Le plan de relance chinois dope le secteur du luxe

Un magasin Louis Vuitton à Hong Kong.

La Chine est le moteur de croissance des plus grandes maisons de luxe, qui souffrent de la frilosité des consommateurs chinois. Le plan de relance annoncé par Pékin a donc suscité l’euphorie sur les places boursières. Nous présentons quelques favoris du secteur.

Les segments haut de gamme de l’horlogerie, de la maroquinerie et des vins prestigieux ne sont généralement pas très sensibles au ralentissement conjoncturel. Toutefois, l’Asie, et en particulier la Chine, est le moteur de croissance des plus grandes maisons de luxe. Or, les affres du secteur immobilier chinois sapent la confiance des ménages, qui, depuis un certain temps déjà, consomment moins de produits de luxe occidentaux qu’auparavant.
Une embellie s’esquisse toutefois. Les dirigeants chinois souhaitent clairement résoudre la crise qui bride l’économie de leur pays et même atteindre leur objectif de croissance, fixé à 5 %. Ils ont donc imaginé un plan de relance sans précédent pour stimuler la consommation et stopper la chute des prix de l’immobilier urbain. Cette annonce a suscité l’euphorie sur les places boursières. Les actions européennes du secteur du luxe, en particulier, ont connu un rebond spectaculaire.

LVMH entre au capital de Moncler

De loin le plus grand groupe de luxe au monde, avec un chiffre d’affaires (CA) de 86 milliards d’euros pour un bénéfice net de 15 milliards d’euros, Moët Hennessy Louis Vuitton (LVMH) est très sensible à la conjoncture asiatique. La région Asie (hors Japon) a vu ses ventes chuter de 14 % entre avril et juin du fait de la frilosité des consommateurs chinois, compensée en partie seulement par l’amélioration des ventes au Japon, où se sont rendus en masse les consommateurs de l’empire du Milieu, attirés par la faiblesse du yen. Dans l’ensemble, la croissance organique du CA s’est limitée à 1 % ; le consensus tablait sur 3 %. Cela porte la croissance organique des ventes pour le premier semestre de l’année à 3 %. A 41,68 milliards d’euros, le CA du premier semestre a diminué de 1 % sur un an. Le bénéfice d’exploitation (Ebit) a même reculé de 8 % (dont 5 % imputable aux effets de change), passant de 11,57 à 10,65 milliards d’euros.
Plombé par les problèmes en Chine, le titre a abandonné 33 % depuis son sommet, pour s’établir autour de 600 euros. Au cours de la semaine écoulée, il a toutefois rebondi à 700 euros.
LVMH tire sa robustesse de la diversification de son portefeuille, avec des marques de maroquinerie et d’habillement (Louis Vuitton, Christian Dior…), de champagne (Moët & Chandon, Veuve Clicquot…), d’horlogerie (TAG Heuer…), ou encore de parfums et cosmétiques (Guerlain…). Son ratio cours/bénéfice est généralement très élevé (25 à 30) ; il était cependant retombé à 21 ces derniers mois. Capitalisant sur le regain d’enthousiasme vis-à-vis de la Chine, LVMH a annoncé son entrée au capital de la marque italienne Moncler, connue entre autres pour ses doudounes. LVMH ne se repose clairement pas sur ses lauriers.

Kering enthousiasme les marchés

Si toutes les valeurs du luxe ont rebondi, Kering a particulièrement profité de l’enthousiasme des marchés. Rappelons cependant que le titre avait perdu 41 % sur les 12 derniers mois. Kering, qui intègre notamment dans son giron Gucci, Yves Saint Laurent et Boucheron, est en quelque sorte l’antithèse de LVMH, puisqu’il dépend fortement d’une marque, Gucci (60 % du CA du groupe), et encore plus du marché chinois. Nous lui préférons donc LVMH, surtout pour le long terme.

L’Oréal reste solide

Le premier producteur mondial de produits de beauté et de cosmétiques, avec un CA annuel de 41 milliards d’euros, reste un modèle de stabilité, malgré la récente (légère) baisse du cours. On compare parfois L’Oréal à l’américain The Estée Lauder Companies, aussi actif dans le soin de la peau, le maquillage, le parfum et les soins capillaires, mais le groupe français affiche une qualité bien meilleure, qui a toutefois un prix : son ratio cours/bénéfice de 31 est élevé. En septembre, L’Oréal a pris une participation dans Abolis Biotechnologies afin de tirer parti de l’engouement pour les ingrédients biologiques. Dans le tumulte actuel, L’Oréal reste le favori du secteur européen du luxe.

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