La Chine donne des ailes aux matières premières

© AFP via Getty Images
Danny Reweghs
Danny Reweghs Journaliste

Ces derniers mois, le ralentissement de l’économie mondiale a fait plonger les prix des matières premières. Cette tendance baissière semble toutefois stoppée net par le plan de relance sans précédent annoncé il y a peu par la Chine.

Nous sommes toujours convaincus que cette décennie sera celle des matières premières. Si toutes ne connaîtront pas forcément un essor spectaculaire, un grand nombre de métaux de base, de métaux précieux, de sources d’énergie et de produits de base (agricoles) vont voir leur cours s’apprécier – et pas seulement parce que la décennie écoulée a été dramatique. Les dix années qui l’avaient précédée avaient été marquées par une explosion des cours des matières premières, tirés par la croissance phénoménale de la Chine, qui représentait alors la moitié de la demande mondiale de certains produits. Las ! A peine les capacités de production accrues, l’Occident s’est retrouvé aux prises à une crise bancaire et la croissance chinoise a ralenti.

En termes d’offre, le scénario actuel est l’inverse de celui prévalant il y a 10 ans. Peu de capacités de production ont été développées du fait des cours planchers. Par ailleurs, la recherche de nouveaux projets miniers attrayants est devenue beaucoup plus ardue, les gisements les plus riches, dans des régions sûres, étant déjà exploités. Les opérateurs doivent donc se tourner vers des zones plus inaccessibles et/ou des pays moins stables. Les risques sont à l’avenant, comme le montre l’interruption par les autorités panaméennes de Cobre Panama, plus grand projet cuprifère de l’histoire récente (5 % du produit intérieur brut du Panama). L’offre pâtit donc du durcissement des conditions-cadres.

Un tableau toujours convaincant

En soi, offre limitée ne rime pas forcément avec hausse des prix, et encore moins tendance haussière soutenue. Pour cela, il faut simultanément que la demande augmente. De plus, sur le marché des matières premières, les tendances sont beaucoup plus erratiques et volatiles que sur les marchés d’actions et d’obligations, par exemple.
Toutefois, la transition énergétique est susceptible de changer la donne. Car le changement climatique nous pousse à l’action. Le rythme reste à déterminer, mais il est indéniable que des efforts doivent être entrepris et qu’ils nécessiteront des ressources supplémentaires : pour remplacer les véhicules à combustion par des véhicules électriques, voire, plus tard, propulsés à l’hydrogène, pour renforcer l’efficience énergétique de nos logements et de nos bâtiments… Pour l’instant, tous ces changements ne pourront avoir lieu sans un recours accru à de nombreux métaux de base, dont le cuivre, l’aluminium, le nickel, l’argent, l’uranium, ou encore le lithium.
D’un point de vue structurel, ce rapport entre l’offre et la demande devrait alimenter la hausse des cours des matières premières. Bien sûr, il faudra composer avec une conjoncture plus ou moins faste. Ces derniers mois, le ralentissement de l’économie mondiale a fait plonger les prix des matières premières. Cette tendance baissière semble toutefois stoppée net par le plan de relance sans précédent annoncé il y a peu par la Chine.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content