La flambée des services parapétroliers
Après les sous-investissements chroniques de ces dernières années, la sécurité énergétique est menacée et un rattrapage s’impose. Or les investissements massifs réalisés par les compagnies pétrolières profitent en premier lieu aux prestataires de services parapétroliers, dont le taux d’utilisation des capacités progresse rapidement.
Après un passage à vide, le secteur pétrolier se porte à nouveau bien. Orientés à la hausse avant l’invasion de l’Ukraine déjà, les cours du pétrole et du gaz ont littéralement flambé du fait de la guerre. Une partie des bénéfices élevés générés par les compagnies pétrolières est reversée aux actionnaires, mais des montants astronomiques sont également investis dans de nouveaux forages. Les investissements mondiaux dans l’exploration et la production ont ainsi augmenté de 39% en 2022, pour atteindre 499 milliards de dollars, leur plus haut niveau depuis 2014.
Selon un rapport de l’International Energy Forum et de S&P Global Commodity Insights, les investissements vont devoir augmenter chaque année, pour atteindre 640 milliards de dollars d’ici 2030 si l’on veut éviter la pénurie de pétrole et de gaz; c’est 18% de plus que l’estimation faite par les mêmes chercheurs un an plus tôt, en premier lieu du fait de la hausse des coûts. Au total, même si la demande d’hydrocarbures ralentit et atteint un plateau, 4.900 milliards de dollars devront être engagés entre 2023 et 2030 pour répondre aux besoins du marché et assurer une offre suffisante de pétrole et de gaz.
Après les sous-investissements chroniques des dernières années, la sécurité énergétique est menacée et un rattrapage s’impose. Or les investissements massifs réalisés par les compagnies pétrolières profitent en premier lieu aux prestataires de services parapétroliers, dont le taux d’utilisation des capacités progresse rapidement, ce qui leur permet de louer et de vendre leurs équipements (plateformes de forage, navires) à des tarifs plus élevés. Cet effet de levier opérationnel dope directement les marges bénéficiaires.
Les acteurs parapétroliers cotés aux Etats-Unis ont vu leur cours progresser de 52% en moyenne en 2022. Les 25 plus grandes sociétés se négocient néanmoins 30% encore sous les niveaux d’il y a cinq ans. Le potentiel de progression reste donc important et une prise de bénéfices serait prématurée, d’autant plus que les acteurs du marché sont intimement convaincus que le cycle haussier ne fait que commencer et qu’il pourrait durer de nombreuses années. Nous faisons ici un point sur les recommandations émises précédemment et ajoutons deux nouveaux conseils.
Schlumberger, leader du marché
En sa qualité de numéro un mondial, Schlumberger (ticker: SLB) est parfaitement positionné pour bénéficier de ce nouveau cycle haussier. Le groupe s’est désendetté, a considérablement réduit ses coûts et cédé les activités les moins profitables ces dernières années, ce qui lui a permis de faire progresser ses marges. Il vise pour la période 2021-2025 une croissance annuelle moyenne de son chiffre d’affaires (CA) de plus de 15% et une augmentation du cash-flow opérationnel (Ebitda) de plus de 20% (25% cette année).
La direction estime que le redressement sectoriel devrait se poursuivre au-delà de 2025 et sera particulièrement marqué au Moyen-Orient et sur l’offshore, où les investissements abondent. Or le groupe génère 80% de son CA hors des Etats-Unis et 40% environ sur le marché offshore. Il prévoit plus de 500 milliards de dollars d’investissements sur les trois prochaines années, dont plus de 200 milliards en eaux profondes – c’est près du double des montants consentis en 2016-2019. Les nouvelles techniques rendent l’exploitation de ces gisements offshore intéressante dès que le baril de brut frôle les 50 dollars; un net reflux des cours pétroliers n’a donc pas d’effet direct sur les décisions d’investissement.
