Investir pour un monde meilleur

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​Si la plupart des investisseurs institutionnels intègrent, dans une mesure plus ou moins importante, le développement durable dans leur politique d’investissement, ce n’est pas le cas des investisseurs privés : plus de 65 % s’affirment intéressés par l’investissement durable, et en particulier par le fait de contribuer à une économie durable, mais le pourcentage de ceux qui passent à l’acte est bien moindre. Or, des solutions existent.

Pourquoi investir de manière durable ?

Même les investisseurs qui privilégient le rendement peuvent faire des choix durables. Plusieurs études montrent que la performance des actions durables (ou socialement responsables) n’a rien à envier à celle de titres de sociétés moins axées sur la durabilité. Ainsi, l’indice durable MSCI World SRI, qui comprend des actions d’entreprises émettant peu de gaz carbonique, a largement devancé l’indice général MSCI World ces dernières années.
Selon la formule consacrée, les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Il n’en reste pas moins que le net différentiel de rendement plaide véritablement en faveur des actions durables. En outre, ces dernières affichent un plus faible profil de risque. Car n’oublions pas que le cadre environnemental, social et de gouvernance (ESG) a été conçu pour identifier les divers risques, en mettant l’accent sur la prévention du travail des enfants et des violations des droits de l’homme, le respect des lois et des réglementations ou encore l’adoption d’une gouvernance éthique. L’inclusion de caractéristiques ESG dans l’analyse d’une action permet de dresser un tableau plus global de l’entreprise, et donc d’esquisser des perspectives de rendement et de risque plus complètes.

Critères de sélection

Qui se constitue un portefeuille durable s’intéressera aux entreprises dont les bénéfices ont augmenté par le passé, et sont susceptibles d’encore progresser. Ces sociétés misent souvent sur un avantage concurrentiel unique, disposent de flux de trésorerie importants et sont prêtes à investir une part non négligeable de leurs bénéfices dans la recherche et le développement, afin d’accroître leur compétitivité. Les sociétés choisies auront intégré, plus que la moyenne, le développement durable dans leurs activités ; idéalement, ces sociétés se soucient de leur impact sur le monde. Les entreprises des secteurs les plus polluants (combustibles fossiles, aviation…) ainsi que celles qui ne respectent pas les droits de l’homme sont à exclure.


Composez votre portefeuille durable

Vous découvrirez dans l’édition papier n° 3 de Trends-Tendances 30 sociétés américaines et européennes dignes d’intégrer un portefeuille durable, dont l’allocation sectorielle suit, de manière assez souple, celle de l’indice mondial MSCI. Il s’agit d’entreprises à croissance rapide et à la valorisation élevée, mais aussi de titres axés sur la valeur. Les portefeuilles durables ont affiché d’excellents résultats sur les deux dernières années et demie, tant au niveau du rendement que du risque, devançant l’indice de référence (MSCI), mais avec une empreinte carbone de 70 à 90 % inférieure à celle de ce dernier, et avec un impact positif nettement plus fort.

Parmi nos 30 suggestions figure Sage. L’éditeur britannique de logiciels de gestion comptable et de planification des ressources d’entreprise se distingue par sa clientèle stable. La stratégie de croissance engagée il y a quelques années s’est traduite par l’acquisition d’éditeurs proposant des logiciels complémentaires. Sage a ainsi étendu sa gamme en vue de générer des revenus supplémentaires et gagner de nouveaux clients. Sur le plan écologique, Sage entend réduire son empreinte, mais aussi aider sa clientèle à adopter des processus plus durables, grâce au Sustainability Hub.

Palo Alto Networks, qui propose des logiciels de cybersécurité aux entreprises, est également un candidat de choix pour un portefeuille durable. En plein essor quoique créée récemment, l’entreprise investit massivement pour relever son chiffre d’affaires par client.

Du fait de leur forte croissance, qui plus est stable, ces deux entreprises affichent des valorisations élevées. Mais le secteur informatique regorge de candidats moins onéreux, à l’instar de HP ou d’Infineon. Ce dernier, l’un des principaux fabricants de semi-conducteurs, profitera des investissements dans la transition énergétique et de la généralisation des véhicules électriques. Les montants investis dans un monde plus vert ont légèrement reculé en raison de la hausse des taux.

Le secteur financier compte aussi un certain nombre de candidats, notamment parmi les assureurs, qui ont une empreinte carbone faible et peuvent s’engager dans la durabilité via leurs investissements. Parce que le secteur affiche une croissance modeste et que début 2023, Silicon Valley Bank et Credit Suisse se sont retrouvés dans la tourmente, les valorisations d’acteurs tels que Everest Re, Hartford Financial Services ou encore NN Group sont basses.

Toujours dans le secteur financier, CBOE Global Markets affiche une valorisation plus élevée. Le groupe, qui exploite la Bourse de Chicago, mène une stratégie similaire à celle de Sage : en acquérant des concurrents, il gère un réseau mondial de sociétés facilitant la négociation de titres (places boursières, chambres de compensation). CBOE vend aussi les données financières que recueillent ses filiales. Outre son engagement à rendre son activité plus durable, le groupe facilite la cotation et la négociation d’un nombre croissant de titres durables.

Dans le secteur de la santé, le danois Novo Nordisk figure parmi les fleurons de 2023. Ce producteur bien établi de médicaments contre le diabète a dopé sa croissance en proposant, depuis quelques années, également des traitements contre l’obésité. Pour répondre à une demande augmentant plus rapidement que l’offre, Novo Nordisk investit massivement dans la construction de nouvelles usines. Après le bond de son action, l’entreprise est relativement onéreuse, mais elle dépasse systématiquement les attentes.

Citons par ailleurs le français Sodexo, qui avait beaucoup souffert de l’annulation des événements et de la fermeture des cantines d’entreprise pendant la crise sanitaire, mais s’est nettement redressé. Le leader mondial de la restauration collective s’est fixé pour objectif de réduire ses émissions de carbone de 34 % et son gaspillage alimentaire de 50 %. En outre, il met au coeur de ses priorités la diversité et l’inclusion de ses collaborateurs.

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