Le cinquième pilier de pension

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L’on peut se demander si la constitution d’une pension qui irait au-delà des dispositions officielles ne serait pas judicieuse également. Par quel bout appréhender le sujet? Ce petit guide en trois questions et un conseil devrait vous aider à y voir plus clair.

Le système des pensions belge repose sur trois piliers: la pension légale, la pension constituée, pour l’essentiel, par l’employeur, au titre de l’enveloppe salariale, et l’épargne-pension individuelle fiscalement avantageuse. Comme il contribue très largement à la sécurité financière des personnes retraitées, le domicile dont on est propriétaire est souvent qualifié de quatrième pilier.

L’on peut toutefois se demander si la constitution d’une pension qui irait au-delà des dispositions officielles ne serait pas judicieuse également. Par quel bout appréhender le sujet? Ce petit guide en trois questions et un conseil devrait vous aider à y voir plus clair.

Question 1: aurai-je besoin d’une pension complémentaire?

La nécessité de disposer d’une pension qui s’inscrira en sus des trois (ou quatre) piliers traditionnels dépendra de votre situation personnelle. La première chose à faire pour le savoir est d’aller consulter le site mypension.be, qui recense vos pensions légale et complémentaires. Voyez si les montants annoncés seront suffisants, compte tenu du patrimoine dont vous disposerez après votre départ à la retraite. Etablissez un tableau Excel, voire faites-vous aider par un planificateur financier, qui aura recours à un logiciel conçu à cet effet. Comparez naturellement vos revenus aux dépenses, mensuelles mais aussi, ponctuelles, prévues (pour un voyage autour du monde ou pour pouvoir gâter vos enfants et petits-enfants, par exemple). Si les revenus et les dépenses escomptées ne coïncident pas, mieux vaut effectivement songer à vous constituer une pension dite du cinquième pilier.

Question 2: vais-je me charger moi-même d’investir?

Vous pourrez soit gérer vous-même vos investissements, soit déléguer cette tâche à d’autres. Certains prestataires vous proposeront d’investir en toute autonomie, sans toutefois vous présenter beaucoup plus qu’une poignée de fonds maison. Si vous allez jusqu’à vouloir sélectionner vous-même les actions et obligations dans lesquelles vous investirez, il vous faudra généralement agir seul. Mais la plupart des professionnels vous proposeront de leur déléguer la gestion de vos investissements, par souci d’efficacité interne et externe – de peur que vous ne diversifiiez pas suffisamment votre portefeuille, par exemple, ce qui, dans le contexte de la constitution de pension, pourrait être catastrophique.

Question 3: comment sélectionner le bon prestataire?

Vous décidez de déléguer vos investissements? Reste à présent à savoir à qui. Passez un certain nombre d’éléments en revue, à commencer par les frais: plus ils sont bas, mieux c’est. Examinez également les rendements obtenus par le passé. Certains sites web sont totalement transparents à ce sujet, d’autres, pas du tout. Voyez aussi le nombre de produits que le prestataire vous permettra de sélectionner. La fiabilité des différents intervenants est un quatrième critère, qui concerne certes surtout les assureurs – pour les produits d’investissement, le risque est de toute façon supporté par le client. Songez également à l’opportunité de collaborer avec un conseiller financier: certains promoteurs de fonds ne sont en effet accessibles que par ce biais. Le conseiller pourra vous aider à le sélectionner, ainsi qu’à effectuer les choix relatifs aux quatre premières étapes.

Notre conseil: étalez vos achats dans le temps!

Si vous décidez de vous charger vous-même de la gestion de vos investissements, intégrez résolument les notions de discipline, de régularité et de long terme. Nous allons le répéter plusieurs fois au fil de cet article: investir dans des actions pour préparer son départ à la retraite n’est pas un sprint, mais un marathon.