Schlumberger mise également sur les énergies propres, qui devraient contribuer au CA à hauteur de 3 milliards de dollars en 2030 et de 10 milliards au moins en 2040 (le CA de cette année s’élève à 28,1 milliards de dollars). L’action s’échange aujourd’hui à 20 fois le bénéfice, un rapport qui tombera sous 15 en 2025, mais restera correct. L’entreprise entend reverser aux actionnaires la moitié de son cash-flow disponible, en forte hausse, sous forme de dividendes et de rachats d’actions. L’action reste digne d’achat; nous la conservons dans le portefeuille modèle.
Net redressement de National Oilwell Varco
National Oilwell Varco (ticker: NOV) est leader mondial de la conception, de la fabrication et de la vente d’équipements et de composants utilisés dans le forage et la production de pétrole et de gaz: plateformes et engins de forage, navires-grues pour l’installation d’éoliennes en mer, etc. Grâce, notamment, à ses investissements importants sur les marchés internationaux et offshore, le groupe engrange de bons résultats; estimant que la période actuelle marque la première phase d’une reprise vigoureuse des investissements offshore, la direction table sur de nombreuses commandes au second semestre, surtout pour des équipements de forage en eaux profondes. Avec un rapport cours/bénéfice inférieur à 12 en 2024, l’action reste bon marché, justifiant une recommandation d’achat.
Tidewater double ses bénéfices
Depuis notre première recommandation d’achat, le cours de l’action Tidewater (ticker: TWD) a presque triplé. L’entreprise possède une vaste flotte de navires d’approvisionnement offshore, qui sont principalement loués à des sociétés pétrolières et gazières pour des périodes allant de trois mois à plusieurs années. Or ce type de navires manque avec l’essor de l’offshore, si bien que les tarifs de location ont augmenté de plus de 50% depuis la fin de l’année 2021 et que les marges bénéficiaires s’envolent. Le bénéfice d’exploitation de Tidewater a doublé cette année, tandis que le CA a progressé de plus de 50%.
Optimiste pour les années à venir, la direction estime que jamais le marché n’avait été aussi favorable. Les cabinets spécialisés jugent quant à eux que le marché continuera à croître à un taux annuel moyen de 10% jusqu’en 2027, alors que les navires disponibles ne suffisent pour l’instant pas à répondre à la demande. Malgré les possibles prises de bénéfice, le potentiel haussier nous semble encore vaste, car le rapport cours/bénéfice est inférieur à 6 pour 2025.
Hunting sort du rouge
Le britannique Hunting (ticker: HTG) fournit des produits et services connexes pour le forage pétrolier et gazier. Son carnet de commandes a plus que doublé en 18 mois, ce qui a permis à l’entreprise de sortir du rouge et d’amorcer une hausse durable. L’Ebitda va doubler sur l’exercice et devrait encore augmenter de 30% d’ici 2024. Le rapport cours/bénéfice modeste (10) pour 2024 assure à l’action un potentiel de redressement solide.
Afflux de commandes chez TechnipFMC
TechnipFMC (ticker: FTI) croule également sous les commandes; la direction table sur un cycle de marché très long. La société développe de nombreux produits pour les marchés offshore: arbres sous-marins, unités flottantes de production, stockage et déchargement… L’Ebitda devrait progresser de 35% environ en 2023 et 2024. Même si le cours a presque doublé en 2022, la hausse devrait se poursuivre, avec un ratio cours/bénéfice estimé à 10,5 pour 2025.
Impressionnant redressement de Weatherford
Le prestataire américain de produits et de services pour l’industrie pétrolière Weatherford (ticker: WFRD) connaît un redressement impressionnant. Après un dépôt de bilan en 2019, la nouvelle direction a assaini les comptes et les résultats s’améliorent. La marge d’Ebitda a flirté avec les 19% l’an dernier et devrait avoisiner 25% dans les années à venir. Weatherford réalise 75% de son CA en dehors de son marché national, les Etats-Unis, et est bien positionné au Moyen-Orient. Ses ventes augmentent de plus de 10% grâce à l’essor de ces marchés. Malgré l’envolée du cours, l’action affiche toujours une valorisation attrayante, à 12,5 fois le bénéfice attendu en 2024.
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