Des ETF malins pour un portefeuille durable
Sur le marché des ETF, le segment socialement responsable se distingue par la vigueur de sa croissance. L’investisseur peut choisir d’y prendre des positions judicieusement diversifiées et peu onéreuses, ou de miser sur une tendance en particulier.
L’investissement durable peut revêtir maintes formes. La plus courante est celle qui exclut les entreprises aux activités nuisibles. Mais il est également possible d’acquérir des positions dans des entreprises qui se distinguent par la qualité de leurs politiques environnementale, humaine et sociétale, ou qui font le choix de contribuer à un changement durable. Il y a quelques années encore, l’étape suivante consistait à choisir entre actions et fonds activement gérés ; l’émergence des ETF durables a considérablement élargi le champ des possibles.
Répartition équilibrée
Les ETF sont une sorte de fonds d’investissement qui, au lieu d’essayer de battre un indice, en répliquent aussi étroitement que possible l’évolution – ce qui leur vaut d’être également désignés par ‘‘trackers’’. Le coût des ETF est nettement inférieur à celui des fonds activement gérés. L’année dernière, les ETF socialement responsables du monde entier ont enregistré pour 51 milliards de dollars de nouveaux actifs ; soit une hausse de 17 % des actifs investis dans ce segment, contre 9 % pour les ETF ordinaires.
Le VanEck Sustainable World Equal Weight UCITS ETF (code ISIN NL0010408704) est un de ces ETF durables. Il peut avantageusement se substituer à un fonds ou à un tracker ordinaire qui investit dans le monde entier. Mis sur le marché en mai 2013, il suit l’évolution du Solactive Sustainable World Equity Index mais contrairement à lui, il exclut de son périmètre d’investissement les entreprises qui exercent des activités liées à l’alcool, aux jeux d’argent et au tabac. Il investit dans les 250 entreprises affichant la capitalisation boursière la plus élevée qui respectent les principes du Pacte mondial des Nations unies. La contribution de l’Amérique du Nord, de l’Europe et de l’Asie est limitée à 100 entreprises ; toutes les actions ont la même pondération et un rééquilibrage est opéré à la fin du mois de février de chaque année.
Ces caractéristiques assurent au VanEck Sustainable World Equal Weight UCITS ETF une répartition plus équilibrée que celle des trackers qui répliquent l’évolution du MSCI AC World, au sein duquel les Etats-Unis pèsent 64 % et trois noms (Microsoft, Apple et NVIDIA), près de 11 % en tout. Dans l’ETF durable, ces chiffres s’élèvent à 40 % et à moins de 2 % respectivement. Ce tracker affiche les bonnes années des résultats légèrement inférieurs à ceux de l’indice mondial, mais compense cette différence les années moins fastes. Fixés à 0,2 %, ses frais sont un peu plus élevés que ceux des ETF traditionnels qui investissent dans le monde entier mais comme l’instrument est domicilié aux Pays-Bas, le dividende n’est pas imposé deux fois. Le dividende (2,1 % par an) est versé tous les trois mois.
Transition énergétique
Les ETF et autres instruments dont la politique d’investissement tient compte de facteurs socialement responsables relèvent du règlement sur la publication d’informations en matière de durabilité dans le secteur des services financiers (règlement dit SFDR, pour Sustainable Finance Disclosure Regulation). En plus, bien entendu, de viser un rendement ajusté au risque aussi élevé que possible, ils poursuivent des objectifs responsables précisément identifiés – celui, par exemple, qui consiste à passer des combustibles fossiles à des sources renouvelables, comme les énergies éolienne et solaire. Les actions de ce segment ont fortement progressé fin 2020-début 2021, avant de céder du terrain sous l’effet, entre autres, de l’envolée des taux d’intérêt, qui a compliqué l’obtention des financements pour les grands projets éoliens (offshore) et solaires. En rendant la concurrence plus rude, les retards ont pesé sur les marges.
