Donald Trump et le risque de crise de la dette
Tout le monde parle du risque de guerre commerciale, de la guerre en Ukraine, de l’Iran, etc., mais selon nous, le plus grand danger à venir, et qui passe bien trop inaperçu, est celui de la crise de la dette.
Il eût été vain, nous l’avons dit, de chercher, lors de la campagne électorale américaine, un candidat disposé à s’attaquer au déficit budgétaire et à l’augmentation du taux d’endettement. Aussi grave que soit le sujet, il a brillé par son absence, passant dès lors très largement par-dessus la tête des électeurs. Il en va du reste de même dans tout l’Occident, où des citoyens mécontents en appellent à l’Etat-providence. La réponse – populiste – consiste à distribuer de l’argent à tout-va pour éviter les troubles sociaux ; quant à la discipline budgétaire, il n’en est plus guère question depuis longtemps.
Donald Trump vient donc de se voir confier un deuxième mandat, or on connaît son manque total de retenue, y compris sur le plan financier. Ses nombreuses promesses, notamment fiscales, font craindre un nouveau gonflement de la dette. Avant le scrutin, le Fonds monétaire international (FMI) avait averti que le cap des 100.000 milliards de dollars de dette souveraine mondiale était sur le point d’être franchi. Selon les estimations de son Fiscal Monitor Report, le taux d’endettement planétaire (dette publique mondiale/PIB mondial) atteindra 100 % avant la fin de cette décennie. Dette des entreprises et des particuliers comprise, c’est à 330 % du PIB mondial qu’aboutissent les calculs de l’institution. Un chiffre qui donne le tournis et pourtant, les organisations internationales, comme le FMI et la Banque mondiale, prêchent dans le désert. Le bond (de 3,50 % il y a deux mois à 4,50 % aujourd’hui) du rendement des obligations américaines à 10 ans n’est, en revanche, pas passé inaperçu.
Vulnérabilité accrue
Avec sa politique fiscale ambitieuse, mais totalement dénuée de bon sens et donc, risquée, Donald Trump menace par conséquent d’accélérer encore le décompte menant à l’explosion finale. Mais les Etats-Unis ne sont pas les seuls en cause : si l’Union européenne s’en sort relativement mieux depuis la crise financière, elle n’a pas non plus de raisons de pavoiser – et la Belgique, qui compte parmi les plus mauvais élèves de la classe, encore moins. Quant aux pays émergents, Chine en tête, ils voient eux aussi leur taux d’endettement filer depuis plusieurs années.
Tout cela rend le monde vulnérable à la moindre crise économique ou géopolitique un peu sérieuse. A une crise qui, parce qu’elle inquiéterait réellement les marchés financiers, propulserait les taux d’emprunt vers le haut, comme ce fut le cas au début de la dernière décennie. Avec, à la clé, une crise de la dette.
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