L’Allemagne n’est plus ‘‘über alles’’

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Danny Reweghs
Danny Reweghs Journaliste

Ce n’est plus à Francfort que l’on peut espérer dénicher les meilleures performances européennes ces temps-ci.

Cette année, le championnat d’Europe de football se déroulera en Allemagne et le match d’ouverture opposera le pays hôte à l’Ecosse. Sur le plan footballistique, l’Allemagne est la nation européenne la plus titrée de l’après-guerre. Ce qui a valu au célèbre footballeur et analyste britannique Gary Lineker ce trait d’humour : ‘‘Le football est un jeu où 22 personnes courent, jouent avec un ballon […] et à la fin, l’Allemagne gagne toujours.’’ Reste que celle-ci n’a plus remporté aucune coupe d’Europe ou du monde depuis plusieurs années.

Erreur géostratégique

Sur le plan économique également, l’Allemagne a été de nombreuses années durant le véritable moteur de l’Europe, son vecteur de croissance par excellence. Mais là aussi, le tracteur a des ratés. L’invasion de l’Ukraine, tout particulièrement, a marqué un tournant. Après la catastrophe nucléaire de Fukushima, l’Allemagne avait décidé de s’affranchir de l’énergie nucléaire au profit des énergies vertes, mais aussi d’acheter énormément de gaz à la Russie. Une grave erreur géostratégique qui, en imposant à l’industrie (lourde) allemande des coûts énergétiques plus élevés que ceux de ses concurrents, a considérablement affecté la compétitivité du pays. Les secteurs de la chimie et de l’automobile, qui sont depuis tant d’années la fierté et la pierre angulaire de l’économie germanique, sont en pleine crise. Champions des véhicules diesel, les constructeurs automobiles allemands sont nettement moins présents et dominants dans le segment des voitures électriques.

Le DAX à la traîne

Pour l’investisseur, la situation n’est pas sans conséquence non plus. C’est ce que montre l’évolution du DAX, l’indice de référence de la Bourse de Francfort. Que nous ne tenterons même pas de comparer à l’indice boursier américain, mais bien plus modestement à l’Euro Stoxx 50. Entre 2009 et 2019, le DAX a largement battu l’indice vedette européen : +143,8 % de rendement (hausse du cours + dividendes) pour le DAX, contre +103,4 % pour l’Euro Stoxx 50, ou encore un accroissement de 9,3 % par an en moyenne pour l’un, de 7,3 % pour l’autre.

Mais cela fait cinq ans maintenant que le DAX est à la traîne, puisqu’il ne progresse plus que de 56,1 %, contre 76,0 % pour l’Euro Stoxx 50. Soit de 9,1 % par an en moyenne, contre 11,8 % pour l’indice européen. Le retard s’est surtout concentré sur ces deux dernières années, c’est-à-dire celles qui ont suivi l’invasion de l’Ukraine. En 24 mois à peine, l’écart a atteint 12 % (+29,8 %, contre +41,8 %). La plupart des valeurs chimiques et, plus encore, automobiles, ont plongé dans le rouge. Ce n’est donc plus à Francfort que l’on peut espérer dénicher les meilleures performances européennes ces temps-ci ; sauf peut-être pour ce qui est de Rheinmetall, entreprise active dans le secteur de la défense (+173 % sur deux ans).


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