Le calme est désormais revenu sur le marché des capitaux et les projets d’énergie verte redémarrent. Pour en profiter, l’investisseur peut par exemple miser sur le L&G Clean Energy UCITS ETF (code ISIN IE00BK5BCH80), qui réplique l’évolution de l’indice Solactive Clean Energy, composé d’une quarantaine d’entreprises telles que le fabricant d’éoliennes Vestas et le producteur de câbles Nexans. Après quelques exercices difficiles, ces sociétés devraient voir leur chiffre d’affaires et leurs marges se redresser cette année. Le portefeuille est principalement concentré sur l’Europe, dont la politique vise une transition énergétique relativement rapide. L’Europe représente plus de 50 % du portefeuille ; elle est suivie par le Japon (24 %) et par les Etats-Unis (16 %). Les frais de l’ETF sont fixés à 0,49 %. Le L&G Clean Energy UCITS ETF opte pour une stratégie de réplication physique, ce qui signifie qu’il achète chacune des actions dans lesquelles il investit, sans avoir recours à aucun produit dérivé.
Quotas d’émissions
Le WisdomTree Carbon ETF (code ISIN JE00BP2PWW32) suit l’évolution du prix des quotas d’émission de CO2 sur l’EU ETS. Plus grand système d’échange de quotas au monde, l’EU ETS recense quelque 10.000 entreprises européennes, responsables de près de la moitié des émissions du continent. Les entreprises doivent restituer un permis pour chaque tonne de CO2 qu’elles émettent. Près de la moitié des quotas sont attribués gratuitement, mais beaucoup par ailleurs sont vendus aux enchères. Comme le nombre de quotas gratuits ne cesse de diminuer, les prix augmentent considérablement ; un droit qui se négociait autour de 15 euros il y a quatre ans valait pour la première fois plus de 100 euros en février 2023. Ce qui incite les entreprises à réduire leurs émissions.
Les prix ont toutefois dégringolé après l’été 2023. En février de cette année, ils étaient à peine supérieurs à 50 euros, soit leur niveau le plus bas depuis juillet 2021. Il y a plusieurs explications à cette correction. D’abord, l’industrie européenne est depuis tout un temps en proie à des difficultés, de sorte que les activités de production rejettent moins de gaz à effet de serre. Ensuite, les capacités de production des énergies éolienne et solaire ne cessent de croître, ce qui entraîne un tassement des émissions dans le secteur de l’électricité. Enfin, la clémence de l’hiver a permis de réduire la consommation d’énergie par rapport à l’année précédente.
La forte diminution du prix des quotas est également due à l’intensification de l’offre. Six pour cent au bas mot de quotas seront vendus en plus en 2024 qu’en 2023, ce qui permettra notamment de libérer des fonds au profit du plan REPowerEU, qui vise à accélérer la transition écologique et à réduire la dépendance de l’Europe à l’égard du pétrole et du gaz russes. A terme, l’émission de droits sera même réduite plus fortement que prévu – 4,3 % en moins, chaque année, entre 2024 et 2027, puis davantage encore par la suite, contre un objectif initial de -2,2 % par an.
La Commission européenne tient fermement à atteindre ses objectifs climatiques. D’après la feuille de route Fit for 55, les émissions de CO2 devront être en 2030 inférieures de 55 % à celles de l’année de référence 2005. L’augmentation des prix des droits d’émission est à l’évidence une mesure efficace pour accélérer la transition énergétique. Ce qui joue en faveur du WisdomTree Carbon, un tracker qui a longtemps été recommandé, avant d’être un peu oublié. Mais au vu de la chute, de plus de 40 %, subie ces 12 derniers mois par son cours, la fenêtre d’entrée est intéressante. Il convient en outre de noter que le prix du CO2 est influencé par des facteurs autres que la Bourse, ce qui permet à l’ETF de réaliser un rendement raisonnable même quand les marchés marquent le pas.
Conclusion
Les ETF permettent de rendre les portefeuilles plus durables à peu de frais. Les possibilités sont nombreuses. Le VanEck Sustainable World Equal Weight UCITS ETF peut remplacer avantageusement un fonds ou un ETF mondial, tandis que le L&G Clean Energy UCITS ETF offre de miser sur une reprise dans le segment des énergies renouvelables. Enfin, le WisdomTree Carbon ETC est un excellent choix pour l’investisseur qui souhaite diversifier davantage son portefeuille et qui s’attend à voir le prix des quotas de carbone se redresser dans les années qui viennent.
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