Le retour des petites et des moyennes capitalisations
Plus faiblement valorisées aujourd’hui, les petites entreprises sont encore plus susceptibles d’être rachetées que par le passé.
Les petites et les moyennes capitalisations, c’est-à-dire les actions dont la capitalisation boursière est inférieure à 1 milliard et à 10 milliards d’euros respectivement, suscitent toujours la méfiance. Ces dernières années, les investisseurs leur ont clairement préféré les très grandes entreprises, telles qu’Apple, Microsoft et NVIDIA, ainsi que les mégacapitalisations européennes, comme ASML et LVMH.
Rendements supérieurs à la moyenne
Or, nombre de petites et de moyennes capitalisations offrent des opportunités d’investissement intéressantes. Sur de longues périodes, elles produisent des rendements supérieurs à la moyenne.
Aux Etats-Unis comme dans plusieurs pays d’Europe, les petites et les moyennes entreprises tendent à sous-performer en Bourse, ces dernières années. Le sentiment négatif à l’égard des petites d’entre elles tient au fait qu’elles sont généralement plus sensibles à l’inflation et à la hausse des taux d’intérêt parce qu’elles affichent souvent de moins bons bilans et ont davantage besoin de financement que les grandes. En outre, les petites entreprises disposent souvent d’un plus faible pouvoir de fixation des prix que les grandes.
Les actions de petites entreprises méritent néanmoins que les investisseurs privilégiant le long terme s’y intéressent. Avant tout pour leur plus grand potentiel de croissance. Il est plus facile pour ces entreprises de multiplier par deux leur chiffre d’affaires que pour les très grandes. Ajoutons que les petites et les moyennes capitalisations font l’objet de bien moins d’échanges sur les marchés boursiers et que souvent, peu d’analystes les suivent.
Risque plus élevé
Par conséquent, un investissement dans ce segment comporte plus de risques. On peut donc en attendre des rendements plus importants. Plusieurs études confirment que c’est le cas sur le long terme. Il en ressort aussi que les entreprises prometteuses à la croissance rapide entrent moins vite en Bourse en raison de réglementations plus strictes et que les véritables joyaux peuvent rester dans les mains d’acteurs du capital-investissement. Aussi l’engouement croissant pour l’investissement passif (en ETF) pourrait-il nuire durablement à la valorisation des petites entreprises. Dans la pratique, de plus en plus d’argent atterrit dans les grandes capitalisations par le biais de l’investissement passif. Les études montrent par ailleurs que les équipes dirigeantes des grandes entreprises sont généralement plus expérimentées et que les petites entreprises peuvent être plus durement touchées par les récessions et l’innovation disruptive.
Tous ces arguments sont valables, et semblent pris en compte par les cours des actions. Les ratios cours/bénéfice des petites capitalisations européennes, par exemple, sont aujourd’hui inférieurs de plus de 10 % à leur moyenne décennale et l’écart de valorisation entre les petites et les grandes valeurs est étonnamment élevé, tant aux Etats-Unis qu’en Europe.
Potentielles baisses des taux
Si plusieurs baisses des taux d’intérêt finissent par avoir lieu, le segment des petites et des moyennes capitalisations connaîtra des temps meilleurs. Il s’agira néanmoins de bien se renseigner sur elles et de bien répartir les risques. Nombre de petites et de moyennes entreprises étaient au départ de grandes capitalisations, mais les cours ont plongé, tantôt parce qu’elles n’ont pas réussi à produire suffisamment de liquidités, tantôt parce qu’elles étaient trop endettées.
Les acteurs du capital-investissement à l’affût
Par le passé, les petites entreprises ont régulièrement affiché des valorisations boursières plus élevées que les grandes entreprises, notamment parce qu’elles étaient plus susceptibles d’être rachetées. Compte tenu de leurs valorisations relativement faibles aujourd’hui, la probabilité qu’elles le soient est encore plus grande.
Selon Bank of America, les fonds de capital-investissement disposent d’un montant record de liquidités de 2.500 milliards de dollars au total, qu’ils investiront tôt ou tard. L’année dernière, sur la seule place d’Amsterdam, plus de 5 % des sociétés a disparu par suite d’un rachat.
Selon Bloomberg, la prime que les acteurs sont prêts à payer pour retirer des entreprises de la cote a considérablement augmenté au fil de ces dernières années : de 25 % à près du double, en moyenne. Cela confirme que de nombreuses petites actions ne sont pas valorisées comme elles le méritent.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici