d’affaires a atteint 755 millions de dollars en 2023, et s’établira à 1,8 milliard en 2027. Ce qui devrait également contribuer à améliorer ses marges, puisque l’entreprise s’attend par exemple à vendre plus par magasin, et à disposer de davantage de points de vente par région, au détriment des frais de transport moyens par produit. Le groupe est encore déficitaire, mais la croissance de son chiffre d’affaires, combinée à l’augmentation des marges, devrait finir par inverser la tendance. L’action mérite donc que les investisseurs disposant d’un horizon long s’y intéressent. Il n’est par ailleurs pas à exclure qu’un acteur majeur fasse offre, pour renforcer son propre portefeuille. En 2018, le groupe agroalimentaire General Mills avait proposé 8 milliards de dollars pour racheter Blue Buffalo ; or la capitalisation boursière de Freshpet est de 4 milliards de dollars.
“Humanisation”
Les entreprises spécialisées adorent parler d’”humanisation”. Alors qu’autrefois, les chiens vivaient dehors, dans une niche, et se contentaient de restes, ils sont peu à peu devenus des animaux d’intérieur, dont la nourriture s’achète en magasin. En partie peut-être grâce à un marketing efficace, les animaux de compagnie sont désormais considérés comme des “membres de la famille”. Aux Etats-Unis, on parle de moins en moins de pet owners (propriétaires d’un animal de compagnie) et de plus en plus de pet parents (parents d’un animal de compagnie). Et la famille, bien sûr, mérite ce qu’il y a de mieux… un adage que les entreprises ne manquent pas de rappeler, ce qui réserve au secteur, et tout particulièrement aux marques haut de gamme, un avenir radieux.
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