Le délire NVIDIA

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Danny Reweghs
Danny Reweghs Journaliste

Bien supérieurs aux prévisions, les résultats de “l’action la plus importante du monde” (dixit Goldman Sachs) ont propulsé les marchés à la hausse. L’attention extrême portée par les investisseurs aux trimestriels de NVIDIA prouve la domination absolue des supercapitalisations technologiques américaines. Elle explique pourquoi ces valeurs se sont déjà remises du choc de 2022 et pourquoi leurs valorisations ont encore augmenté.

En fait, tout tourne autour de la nouvelle religion qu’est l’intelligence artificielle (IA). Si l’intérêt et les attentes dont l’IA fait l’objet depuis l’arrivée de ChatGPT sont typiques, ils sont, historiquement, relativement surprenants – rappelons que le nom “intelligence artificielle” fut inventé par John McCarthy, de l’Université de Stanford, en… 1956. L’engouement dont a fait l’objet l’Internet à la fin du XXe siècle s’avère, rétrospectivement, tout à fait justifié – comment, un quart de siècle plus tard, imaginer un monde sans lui ? Or il y a de fortes chances pour que dans quelques décennies, l’IA appelle à une conclusion similaire. Mais aujourd’hui, les choses vont si loin que l’on peut craindre la formation d’une nouvelle bulle, à l’instar de la bulle Internet du début du siècle. Peut-être aussi sommes-nous dangereusement proches de la fin d’une mégavague, comme lors de la crise bancaire du printemps 2009.

L’heure du remaniement

Les rendements annuels moyens enregistrés depuis lors à Wall Street sont historiquement très élevés. L’indice Standard & Poor’s 500 est passé de moins de 700 points à 5.000 points, soit un rendement, dividendes compris, de 806 %, ou de 15,8 % l’an en moyenne. Le Nasdaq (la Bourse technologique) affiche un rendement de 1.230 %, soit 18,85 % l’an. Vu son écart par rapport à la moyenne historique, ce chiffre est intenable. Si un choc survenait… Rappelons par exemple que les personnes investies dans Microsoft entre le début de 2000 et 2009 ont perdu 69 % de leur mise (rendement annuel moyen de -10,3 %) ; celles qui ont investi dans Amazon au début des années 2000 avaient, 20 mois plus tard, perdu 90 % de leur apport.

Mais d’autres possibilités existent. Au cours des 15 dernières années, les marchés émergents, les matières premières et l’or sont restés très à la traîne par rapport aux indices boursiers américains – le Bloomberg Commodity Index, par exemple, a progressé de 129 % (1,7 % l’an en moyenne) et les marchés émergents, de 89 % (1,5 %). Reste que quand, entre 2000 et 2009, Microsoft et autres valeurs technologiques se sont effondrés, le rendement annuel moyen des émergents s’est établi à 16,9 % et celui de l’or, à 18,85 %, soit exactement le même résultat que celui du Nasdaq entre 2009 et 2024. Entre octobre 2008 et mars 2009 (au plus fort de la crise financière), l’or a surperformé le S&P 500 de 48 %.

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