Une erreur fréquente est celle qui consiste à démarrer trop vite. Les quelques premiers achats s’effectuent généralement avec prudence mais dès qu’ils se révèlent fructueux, tous les freins lâchent. La “chance du débutant” est addictive (‘‘si j’avais investi 2.000 euros au lieu de 1.000, j’aurais fait deux fois plus de bénéfices; mon compte d’épargne ne me rapporte de toute façon rien’’, est-il facile de se dire). Et hop!: en quelques mois, la majeure partie de l’épargne est investie en Bourse. Ce qui est pourtant l’erreur à éviter absolument quand on veut courir un marathon. Nous reviendrons sur cette question tout à l’heure, mais sachez que le fait de tout investir en une fois a des conséquences beaucoup trop importantes sur le rendement: il y a en effet de fortes chances que le moment choisi ne soit pas le bon.

Ne cherchez pas à anticiper les mouvements du marché

Que l’on soit novice ou expérimenté, timer le marché est extrêmement difficile. Divers événements en influencent les mouvements, dans un sens ou dans l’autre. Tous les experts, stratégistes et analystes ne seront jamais unanimes puisqu’il y aura toujours une élection, une saison des résultats, etc. à surveiller. Du reste, même si l’heure était à l’optimisme le plus fou, ce ne serait certainement pas le moment d’acheter: nous préférerions au contraire, dans une telle situation, nous trouver du côté des vendeurs.

Investissez régulièrement un même montant

En réalité, mieux vaut ne pas trop vous préoccuper de la question et surtout, ne pas la laisser guider vos décisions. Croyez-nous: il y a plus de profits ratés dans l’attente d’une baisse annoncée des marchés qu’à cause des corrections elles-mêmes. Septante pour cent des séances boursières se soldant par des bénéfices, une petite minorité seulement s’achève sur des pertes significatives.

L’approche la plus simple, que peu de gens appliquent pourtant, consiste à investir régulièrement – tous les mois ou tous les trimestres, en fonction des ressources dont on dispose – un montant toujours identique. Une chose doit en tout état de cause être très claire: il ne faut placer en Bourse que des fonds excédentaires, dont on n’a aucun usage immédiat. Rien d’autre. Conserver une épargne correspondant à six mois de salaire environ est toujours judicieux; pour le reste, on sait généralement rapidement quel montant peut être investi tous les mois ou tous les trois mois.

L’investisseur désireux de se constituer une retraite complémentaire devrait selon nous bien davantage se préoccuper de savoir dans quoi il va investir que s’il doit investir. Des valeurs phares traditionnelles comme Apple, ASML, Microsoft, LVMH ou Nestlé permettent d’aller déjà très loin. Or c’est souvent l’inverse qui se produit: on se plonge dans les analyses et les interviews pour tenter de repérer le moment d’acheter tel ou tel titre. Certes, certaines occasions sont plus propices que d’autres. Mais si, selon la tactique suggérée, vous investissez régulièrement, la question disparaît presque automatiquement, plus encore si vous investissez un montant toujours identique. Quand les marchés seront orientés à la hausse, vous achèterez moins d’actions mais dès qu’ils s’essouffleront, vous pourrez en acquérir beaucoup plus. L’aspect market timing s’éliminera donc entièrement, et vous pourrez constituer votre portefeuille de titres à des conditions en moyenne très raisonnables.

Maîtrisez vos émotions

Le tout, dans le cadre de cette stratégie, est d’échapper au biais émotionnel. Il faut à tout prix éviter de se laisser convaincre, par des perspectives particulièrement réjouissantes, de mobiliser plus d’argent que d’habitude en puisant dans une épargne… qui serait perdue en cas de correction. Mais il faut aussi avoir le courage d’investir la somme habituelle quand les mauvaises nouvelles se bousculent et que la situation prête au pessimisme le plus sombre. Car il s’avérera souvent que le moment était particulièrement propice à l’achat – un achat que l’on évite justement de faire dans un tel contexte, de peur de subir de nouvelles pertes.

Si vous ne deviez suivre qu’un seul conseil, que ce soit celui-là. La grande majorité des investisseurs pourraient augmenter considérablement le rendement moyen de leur portefeuille s’ils s’y tenaient. Ce qui est, étonnamment, rarement le cas.

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